Courir sans s’afficher sur les réseaux sociaux, est-ce vraiment courir ?

Les groupes de runneurs ne datent pas d’hier, constate le magazine National Geographic. Le premier connu, le Thames Hare and Hounds, a été créé à Londres en 1868. Depuis, ils n’ont cessé de se multiplier. Surtout depuis quelques années, à la faveur de l’avènement des réseaux sociaux. “Ces plateformes permettent aux coureurs d’entrer en contact, d’organiser des événements et de suivre leurs progrès, ce qui rend la course plus accessible et plus inclusive.”

Mais ces réseaux sociaux et autres applications n’apportent-ils que des bienfaits ? Dans un article paru en janvier et intitulé “Avec Strava, plus personne ne court seul et c’est là le problème”, la journaliste Christianna Silva émettait sur le site Mashable de sérieux doutes. Strava est l’application par excellence des coureurs (elle revendique 100 millions d’utilisateurs dans 190 pays). Chacun y télécharge ses runs, ses temps, ses RP (records personnels) et espère, en retour, des kudos, des félicitations.

Acheter des courses à autrui pour parader sur Strava

Christianna Silva raconte comment elle s’est préparée pour le marathon de New York. Un jour de sortie longue, il pleuvait des cordes. “Ce n’était pas agréable, bien sûr, mais le plus grand raté de ma course n’a pas été provoqué par mes jambes, mes chaussures ou mon manque d’équipement de pluie – ça a été un raté technologique.” Ses écouteurs, puis son téléphone, et enfin son Apple Watch ont pris l’eau. Au 27e kilomètre, elle s’en est rendu compte. “Je me suis arrêtée net et j’ai pleuré”, confesse-t-elle. Tous ceux qui, comme elle, s’étaient fixé de parcourir cette longue distance “devaient savoir que je l’avais fait aussi. Il fallait qu’ils le sachent, sinon, est-ce que ça comptait vraiment ?”

De fait, la devise associée à l’application n’est-elle pas : “Si ce n’est pas sur Strava, ça n’a pas eu lieu” ? En d’autres termes, sans trace sur les réseaux sociaux, un footing, une séance de fractionné ou une course existent-ils ? Cette pression, reconnaît Christianna Silva, peut inciter à se dépasser. “Mais elle peut aussi engendrer un environnement dépourvu de joie qui repose sur la comparaison et finit par transformer les séances personnelles en représentations destinées à être validées publiquement.” Et d’ajouter :

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