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Covid-19 : ces conditions météo favoriseraient la transmission du virus

Photo d'illustration

L’étude distingue les conditions météorologiques les plus favorables à la propagation aérienne du Coronavirus.

La météo a-t-elle une influence sur la propagation du virus ? Mercredi sur RTL, le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, expliquait que “ce virus a une interaction avec le climat, avec à la fois la température et le degré d’humidité”.

Une étude relayée le lendemain par le ministre de la Santé Olivier Véran sur France 5 qui évoque “deux paramètres à prendre en compte : le taux humidité de l’air et la température”.

Les conditions météo qui limitent la propagation aérienne

Cette étude évoquée par les autorités de santé a été menée par Predict Services, et pointe du doigt le rôle que l’humidité et la température peuvent avoir sur la propagation aérienne du virus. L’étude s’est concentrée sur la propagation aéroportée du virus, par gouttelettes émises lorsque l’on parle par exemple.

L’étude montre plusieurs cas de figure qui limitent la propagation aérienne du virus :

  • Lorsqu'il fait froid et sec, les gouttelettes tombent au sol rapidement

  • S'il fait chaud et sec, elles s'évaporent

  • S'il fait chaud et humide, elles s'agglomèrent entre elles et tombent

  • Lorsqu'il pleut, la pluie a tendance à laver l'atmosphère et elles tombent au sol

Les conditions météo qui favorisent la propagation aérienne

En revanche, lorsque les températures se situent entre 0 et 8° et qu'il fait relativement humide, les gouttelettes restent longtemps en suspension, ce qui favorise la propagation aérienne du virus. Des conditions que l’on retrouve à la fin de l’automne et en hiver, en Europe. L’étude rétrospective menée selon les conditions météo à travers le monde et la propagation du virus semblent confirmer ce lien entre météo et transmission du virus.

En mars, au début de la pandémie le Massachusetts Institute of Technology (MIT) publie une étude sur l’épidémie, qui montre que ”90% des infections se produisent dans des régions où la température se situe entre 3 et 17 degrés, et où l'humidité absolue est de 4 à 9 grammes par mètre cube”. Une étude qui a incité Predict Services à se pencher d’encore plus près sur le sujet.

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Un indice basé sur la température et le taux d’humidité relative dans l’air

“À partir de cette étude, nous avons construit un index : l’IPTCC (Index Predict de Transmissivité Climatique de la COVID-19), basé sur la température et le taux d’humidité relative dans l’air, que l’on a alimenté grâce aux relevés de températures et d’humidité des stations de Météo France”, détaille Alix Roumagnac, président de Predict, entreprise filiale de Météo France.

Lorsque l’indice est vert, les conditions climatiques limitent la circulation aérienne du virus. A l’inverse, le violet indique des conditions extrêmement favorables à la propagation aérienne du virus.

Un lien entre humidité, température, et transmission du Covid-19

Une fois leur index établi, les chercheurs peuvent le comparer avec les données épidémiologiques, fournies par Santé Publique France, et remontent au mois de janvier. “Lors de la première vague, on constate que les zones les plus touchées par le virus, le Grand Est, l’Île-de-France et les Hauts-de-France, sont aussi celles où notre index est le plus élevé”, ajoute Alix Roumagnac. À l’inverse, en Bretagne, peu touchée, l’indicateur basé sur la température et le taux d’humidité relative dans l’air est faible.

L'indice mesurant la température et l'humidité dans l'air rapporté au nombre de morts par région, au 10 avril 2020. Crédit : Predict
L'indice mesurant la température et l'humidité dans l'air rapporté au nombre de morts par région, au 10 avril 2020. Crédit : Predict

Conscients d’avoir une piste, les chercheurs étendent leur comparaison à l’international, en débutant l’observation au mois de janvier. Les données de Santé publique France sont remplacées par celles de l’université Johns Hopkins, et celles de Météo France remplacées par les données météos de Copernicus.

