Coupe du monde de rugby 2023 : l’arbitrage, grand perdant du Mondial organisé en France

Particulièrement visé pendant la Coupe du monde, Ben O’Keeffe avait été ciblé indirectement par Antoine Dupont, qui jugeait que l’arbitrage du quart de finale France-Afrique du Sud n’était pas au niveau de l’enjeu.
FRANCK FIFE / AFP Particulièrement visé pendant la Coupe du monde, Ben O’Keeffe avait été ciblé indirectement par Antoine Dupont, qui jugeait que l’arbitrage du quart de finale France-Afrique du Sud n’était pas au niveau de l’enjeu.

COUPE DU MONDE DE RUBGY - Les arbitres n’ont-ils pas été suffisamment respectés durant le Mondial organisé en France ? La question mérite d’être posée avant la finale de la Coupe du monde entre la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud ce samedi 28 octobre au Stade de France.

En effet, la liste des critiques contre l’arbitrage risque encore de s’allonger avec ce dernier match qui conclura sept semaines de compétition où les griefs contre l’arbitrage ont été plus nombreux que d’ordinaire, dans un sport où le respect de l’arbitre est pourtant une condition sine qua non.

Fronde inédite

À l’issue du match Angleterre-Samoa remporté par les Anglais le 7 octobre, l’une des premières vraies critiques de ce Mondial avait été lâchée par Seilala Mapusu, entraîneur des Samoas. Il parlait alors d’un « préjugé inconscient » des arbitres qui défavoriserait, selon lui, les nations du Pacifique.

Une semaine plus tard, c’était au tour d’Antoine Dupont de s’en prendre à l’arbitrage après la défaite française en quart de finale. Le maître à jouer des Bleus avait jugé que l’arbitrage de Ben O’Keeffe n’était pas « au niveau de l’enjeu ».

Si l’émotion et la désillusion étaient fortes chez les supporters français qui rêvaient d’aller plus loin lors de ce Mondial organisé à domicile, rien ne justifiait le harcèlement et les menaces de mort reçues par l’arbitre néo-zélandais sur ses réseaux sociaux après ce match.

Également arbitrée par Ben O’Keeffe, la demi-finale Angleterre-Afrique du Sud quelques jours plus tard avait provoqué une nouvelle polémique et de vives critiques contre l’arbitrage après une suspicion d’insulte raciste d’un joueur sud-africain contre un adversaire anglais et une pénalité (gracieusement) accordée aux Boks en fin de match.

Finale à haut risque

Ce samedi soir, l’arbitre anglais Wayne Barnes aura fort à faire et il sera forcément scruté de près en raison de son passif avec les deux nations finalistes et de retrouvailles singulières avec l’équipe d’Afrique du Sud.

Au Mondial 2007, c’est lui qui avait arbitré le quart de finale France-Nouvelle-Zélande. Un match remporté par les Bleus, bien aidés par l’arbitrage. Wayne Barnes avait alors été menacé physiquement par des supporters des All Blacks et sa mort avait même été annoncée sur Wikipédia. De quoi obliger l’arbitre à finir la compétition escorté de gardes du corps.

De leur côté, les Sud-africains n’étaient pas passés loin d’envoyer l’arbitre professionnel en retraite anticipé lors d’un France-Afrique du Sud particulièrement rugueux fin 2022. Comme le rappelle le Telegraph, Rassie Erasmus, déjà entraîneur des Springboks à l’époque, avait largement dénigré les décisions de Wayne Barnes après la rencontre par le biais d’une série de vidéos ironiques postées en ligne. Ce qui avait déclenché une vague de haine sans précédent contre l’arbitre.

À tel point que sa femme et ses enfants avaient été menacés de « violences sexuelles ». De quoi pousser l’arbitre à sérieusement envisager sa retraite internationale, avant de se raviser.

Mais pour certains, l’arbitre voit aussi son autorité mise à mal par l’arrivée d’une nouvelle réglementation concernant les cartons jaunes et rouges. Cette règle, c’est celle du « bunker », une assistance extérieure à disposition de l’arbitre qui lui permet d’éviter de dégainer un carton rouge trop rapidement par exemple.

Mais cette méthode a pour effet pervers de le déresponsabiliser de certaines décisions (désormais tranchées par des arbitres vidéos loin du stade). Et donc de son réduire l’autorité naturelle sur le terrain.

Crise de l’arbitrage

D’ailleurs, la critique facile contre les arbitres a déjà des conséquences visibles. Après dix jours de polémiques incessantes sur les décisions de Ben O’Keeffe lors du quart de finale de la France, le président de la FFR était monté au créneau face au dénigrement des arbitres.

« L’arbitre est, comme un joueur, faillible », rappelait ainsi Florian Grill sur Facebook. Dire « du mal des arbitres », c’est « ouvrir cette boîte de Pandore, c’est prendre le risque de ne plus en avoir, car ils n’iront plus sur les terrains », prédisait-il, après avoir lui-même critiqué l’arbitrage du quart de finale de la France dans un rapport à World Rugby.

Le problème n’est d’ailleurs pas inhérent à la France, comme le mentionne le Guardian, rappelant que les syndicats d’arbitres d’Angleterre, de Nouvelle-Zélande et d’Australie ont tous lancé des campagnes de recrutement depuis deux ans pour endiguer la baisse drastique dans le secteur de l’arbitrage.

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