Coup d'État au Gabon: qui est Brice Oligui Nguema, nommé "président de la Transition"?

Un proche d'Ali Bongo derrière le coup d'État. Le général Brice Oligui Nguema, chef de la garde républicaine, a été porté en triomphe ce mercredi par des centaines de militaires aux cris de "Oligui président", alors que le président gabonais est retenu en "résidence surveillée" depuis ce mercredi matin.

Selon Jeune Afrique, le militaire a pris la tête du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) instauré après le coup d'État. Une information confirmée par les putschistes ce mercredi en début de soirée dans un communiqué. Il a précisément été nommé "président de la Transition".

Pourtant, un peu plus tôt dans la journée, le principal intéressé refusait de se considérer comme le nouveau chef de l'État gabonais.

"Je ne me déclare pas encore, je n'envisage rien pour l'instant", a-t-il répondu au "Monde". "C'est un débat que nous allons avoir avec l'ensemble des généraux", avait-il précisé.

"Il s'agira de dégager un consensus. Chacun va émettre des idées et les meilleures seront choisies, ainsi que le nom de celui qui va conduire la transition", avait-il assuré.

Ancien proche d'Omar Bongo

En tant que chef de la garde républicaine, Brice Oligui Nguema était chargé de la protection du chef d'État gabonais Ali Bongo. "C'est un homme du sérail", a affirmé sur BFMTV Jocksy Ondo-Louemba, journaliste et écrivain gabonais.

Militaire formé au Maroc, à l'académie militaire de Meknès, ce proche de la famille Bongo avait déjà servi durant la présidence d'Omar Bongo (1967-2009), père d'Ali, en tant qu'aide de camp, rapporte sur France 24 Francis Kpatindé, maître de conférence à Sciences Po.

Selon le site d'information béninois La Nouvelle Tribune, Brice Clotaire Oligui Nguema a également travaillé en tant qu'attaché militaire à l'ambassade du Gabon au Maroc et au Sénégal pendant dix ans. Une période vue par Francis Kpatindé comme un "exil" après des différends avec Ali Bongo.

Un coup d'État prévisible?

Il rentrera au Gabon en 2019, rappelle Jeune Afrique, pour prendre la tête de la Direction générale des services spéciaux (DGSS), les renseignements de la garde républicaine. Un an plus tard, il sera promu chef de la garde républicaine. À cette époque, il mettait en avant sa fidélité envers le président et ce dernier le lui rendait bien: début 2023, son service avait reçu quatre nouveaux véhicules blindés légers AML-90 et s'était renforcé de près de 700 agents.

"Brice Oligui Nguema était la personne qui devait compter, a lancé Jocksy Ondo-Louemba sur notre antenne. Il avait déjà médiatisé sa fonction et s'était véritablement sorti de la réserve dans laquelle s'étaient mis ses prédécesseurs."

Alors que la famille Bongo possède un vaste portefeuille immobilier en France qui fait l'objet d'une enquête de la part des magistrats anti-corruption, Brice Oligui Nguema a acheté trois propriétés aux alentours de Washington en 2015 et 2018, selon l'Organized Crime and Corruption Reporting Project, un groupe de journalistes enquêtant sur la corruption et le crime organisé. D'après cette source, les maisons ont été achetées pour plus d'un million de dollars en espèces.

"Je pense que, que ce soit en France ou aux États-Unis, la vie privée est une vie privée qui [doit être] respectée", avait alors répondu celui qui pourrait prendre le pouvoir au Gabon.

Article original publié sur BFMTV.com