Covid-19 - Arthur, restaurateur à Marseille : "Ils sont en train de flinguer toute une profession"

A Marseille, l'annonce de la fermeture des restaurants et des bars a fait l'effet d'une bombe...

L'annonce de la fermeture, dès samedi, des bars et des restaurants à Marseille pour au moins 15 jours a provoqué la consternation et la colère de nombreux restaurateurs de la cité phocéenne. Parmi eux, certains entendent continuer à ouvrir, et appellent à l'union sacrée. Témoignage.

Depuis mercredi soir, à Marseille, l'heure est à la colère. La mesure, annoncée par le ministre de la Santé Olivier Véran, de fermer pendant 15 jours les bars et les restaurants de la ville pour contenir l'épidémie de Covid-19, ne passe pas. Vraiment pas. Si certains restaurateurs, déjà traumatisés par les 3 mois de fermeture de la période mars-avril-mai, semblent totalement résignés, d'autres sont bien décidés à ne pas se laisser faire afin de sauver leur profession.

C'est le cas d'Arthur, patron du Mariole, un restaurant italien à la mode en plein centre-ville de Marseille. "Je suis vraiment prêt à aller contre cette mesure et à rester ouvert, confie-t-il. Mais pour cela, il faut que tous les restaurateurs soient unis et décident de rester ouverts en même temps. Il faut une union, une cohésion, il faut qu'on parvienne à créer un mouvement, qu'on se structure. Connaissant la mentalité des Marseillais, il est impensable qu'on se laisse faire, et qu'on reste dans cette forme de soumission".

"Il n'y a pas plus de risque d'aller au restaurant que d'aller à la piscine ou au cinéma"

Pour Arthur, qui avait redressé la barre depuis cet été et dont le restaurant n'avait "jamais aussi bien marché" depuis son ouverture en 2018, la mesure annoncée par Olivier Véran est totalement incohérente. "Je suis très en colère contre ceux qui nous gouvernent et prennent des décisions depuis Paris sans rien savoir de ce qui se passe à Marseille, explique-t-il. Si tu réfléchis de manière rationnelle, tu ne peux pas comprendre que les restaurants soient stigmatisés à ce point. Nous ici, on fait tout pour que les gestes barrières soient respectés, tu ne peux pas entrer dans le restaurant sans masque, et il y a du gel sur toutes les tables. Il n'y a donc pas plus de risque d'aller au restaurant que d'aller à la piscine ou au cinéma".

"Je n'ai jamais été un adepte des théories du complot, et d'ailleurs, ça me gêne beaucoup d'entendre la voix des complotistes lorsqu'il y a un attentat ou un autre évènement important, mais là pour la première fois de ma vie, face à ce flot d'incohérences dans les décisions prises par les autorités, je me dis qu'il y a quelque chose de bizarre, poursuit le jeune patron marseillais. C'est une intime conviction. Je pense que Marseille est dans le collimateur du gouvernement. Il y a un vrai antagonisme entre Paris et le Sud depuis le début de la crise, polarisé notamment par Didier Raoult et son IHU".

"Ils sont en train de flinguer toute une profession et c'est intolérable"

En attendant une éventuelle rébellion collective des restaurateurs marseillais, Arthur, qui emploie 6 personnes dans son restaurant, semble encore sous le choc et redoute cette deuxième fermeture de l’année. "C'est un coup très difficile à encaisser, peste-t-il. Ils sont en train de flinguer toute une profession et c'est intolérable. On le prend très mal. Certes, il y a les restaurants, les bars et leurs employés, mais il y a aussi les fournisseurs, les primeurs et tous ceux qui gravitent autour qui vont être impactés. Sans aller jusqu'à la dépression, j'ai très mal vécu la première fermeture de mars-avril-mai. Si l'État multiplie les restrictions et éventuellement reconfine, je pense que beaucoup de gens ne tiendront pas le choc, ça va devenir très dangereux pour le mental des Français".

Les personnalités politiques marseillaises évoquent des mesures "irrationnelles"

Pour éviter d'imploser psychologiquement, Arthur et les autres restaurateurs et propriétaires de bars pourront compter sur le soutien de leurs élus locaux, à commencer par la maire écologiste de la ville, Michèle Rubirola. Cette dernière a fait part de sa colère mercredi soir en twittant qu'elle n'acceptait pas que "les Marseillais soient victimes de décisions politiques que personne ne peut comprendre".

Jeudi matin, son premier adjoint Benoît Payan a pris la parole pour demander un délai de 10 jours au gouvernement - refusé -, évoquant "un affront" et des mesures "irrationnelles" qui s’apparentent à de "la politique spectacle". D'autres personnalités politiques du Sud, comme Martine Vassal ou Renaud Muselier, ont également fait part de leur consternation et de leur désaccord avec Paris.