Sous le couvercle

L’hiver 1967-1968 , la France vit en paix mais elle «s’ennuie», écrit Viansson-Ponté. Reléguée au rang de puissance moyenne, elle cherche sa place sur le marché mondial. Oubliant de répondre aux attentes d’une population métamorphosée par le boom démographique de l’après-guerre.

Un quotidien, son nom l’indique, parle du jour présent et les limites d’un article de presse ne permettent guère d’approfondir. Quand il s’agit, de surcroît, du quasi-journal officiel qu’est le Monde, il faut s’attendre à ce que les faits soient tenus à distance, élégamment édulcorés. C’est le cas du tableau de la France que dressait, voilà cinquante ans, Pierre Viansson-Ponté dans un papier - «Quand la France s’ennuie» -auquel les événements qui ont suivi ont rétroactivement conféré d’inoubliables échos.

On s’ennuie quand on n’a rien d’intéressant à faire. Or, le divorce est à peu près consommé, dès le milieu des années 60, entre un état de choses hérité d’un très ancien passé et les attentes d’une population transfigurée par le boom démographique de l’immédiat après-guerre et les bouleversements morphologiques consécutifs au conflit.

Inconséquence

Le fait majeur - Viansson-Ponté y fait allusion -, c’est la disparition accélérée, dramatique, de la petite paysannerie qui formait, depuis le fond des âges, le corps de la nation et le collectif de travail. Le pays lui doit quelques traits majeurs de sa physionomie, prédominance de l’agriculture, forte autosubsistance, défiance, d’inspiration catholique, peut-être, à l’égard de l’économie en vue du profit, de la finance avec, en contrepartie, un art de vivre, des raffinements, un goût des choses qui ont frappé voisins et visiteurs. Le comble de la félicité, selon un proverbe allemand, serait celui que goûte Dieu en France et c’est un Américain, Hemingway, qui a écrit que Paris était une fête.

Il n’y a pas trente ans, en 1968, que la France vit en paix mais six, seulement. La guerre, qui avait son repaire en Europe depuis la fin du Moyen Age, a (...)

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