Covid-19: Blanquer relaye une parodie de Pink Floyd pour soutenir le maintien des écoles ouvertes

Le ministre de l'Education Jean-Michel Balquer dans une classe d'éciole primaire à la Ferté-Milon (Aisne), le 26 mars 2021 - FRANCOIS LO PRESTI © 2019 AFP
Le ministre de l'Education Jean-Michel Balquer dans une classe d'éciole primaire à la Ferté-Milon (Aisne), le 26 mars 2021 - FRANCOIS LO PRESTI © 2019 AFP

Peut-être trouvera-t-il un peu d'indulgence auprès des profs d'anglais et de musique. Ce lundi matin, la chose paraît pourtant bien incertaine. Dimanche soir, Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, a en tout cas agacé l'opposition et les syndicats enseignants en partageant sur son compte Twitter une vidéo originellement tournée en Californie, sans autre explication. Le choix du morceau comme le propos défendu ont visiblement heurté.

À des professeurs qui se sentent laissés pour compte devant la troisième vague du Covid-19, le ministre a proposé une parodie musicale réclamant le maintien des écoles ouvertes. Et tandis que certains soignants assurent depuis des semaines que l'insuffisance des mesures mises en place envoie le pays "dans le mur", il a choisi une chanson parodiant l'un des titres les plus connus de l'album The Wall de Pink Floyd: Another Brick In The Wall, Part 2. (Une Brique de Plus dans le Mur, deuxième partie en français), rebaptisé ici pour la cause Another Window on Zoom (Une Fenêtre de Plus sur Zoom).

Les paroles de la discorde

Si dans la version originale, le bassiste et chanteur de Pink Floyd, Roger Waters, disait tout le mal qu'il pensait de la vie dans les écoles et pensionnats britanniques, il s'agit ici de prôner le retour ou le maintien à tous prix des leçons à l'intérieur des établissements scolaires malgré la situation sanitaire.

"On déteste l’éducation en ligne / On a vraiment l’impression d’avoir perdu le contrôle / On ne se rappelle plus les maths et la physique / Si seulement ils nous laissaient tranquilles / Hey les gens, ramenez-les à l’école / Rester à la maison si longtemps, c’est si injuste et si cruel", chante d'abord, en anglais, un collectif d'adultes.

Puis, cette fois comme dans la chanson enregistrée en studio par le groupe de rock progressif, vient le tour d'un chœur d'enfants de s'époumoner: "On a juste besoin d’apprendre en chair et en os / On ne peut pas être sur internet toute la journée / On veut voir nos copains à l’école / On ne peut plus rester à la maison / Hey les gens, ramenez-nous à l'école / Au bout du compte, on n’est qu’une fenêtre de plus sur Zoom."

Les profs n'ont pas envie de rire

Rien de tout ça n'a vraiment fait rire les premiers concernés. Le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, a répliqué par une vidéo compilant les "ordres, contre-ordres, approximations" du ministère de l'Éducation nationale depuis un an sur le sujet de l'épidémie.

Le collectif des Stylos rouges, qui demande l'amélioration des moyens alloués aux professeurs, a lui aussi dit le fond de sa pensée sur Twitter. "Après avoir refusé d'investir le moindre euro pour sécuriser les écoles, bidouillé les chiffres de contamination, allégé 3 fois le protocole sanitaire, Jean-Michel Blanquer rejette le distanciel sans le moindre argument en balançant une vidéo comme un vulgaire troll. LA HONTE!" ont-ils écrit.

Jean-Rémi Girard, président du Syndicat national des lycées et collèges (SNALC), a glissé: "On est d'accord que toute autre explication que 'son compte a été piraté' n'est pas imaginable ?"

Kundera à la rescousse

Une partie de la classe politique s'est elle aussi signalée. Olivier Faure, député élu en Seine-et-Marne et premier secrétaire du Parti socialiste, a ainsi estimé: "Partout les enseignants, les directeurs d’établissements, les maires se démènent entre ordres et contre ordres. Le virus est à son plus haut depuis la 2e vague et Blanquer fait mumuse sur YouTube pendant que les parents angoissent". Le tout sous une citation reprenant le titre d'un roman de Milan Kundera: "L'insoutenable légèreté de l'être".

3256 classes déjà fermées vendredi

Qu'on préfère les références à Milan Kundera ou les détournements de Pink Floyd, les cours à distance semblent cependant destinés à se multiplier dans les semaines à venir.

En effet, à partir de ce lundi, il suffira d'un seul cas de Covid-19 détecté dans une classe pour la fermer toute entière dans les dix-neuf départements soumis à des restrictions renforcées. Appelé à réagir à ce sujet devant nos caméras, Olivier Beaufrère, proviseur du lycée Louis-Armand à Yerres, dans l’Essonne, a posé: "On s’attend à ce que 2, 3 à 4 fois plus de classes ferment".

Au vendredi 26 mars, et selon des chiffres livrés par le ministère de l'Éducation nationale lui-même, on recensait déjà 3256 classes fermées en France.

Article original publié sur BFMTV.com