Quand les coutumes dégénèrent en Autriche : des blessés lors des défilés des Krampus
En Autriche et dans certaines régions d'Allemagne, Saint Nicolas, qui vient le 6 décembre, est accompagné du Krampus. Saint Nicolas offre des cadeaux aux enfants qui ont été sages pendant l'année. Ceux qui ne l'ont pas été sont punis par son redoutable compagnon et sa baguette. L'apparence de Krampus ressemble à celle d'un diable, avec des cornes et des chaînes, et a des racines mythologiques. Il évoque le souvenir de la représentation de Lucifer, l'ange déchu.
Pour célébrer cette tradition, des courses de Krampus et de Perchten ont lieu chaque année en Autriche et dans le sud de la Bavière. Lors de ces défilés, les membres de l'association Krampus parcourent le centre-ville en effrayant le public et en attirant parfois des spectateurs et spectatrices qu'ils frappent ensuite avec leur canne. Selon un article du Zeit datant de 2019, les Krampus sont soumis à des règles : les cannes doivent être faites de branchages, les coups ne peuvent être portés qu'en dessous des genoux et il ne faut pas frapper trop fort, car cela est interdit aussi bien par le code pénal que par le code Krampus. Pourtant, les incidents sont fréquents. Ce fut le cas cette année.
Plusieurs incidents violents lors de défilés de Krampus
Selon les médias, de violents incidents ont déjà eu lieu en Autriche avant le premier week-end de l'Avent. Mercredi dernier, la ronde des Krampus a dégénéré à Zams, dans le Tyrol, et s'est terminée par une bagarre collective impliquant une cinquantaine de personnes. Huit badauds ont été blessés au cours de la bagarre des Krampus.
Selon un rapport de la police tyrolienne, une jeune femme de 22 ans a été frappée si fort avec une canne en bois lors d'un défilé à Imst ce samedi qu'elle a dû être hospitalisée. Sous l'effet des coups, sa main gauche a tellement enflé qu'elle ne pouvait plus bouger complètement ses doigts. La police recherche l'inconnu et mène une enquête.
Le même jour, une femme de 51 ans a failli se faire arracher le bout du majeur de la main gauche à Anras, dans le Tyrol oriental. La police a signalé que "la victime s'est prise la main gauche dans le point de jonction d'une barrière, tandis que la barrière était déplacée dans un sens et dans l'autre par elle et un Krampus". Après avoir reçu les premiers soins, la femme a été transportée à l'hôpital du district de Lienz.
Des Krampus ont également été blessés
Jusqu'à présent, ce ne sont pas seulement les spectateurs qui ont été blessés lors des défilés de Krampus, mais aussi les acteurs eux-mêmes. Le Standard rapporte ainsi que plusieurs agressions ont eu lieu lors de défilés en Carinthie, au cours desquelles quatre personnes déguisées ont été blessées. L'un d'entre eux a même perdu connaissance.
Lors d'autres défilés, il y a eu des incidents au cours desquels des participants ont secoué les cornes du masque ou ont frappé sur le masque, causant des blessures aux personnes déguisées.
La violence contre les femmes déguisée en tradition et en coutume ?
Il n'y a pas qu'en Autriche que l'on discute actuellement de la tradition et des coutumes. Un reportage du magazine ARD "Panorama - die Reporter",diffusé ce week-end, a mis en lumière la coutume dite du "Klaasohm" sur l'île de Borkum en mer du Nord, qui a lieu chaque année le 5 décembre.
Organisée par l'association "Borkumer Jungens", des hommes portant des masques de fourrure et des cornes, accompagnés d'assistants et d'un "Wiefke", un homme habillé en femme, parcourent les rues, font la fête et cherchent des jeunes femmes. Celles-ci sont retenues pour que les hommes déguisés puissent les frapper sur les fesses avec des cornes de vache. Tout cela est accompagné des applaudissements des spectateurs.
La NDR rapporte que cette fête est "identitaire" pour de nombreux habitants de l'île. Mais les femmes concernées racontent des expériences douloureuses et humiliantes. Certaines se sentent obligées de participer à la tradition, d'autres tentent de se soustraire à la fête. En outre, des agressions ont été rapportées au cours desquelles des femmes ont été retenues par des assistants et battues en public.
Malgré toutes les critiques, 200 femmes ont toutefois protesté à Borkum pour le maintien de cette coutume. Elles ont soufflé dans des cornes de vache et ont tenu une bannière sur laquelle on pouvait lire : "Nous ne nous laisserons pas détruire la fête de Klaasohm".
Désormais, la fête devra toutefois se dérouler sans violence envers les femmes. Un porte-parole de la police a confirmé que de nombreuses forces de police accompagneraient cette coutume controversée jeudi prochain.