Coup de frein à l'inflation dans la zone euro à 0,7% sur un an

COUP DE FREIN À L'INFLATION DANS LA ZONE EURO À 0,7% SUR UN AN

BRUXELLES (Reuters) - L'inflation dans la zone euro a fortement ralenti en mars, montre mardi la première estimation d'Eurostat, une conséquence de la guerre des prix du pétrole entre l'Arabie saoudite et la Russie d'une part, de l'impact de la pandémie de coronavirus sur l'activité économique d'autre part.

Les prix à la consommation dans les 19 pays ayant adopté la monnaie unique ont augmenté de 0,5% sur le mois qui s'achève par rapport à février et de 0,7% sur un an contre +1,2% le mois précédent.

Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une inflation de 0,8% en rythme annuel.

Ces données pourraient faire craindre une spirale déflationniste provoquée par les mesures de confinement mises en place pour ralentir la propagation du coronavirus, sans parler de la chute des cours du brut.

Le risque de déflation dans la zone euro est minime mais réel, a déclaré mardi Robert Holzmann, membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE).

"La possibilité n'est pas écartée", a dit le gouverneur de la Banque nationale d'Autriche. "La taille du risque est réduite mais pas nulle."

Si la déflation était provoquée par un effondrement de l'économie réelle, une réponse monétaire seule ne pourrait résoudre le problème, a-t-il ajouté.

LES PRIX DE L'ÉNERGIE CHUTENT DE PLUS DE 4%

Le scénario d'une déflation temporaire est également évoqué par les analystes de Barclays, pour lesquels la perspective d'un maintien des mesures de confinement au moins en avril va peser sur les prix.

L'inflation pourrait ainsi continuer de faiblir et pourrait même passer en dessous de zéro avant de remonter au troisième trimestre, écrivent-ils dans une note.

En mars, les prix de l'énergie dans l'union monétaire ont chuté de 4,3% par rapport à mars 2019, conséquence de l'effondrement des cours du baril (-66% pour le Brent <LCOc1 depuis le 1er janvier).

A l'inverse, ceux des produits alimentaires non transformés ont augmenté de 3,5% en rythme annuel, une hausse qui pourrait s'amplifier avec l'impact des mesures de confinement sur la production et les circuits de distribution de produits frais.

L'inflation sous-jacente est elle aussi orientée à la baisse: en excluant les deux composantes volatiles de l'énergie et de l'alimentation, l'inflation dans la zone euro ressort à 1,2% sur un an en mars, comme attendu, après 1,3% en février.

Une mesure plus étroite encore de l'évolution des prix qui exclut également les produits du tabac et les boissons alcoolisées, est en hausse de 1,0% en rythme annuel après +1,2% en février. Le consensus donnait une progression de 1,1%.

En France, le rythme de l'inflation sur un an a ralenti plus que prévu en mars, atteignant, à 0,7% également sur un an, son plus bas niveau depuis fin 2016, selon la première estimation de l'Insee.

(Jan Strupczewski, avec François Murphy à Vienne, version française Marc Angrand et Patrick Vignal)