Coup d’État. La Birmanie a changé, mais pas son armée

L’armée birmane a cherché à préserver ses acquis menacés par l’évolution rapide de la société durant une décennie de transition. Mais recourir à la brutalité comme dans le passé sera-t-il aussi efficace qu’autrefois ? se demande Asia Times Online.

Même si les généraux birmans parviennent à écraser le mouvement de désobéissance civile qui s’oppose au coup d’État du 1er février, il devient de plus en plus manifeste que ces derniers vont devoir gouverner une nation infiniment plus rétive qu’elle ne l’a été par le passé.

De plus, le coup d’État ne pourra que mettre fin à cette vieille légende qui veut que l’armée soit la seule force capable de garantir la cohésion du pays – un mythe national que les militaires ont perpétué dans leur rhétorique, et même dans des musées. En réalité, l’armée est un État dans l’État, et sa nouvelle tentative de museler la démocratie est motivée par des considérations aussi bien économiques que nationalistes.

Un capitalisme clientéliste mis en péril

“Le désir de l’armée de s’accrocher au pouvoir est moins une question de patriotisme que de protection des intérêts économiques de l’élite militaire”, commente Htwe Htwe Thein, née en Birmanie, qui aujourd’hui enseigne à la Curtin University en Australie. Elle poursuit :

Pendant des décennies, l’armée a amassé une fortune parce qu’elle contrôle la bureaucratie et qu’elle a établi des quasi-monopoles dans des secteurs clés.”

Elle affirme par ailleurs que le programme de réformes du gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi, renversé par le coup d’État, menaçait de saper, certes très progressivement, “un système lucratif de capitalisme clientéliste”.

Durant les années qui ont précédé la relative ouverture qu’a connue le pays à partir de 2011, deux conglomérats détenus par des militaires – l’Umeh (Union of Myanmar Economic Holdings) et la MEC (Myanmar Economic Corporation) – ont profité de la privatisation des entreprises d’État, lancée dès 1988 (quand

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