"La course a changé" : comment la candidature de Kamala Harris a bouleversé les plans de Donald Trump
Pendant des mois, Donald Trump tablait sur une victoire éclatante face à Joe Biden. L'entrée en scène de Kamala Harris, qui a ressuscité les espoirs du camp démocrate, a bouleversé sa stratégie.
Il y a d'un côté l'affichage, les déclarations publiques, et de l'autre ce qui se passe en coulisses. Officiellement, Donald Trump se réjouit de livrer bataille contre Kamala Harris et non face à Joe Biden pour l'élection présidentielle. "On nous a donné Joe Biden et maintenant on nous donne quelqu'un d'autre. Et je pense franchement que je préfère me présenter contre ce quelqu'un d'autre", a assuré jeudi 8 août l'ancien président américain lors d'une conférence de presse donnée depuis sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride.
En réalité, le candidat républicain et son équipe de campagne sont sous pression pour revoir leur stratégie et endiguer la dynamique de la démocrate, en nette progression dans les sondages depuis qu'elle a remplacé Joe Biden il y a près de trois semaines. Interrogé par Reuters, Corey Lewandovski, l'un des directeurs de la campagne de Donald Trump en 2016, en convient: "La course a changé."
Un recentrage sur les États les plus cruciaux
Cette "course", les conseillers de Donald Trump pensaient l'emporter largement face à un Joe Biden affaibli par les doutes sur son âge et sur sa santé. Ils comptaient même pouvoir disputer au démocrate des États qui ne sont pas tombés dans l'escarcelle des républicains depuis des décennies.
"Nous avons diffusé des publicités dans tous les États clés et nous avons élargi la carte afin d'inclure des États traditionnellement acquis aux démocrates comme le Minnesota et la Virginie", a expliqué la porte-parole du parti républicain Anna Kelly.
L'emporter dans des États tels que le Minnesota et la Virginie apparaît en fait presque inatteignable pour les troupes de Donald Trump.
"Il n'y a plus aucune raison de parler d'endroits comme le New Jersey", résume un membre de l'équipe de campagne à Reuters.
Désormais, tous les efforts sont concentrés sur la Pennsylvanie, la Géorgie et les autres États où le résultat du scrutin est beaucoup plus incertain.
Ce n'était donc pas une surprise de voir Donald Trump en Géorgie samedi dernier, avec la tenue d'un meeting à Atlanta. Selon plusieurs sources au sein de la campagne de Donald Trump, son colistier J.D. Vance devrait pour sa part passer beaucoup plus de temps dans les zones rurales et conservatrices des États de la "Rust Belt", par exemple le Michigan et la Pennsylvanie. J.D. Vance est lui-même originaire de cette région marquée par le déclin industriel.
Trump derrière dans la course de fonds
Les républicains ont aussi dû revoir leur copie sur un autre front, crucial dans toute campagne électorale américaine: les publicités, en particulier celles pointant les faiblesses de son opposant. Les spots anti-Kamala Harris ont eu du retard à l'allumage, un problème dû notamment au fait que la campagne de Donald Trump souhaitait d'abord connaître l'identité du colistier de la démocrate, qui s'est révélé être le gouverneur du Minnesota Tim Walz.
Pour inonder les écrans de publicités, encore faut-il disposer des moyens nécessaires. En la matière, l'équipe de Donald Trump accuse aussi un handicap face à Kamala Harris. Alors qu'il distançait largement Joe Biden pour ce qui est des levées de fonds, l'ex-président des États-Unis se trouve maintenant surclassé par la démocrate, avec 310 millions de dollars récoltés par cette dernière en juillet contre 170 millions de dollars pour Trump, souligne le Washington Post.
Conséquence directe, les républicains ont beaucoup moins dépensé que leurs adversaires dans la diffusion de publicités dans les États clés sur les cinq premiers jours d'août: 16,5 millions de dollars contre 23 millions de dollars pour le camp de Kamala Harris, rapporte AdImpact.
Enfin, de tous les virages opérés ces derniers temps par Donald Trump, sa volonté de débattre à plusieurs reprises face à Kamala Harris n'est pas le moindre. Lui qui semblait tant rechigner à en découdre directement jusqu'ici a choisi de tripler la mise jeudi. Non seulement il a accepté de participer à un duel sur ABC le 10 septembre, mais il a aussi proposé deux autres dates: le 4 septembre sur Fox News et le 25 septembre sur NBC. Kamala Harris a confirmé qu'elle serait de la partie le 10 septembre. Sans faire le moindre commentaire sur les deux autres rendez-vous évoqués par son challenger.