Les pays les plus touchés sont ceux où les conditions favorisaient la transmission du virus

Les résultats sont sensiblement les mêmes que ceux observés en France, les zones les plus touchées par l’épidémie sont aussi celles où l’indicateur prenant en compte la température et le taux d’humidité est le plus élevé. “En mars, l’Espagne la France et l’Italie sont en violet, ce qui correspond à des conditions météo très favorables à la propagation du virus, et ce sont les pays les plus touchés en Europe. À l’inverse, l’index est jaune clair au Portugal, ce qui correspond à des conditions ne favorisant pas la propagation. Or, ce sont les pays les moins touchés par la première vague en Europe”, remarque Alix Roumagnac.

L'Index Predict de Transmissivité Climatique en mars 2020 à travers le monde. Crédit : Predict
L'Index Predict de Transmissivité Climatique en mars 2020 à travers le monde. Crédit : Predict

À une exception toutefois, le Brésil, en vert, où les conditions météo n’étaient pas favorables à la propagation du virus en février dernier. Pourtant le pays a été frappé par la pandémie. “On suppose que la tenue du carnaval de Rio mi-février, alors que le virus circulait, à favorisé la propagation malgré les conditions météo favorables. On suppose que le facteur humain, comme le respect des gestes barrière, est primordial, et que le facteur météo n’est que secondaire”, ajoute le président de Predicta.

Une étude à l’échelle mondiale

Si le constat fait à travers les pays semble intéressant, les chercheurs décident de poursuivre l’étude plusieurs mois avant d’en tirer des conclusions. De mai à début septembre en France, l’index est au vert, il n’y a pas de facteur météo favorisant la propagation du virus, et le nombre de cas reste faible.

À l’inverse, dans l’hémisphère sud où l’hiver s’installe, l’index s’aggrave, et les cas augmentent, notamment en Argentine, en Afrique du Sud et en Australie. Le Sud-Est de l’Australie vire au rouge voire au violet, ce qui correspond à l’Etat de Victoria, qui a dû se reconfiner durant l’été.

L'Index Predict de Transmissivité Climatique en juillet 2020 dans le monde. Crédit : Predict
L'Index Predict de Transmissivité Climatique en juillet 2020 dans le monde. Crédit : Predict

La deuxième vague en France

Les chercheurs affirment avoir vu la deuxième vague de contaminations arriver avec l’évolution de la météo. “L’arrivée de la tempête Alex début octobre a fait descendre de l’air froid d’Islande, avec des températures très inférieures aux moyennes dans le nord des Alpes, à Saint-Etienne.... 10 jours plus tard, on note une flambée du nombre de cas dans cette zone”.

Les cartes réalisées par les chercheurs montrent un Index Predict de Transmissivité Climatique particulièrement favorable à la transmission du virus en région Auvergne-Rhône Alpes, l’une des plus touchées par la deuxième vague.

L'Index Predict de Transmissivité Climatique en France, entre le 1er et le 20 octobre. Crédit : Predict
L'Index Predict de Transmissivité Climatique en France, entre le 1er et le 20 octobre. Crédit : Predict

Des cartes qui semblent donc suivre l’évolution de l’épidémie, en France comme dans le monde. “Il nous a semblé important de porter à la connaissance des autorités les résultats de ces travaux. Il est maintenant nécessaire de valider les analyses, de tester la robustesse de l’index, pour réfléchir à l’intérêt de l’utilisation potentielle de ces éléments”, ajoute le président de Predicta, qui s’est entretenu longuement avec Olivier Véran.

Vers un hiver compliqué ?

L’étude s’intéresse également à ce que pourrait être la situation dans les prochains mois, en calculant l’IPTCC de ces dernières années. Ainsi, pour les mois d’hiver, de décembre à février, “on constate un indice élevé sur l’Europe de l’Ouest, notamment entre le Royaume-Uni, la France et l’Espagne”, indiquent les auteurs de l’étude

L'Index Predict de Transmissivité Climatique de la COVID-19 de décembre à février, basé sur les moyennes de ces dernières années. Crédit : Predicta
L'Index Predict de Transmissivité Climatique de la COVID-19 de décembre à février, basé sur les moyennes de ces dernières années. Crédit : Predicta

À partir du mois d’avril, les conditions s’améliorent en Europe, la France apparaît en jaune; seul le Royaume-Uni fait encore face à des conditions très favorables à la propagation aérienne du virus. En mai, les conditions s’améliorent nettement sur l’ensemble du continent, la France oscillant entre vert au jaune.

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