Les Coréens, ces bourreaux au travail

La Corée du Sud est surnommée le Pays du matin calme. Mais à lire le témoignage édifiant de ce cadre dirigeant français qui a passé dix ans dans une de ses multinationales de choc, rarement ce qualificatif aura paru aussi inapproprié. Ancien patron de la filiale hexagonale du groupe d’électronique de loisirs et d’électroménager LG, Eric Surdej y raconte de l’intérieur la vie dans une boîte coréenne au XXIe siècle. Ce qu’il en dit sans aucune acrimonie va bien au-delà de ce qu’un esprit occidental ayant ouï-dire des rugosités du management à la coréenne est en droit de s’imaginer. Avis aux amateurs, un stage commando chez les paras n’est, sur le plan psychologique tout du moins, sans doute pas plus difficile à supporter qu’un boulot chez ces «forcenés de l’efficacité», comme il les appelle d’un doux euphémisme.

Dans un esprit de soumission fanatique et de dévouement parfois jusqu’à l’épuisement, il faut être prêt à y consacrer douze à quinze heures par jour et sept jours sur sept si l’on veut réussir, ou simplement survivre. Car, comme le dit Eric Surdej, partagé entre fascination et répulsion pour ce modèle «certes inhumain mais formidablement efficace», les placards n’existent pas dans ces organisations à la discipline militaire où «chaque tâche ou mission est découpée à un niveau de précision infinitésimal».

Si l’auteur se donne parfois le beau rôle en expliquant avoir cherché, sans aucun succès au final, à «humaniser» une culture d’entreprise patriarcale archi-autoritaire aux ressorts ancestraux - pourquoi diable être resté aussi longtemps, se dit-on à chaque page -, ce qu’il révèle n’en fait pas moins froid dans le dos.

Des documents bombardés en vociférant à la figure de ses subalternes à l’employé qu’il oblige à rentrer chez lui lorsqu’il se rend compte qu’il n’a pas quitté son poste depuis quatre jours, en passant par ce cadre qu’il est sommé de virer sur le champ parce qu’il a osé prendre en photo le grand patron, Eric Surdej décrit un univers où seule la (...)

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