Corse : les filles brisent le silence

Venu des Etats-Unis, le hashtag #Iwas a provoqué une marée de dénonciations pour viol dans une île où tout le monde se connaît.

Au début, le silence. Un fardeau que Lena Pezzini, 18 ans, portait seule. Puis le secret est devenu un Tweet. Aujourd’hui, le témoignage de Lena s’affiche sur 4 mètres de long dans les rues colorées de Bastia. Des lettres noires sur des feuilles A4 blanches collées sur un mur jaune pastel. « Quand il a fini, il y avait du sang partout. Il reste debout devant moi, regarde son engin et me dit : “Tu as vu ce que tu as fait ? Je suis tout taché. Suce ! – Non.” Il essuie ses cuisses et étale mon sang sur moi… » Des passants s’arrêtent pour lire, prendre en photo les mots choquants. Sidéré, un trentenaire murmure : « Pas chez nous. Ce n’est pas possible. Pas en Corse. » Il semble découvrir ce que tant d’autres savent déjà : en matière de violences sexuelles, son île ne fait pas exception.

Lena se rappelle chaque minute du viol qu’elle a subi. Il y en a eu vingt-huit, les plus longues de sa vie. Bastia, 28 mars 2017, 10 heures du matin. Elle a 15 ans. Lui, 19 ans. C’est le petit copain d’une amie. Il l’emmène à l’écart, « pour discuter ». Elle ne se méfie pas, elle le connaît. Sur l’île, tout le monde se connaît, c’est même censé être un gage de confiance… Lena est vierge. Elle n’imagine pas ce qui l’attend. Les vêtements couverts de sang, elle rentre chez elle brisée. Depuis, elle croise régulièrement son agresseur, impuni, dans les rues, les boîtes de nuit. Une double peine. Elle raconte : « Quand il me voit, il se permet de me toucher les fesses et de me prendre la main. Les gens savent ce qui s’est passé, mais ils se taisent et continuent de le fréquenter. On dit de moi que je suis une menteuse et de lui qu’il a une bouille d’ange. »

C’est un hashtag venu des Etats-Unis, début juin, qui va lui redonner des forces :(...)

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