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Covid-19 : comment rouvrir les écoles dès le 26 avril ?

Jusqu'au 26 avril, les cours se font à distance.

Emmanuel Macron semble vouloir rouvrir les écoles aux dates prévues quelle que soit la situation sanitaire en France.

Les écoles maternelle et primaire rouvriront le 26 avril, et les collèges et lycées le 3 mai. Auprès du Parisien, Emmanuel Macron rappelle cet objectif qu'il avait fixé lors de son allocution du 31 mars, et précise que cette réouverture "n'est pas conditionnée à des indicateurs sanitaires, parce que ces trois semaines d’absence physique de cours sont déjà un effort important”. Une manière de dire que les écoles rouvriront quelle que soit la situation, et qui évite au président de conditionner des mesures à un objectif chiffré, ce qui ne lui a pas réussi par le passé.

Si le retour en classe est attendu par beaucoup, enseignants, parents et élèves, l'objectif est d'éviter une nouvelle fermeture quelques semaines plus tard en cas de nouvelle flambée des contaminations. "Si les écoles ont dû fermer, c'est en raison de mesures défaillantes. Il faut profiter de cette fermeture pour réparer tout ce qui ne fonctionnait pas dans le protocole sanitaire", prône Michaël Rochoy, docteur en épidémiologie.

"Rouvrir dans les mêmes conditions qu'auparavant, cela n'a pas d'intérêt"

Le 26 avril, soit trois semaines après la fermeture des écoles, la situation sanitaire sera loin d'être parfaite malgré les mises en place. Le 1er avril, Olivier Véran évoquait un pic épidémique "d'ici sept à dix jours environ, si tout va bien", soit autour du 10 avril, et un pic en réanimation à la fin du mois. Lorsque les écoles rouvriront, les hôpitaux devraient atteindre leur pic en réanimation, et la circulation du virus, bien que sur une pente descendante, devrait être encore importante.

"Si on a fermé les écoles pour les rouvrir dans les mêmes conditions qu'auparavant, cela n'a pas d'intérêt. L'objectif doit être d'éviter que les enfants ne se contaminent et ramènent le virus à la maison et contribuent à refaire flamber l'épidémie ", détaille Michaël Rochoy, docteur en épidémiologie, qui souhaite que ces trois semaines de fermeture soient l'occasion d'adapter le protocole sanitaire.

Maintenir la fermeture des classes dès le 1er cas

Le 29 mars, pour la dernière semaine de cours avant la fermeture des écoles, le protocole avait été renforcé dans les 16 départements confinés. Avant cette date, les classes fermaient lorsque 3 cas de Covid-19 étaient confirmés ou bien un seul cas confirmé au variant "sud-africain" ou "brésilien".

Depuis, les classes ferment dès le 1er cas de Covid confirmé. Conséquence, le protocole plus restrictif a entraîné un triplement des fermetures des classes passant à 11 272 classes fermées contre 3 256 la semaine précédente avec l'ancien protocole. "Pour rouvrir les écoles de manière 'sécurisée', il faut déjà maintenir cette règle de la fermeture des classes dès le 1er cas. Mais seule, elle ne suffira pas", pointe Michaël Rochoy, qui met en avant différents points d'amélioration.

Des demi-jauges pour les collèges et lycées

"L'idée de traiter différemment les maternelles et primaire d'un côté, et collèges et lycées de l'autre est intéressante, avec une rentrée décalée d'une semaine. il faut poursuivre cette idée, en instaurant une demi-jauge dans tous les collèges et lycées, au moins dans les zones où le virus circule le plus, en maintenant les mesures de chômage partiel permettant aux parents de garder les enfants, surtout les plus jeunes en 6e et 5e par exemple", propose Michaël Rochoy.

Selon l'étude ComCor menée par l'Institut Pasteur, "avoir un enfant scolarisé représente un sur-risque d’infection pour les adultes, notamment ceux gardés par une assistante maternelle (+39%), et ceux qui vont au collège (+27%) et au lycée (+29%)", écrivent les auteurs de l'étude, qui notent une exception : "avoir un enfant scolarisé en primaire n’a pas été jusqu’à maintenant associé à un sur-risque d’infection pour les adultes vivant dans le même foyer". À noter toutefois que l'étude ne prend pas en compte l'effet variant, dont la présence a fortement évolué entre le début et la fin des observations.

Améliorer le protocole d'aération des écoles

Parmi les "défaillances majeures" du protocole sanitaire en vigueur pointées du doigt par Michaël Rochoy, le protocole d'aération, très insuffisant, et le manque de prise en compte du risque de contamination dans l'air. "Les écoles rouvriront fin avril début mai, il fera doux. Il faut réfléchir à une amélioration de l'aération : ouverture systématique des fenêtres, installation de capteurs de CO2, cantine en extérieur ou sous le préau quand c'est faisable, il existe de nombreuses solutions !", rappelle le docteur en épidémiologie, qui appelle aussi le ministre Blanquer à revenir sur le sport en intérieur, autorisé depuis le 19 mars, avec notamment la reprise des cours d'EPS en gymnase et en piscine.

Parmi les autres pistes évoquées pour sécuriser davantage les écoles, inciter les parents qui le peuvent à récupérer leurs enfants le midi pour éviter la contagion à la cantine ou encore la vaccination des enseignants comme public prioritaire, alors que la vaccination ne devrait pas être terminée avant la fin de l'année scolaire, selon les plans actuels du gouvernement. Une piste qui vise surtout à lutter contre l'absentéisme des professeurs, malades du Covid, et qui peut contribuer à surcharger d'autres classes.

Lors de la réouverture des écoles prévue fin avril début mai, il ne restera que deux mois de cours environ, coupés par plusieurs jours fériés. "Même si le virus circule fortement on imagine mal Emmanuel Macron décider d'une nouvelle fermeture des écoles avant juillet. L'école devra sans doute tenir quoi qu'il arrive, donc autant la sécuriser le plus possible et déjà anticiper la rentrée de septembre", souhaite le docteur en épidémiologie, qui appelle le ministère de l'Education nationale à réfléchir aux travaux à réaliser durant l'été pour améliorer l'aération des bâtiments.

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