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Covid-19: à l'aube d'un 3e confinement, la santé psychique des Français inquiète

Une femme attendant le métro à Paris, le 27 mars 2020. - JOEL SAGET / AFP
Une femme attendant le métro à Paris, le 27 mars 2020. - JOEL SAGET / AFP

Confinement, couvre-feu, reconfinement avant un nouveau couvre-feu, désormais abaissé à 18 heures. Depuis près d'un an, les mesures de restriction sanitaires se suivent et se ressemblent pour tenter d'endiguer la pandémie de coronavirus. Un ballet qui pourrait se voir rejoint sous peu par un troisième confinement, à l'aune de l'apparition de variants du Covid-19.

Des mesures dont l'acceptation par les Français semble marquer sensiblement le pas, et qui suscitent l'inquiétude chez les professionnels de santé psychologique et psychiatrique.

Ces derniers jours, alors qu'enflait la rumeur d'un troisième confinement imminent, qui n'a, tout du moins pour l'heure, pas été annoncé, les mots-clés #jenemeconfinerai pas et #JeNeMeReconfineraiPas ont respectivement été utilisés 53.924 fois et 18.539 fois sur les réseaux sociaux, donnant une clé de lecture parmi d'autres de l'air du temps.

Des hashtags qui peuvent laisser craindre une contestation importante, alors que les mesures de confinement ont à ce jour été plutôt respectées et acceptées par une majorité de la population.

Ménager la population

Pour le Pr Nicolas Franck, psychiatre et chef de pôle au centre hospitalier Le Vinatier , à Bron (Rhône), les Français supporteraient "mal" un troisième confinement en moins d'une année, expliquait-il ce lundi sur BFMTV.

"On a constaté une altération de leur bien-être mental dès le premier confinement, dès mars 2020", note le psychiatre, auteur de Covid-19 et détresse psychologique, l'odyssée du confinement (Odile Jacob). "Quand on subit des choses aussi difficiles, des choses aussi inconfortables et plus qu'inconfortables pour une partie d'entre nous, il y a deux solutions: soit la révolte (...) soit la résignation, et dans la résignation vous avez l'effondrement mental donc je crains que beaucoup de personnes soient dans une souffrance très marquée, au-delà du mal-être", avance Nicolas Franck.

Pour tenter d'atténuer les effets néfastes du confinement, le médecin suggère d'associer davantage la population à la réflexion autour de ces mesures. Pour lui, le plus difficile réside dans la réduction des contacts sociaux ainsi que celle de la liberté de circulation, souligne-t-il.

Renforcer la communication

"Les deux premiers (confinements) ont déjà fait des dégâts, je vois énormément de gens venir en psychiatrie qui n'avaient jamais vu de psychiatre ou de psychologue de leur vie. Nos centres de consultations ne peuvent pas répondre au téléphone, ça sonne en permanence... On est complètement débordés et dans toutes les villes de France, c'est la même chose", s'alarme le psychiatre, qui souligne que ce phénomène n'est pour lui que la partie émergée de l'iceberg. "Et on a affaire qu'aux personnes qui sont capables de demander de l'aide", alors que d'autres "vont continuer à souffrir chez eux".

Au même titre que les campagnes de communication sur le Covid-19 et l'importance des gestes barrières, Nicolas Franck prône de réaliser une telle opération au sujet de la santé mentale. Cela fait de longs mois que les professionnels de santé mentale s'inquiètent de la possibilité d'une "troisième vague psychiatrique" dans le cadre de la pandémie.

Fin novembre, lors du deuxième confinement, un sondage réalisé par Odoxa-CGI pour France Bleu et franceinfo soulignait que 32% des Français se sentaient déprimés, avec des niveaux particulièrement inquiétants chez les jeunes de moins de 25 ans et les étudiants. Ces derniers se disaient déprimés à 53%.

Atmosphère pesante

Dans ce contexte, l'atmosphère morose pourrait aussi devenir électrique. Au cours du week-end écoulé, aux Pays-Bas, des manifestations contre le couvre-feu entré en vigueur samedi se sont déroulées, marquées par des heurts avec la police ainsi que des pillages dans plusieurs villes.

Au Danemark, la police a arrêté trois personnes suspectées d'avoir incendié un mannequin à l'effigie de la Première ministre lors d'une manifestation samedi soir à Copenhague. À Madrid, en Espagne, des milliers de personnes ont aussi manifesté samedi, dénonçant la "tromperie" d'un virus qui, selon certains manifestants, "n'existe pas".

Article original publié sur BFMTV.com