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Coup d'envoi d'une course contre la montre pour le climat

par Emmanuel Jarry LE BOURGET, Seine-Saint-Denis (Reuters) - Plusieurs milliers de négociateurs de 195 pays ont entamé dimanche au Bourget, près de Paris, une course contre la montre de 12 jours pour tenter de sceller le premier accord universel sur la lutte contre le réchauffement climatique. Officiellement, la 21e conférence des parties signataires de la convention des Nations unies sur le climat (CCNUCC) ne sera ouverte que lundi par 150 chefs d'Etat et de gouvernement, qui seront accueillis au parc des expositions du Bourget à partir de 08h00 (07h00 GMT) par François Hollande. Ce qui est attendu de ce rassemblement sans précédent de dirigeants, c'est une "impulsion politique" avant de céder la place aux négociateurs, a déclaré samedi le chef de l'Etat après un entretien avec le Premier ministre canadien, Justin Trudeau. Mais l'ampleur de la tâche a conduit les organisateurs de la COP21 à avancer les premières réunions. Selon le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui sera formellement élu lundi matin à la présidence de la COP21, il reste une cinquantaine de points en discussion dans le projet d'accord censé être approuvé le 11 décembre. Cette conférence est considérée comme une des dernières chances d'orienter le monde vers un modèle économique moins gourmand en énergies fossiles et donc moins émetteur de gaz à effet de serre (GES), pour contenir le réchauffement de la planète sous la barre des 2°C à la fin du XXIe siècle. "Nous devons décider de la façon dont nous allons vivre ensemble sur cette planète en permettant l'accès de tous au développement durable", a déclaré Laurent Fabius en ouverture de la première réunion des négociateurs. "Ma priorité absolue sera de faciliter (...) l'atteinte d'un compromis ambitieux entre tous les pays", a-t-il ajouté. "Il faudrait que chaque jour nous permette d'avoir des progrès." "Je vais y consacrer mes jours et mes nuits", a confié à des journalistes Laurent Fabius, qui a un bureau sur le site de la conférence et une base arrière dans un grand hôtel proche de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, au nord du Bourget. LE VENEZUELA PROTESTE Il a demandé aux négociateurs de lui remettre un projet de texte le plus abouti possible samedi, pour laisser aux ministres concernés des 195 pays participants le soin de régler les points politiques les plus délicats, durant la deuxième semaine. Avant cette première réunion, Laurent Fabius avait fait le tour des installations, notamment des deux salles plénières, pour vérifier personnellement le bon fonctionnement des micros, la disposition des écrans de contrôle et, surtout, le dispositif sonore de rappel à l'ordre des orateurs trop bavards. Chaque chef d'Etat et de gouvernement qui s'exprimera lundi à partir de la mi-journée aura trois minutes de temps de parole. Ils observeront en début de session, comme les négociateurs dimanche, une minute de silence à la mémoire des 130 personnes tuées lors des attentats du 13 novembre à Paris. La COP21 se déroule sur fond de menace terroriste et de mesures de sécurité renforcées, ce qui a d'ailleurs donné lieu à un incident lors de la réunion de dimanche. Alors qu'il n'était pas prévu que les chefs de délégation prennent la parole, la diplomate vénézuélienne Claudia Salerno, dont le pays est à la tête d'un petit groupe d'Etats hostiles au processus dont la COP21 est l'aboutissement, a élevé une protestation contre le traitement infligé à sa délégation. "Il semblerait que des membres de notre délégation ne puissent pas passer la porte. C'est un gros problème pour nous", a-t-elle dit. "La chaise du Venezuela a failli rester vide (...) Cela nous a pris 20 minutes pour entrer dans cette salle." Les chefs d'Etat et de gouvernement auront droit lundi à un traitement d'un tout autre genre, lors du déjeuner préparé par cinq chefs étoilés : Yannick Alléno, Alexandre Gauthier, Nicolas Masse, Marc Veyrat et Christelle Brua pour les pâtisseries. Ils ont accepté de travailler bénévolement, a précisé à des journalistes Laurent Fabius, selon qui ce sera un déjeuner "écologique" et "bio", de "l'excellence sans ostentation". Partout dans le monde, de l'Australie au Brésil, des centaines de milliers de personnes ont manifesté pour demander un compromis ambitieux. En France, où les marches sur la voie publique ont été interdites après les attentats du 13 novembre, des rassemblements ont donné lieu à Paris à des incidents et la police a annoncé plus de 200 interpellations. (Edité par Simon Carraud)