«Mon corps n’était plus que de la peau trop tendue sur mes os»

Il était une fois, dans une contrée lointaine… J’ai été enlevée par un gang de jeunes hommes sans peur et pourtant terrifiés, et l’impossible espoir palpitant dans leur corps était tel qu’il leur brûlait la peau et qu’il raffermissait leur volonté jusqu’aux os.

Ils m’ont détenue pendant treize jours.

Ils voulaient me briser.

Cela n’avait rien de personnel.

Je n’ai pas été brisée.

C’est ce que je me dis.

Il faisait chaud, presque quarante degrés, une atmosphère si poisseuse qu’on aurait dit une pluie tropicale. J’ai habillé mon fils, Christophe, d’un minuscule bermuda rouge et d’un tee-shirt bleu clair orné d’un voilier. J’ai recouvert d’écran solaire la peau lisse et hâlée de ses bras et son visage rayonnant. Je lui ai fait un bisou sur le nez, puis j’ai brossé les épaisses boucles châtain clair qui lui retombaient sur les yeux, tandis qu’il pressait ses paumes sur mes joues en criant : «Mama ! Mama ! Mama !» Mon mari Michael, le bébé et moi-même avons dit au revoir à mes parents, en précisant que nous serions de retour à temps pour le dîner.

C’était la première fois que Michael et moi emmenions Christophe voir l’océan. Nous comptions le tremper dans l’eau chaude et salée, qu’il remue les orteils et donne des coups de pied de ses jambes potelées. Nous comptions le lancer vers le soleil et le rattraper sans encombre dans nos bras.

Ma mère nous a souri depuis le balcon où elle arrosait ses plantes, vêtue d’une impeccable tenue en lin et de talons hauts. Elle a envoyé un baiser à son petit-fils. Elle nous a rappelé d’être prudents.

Nous avons placé notre fils dans son siège bébé. Nous lui avons donné sa peluche préférée, un petit bouledogue surnommé Baba. Il a serré son doudou adoré dans son petit poing, toujours en souriant. Il a le caractère de son père. En général, il est content. Pour moi, c’est important. Avant de monter en voiture, Michael s’est assuré que Christophe était bien sanglé dans son siège. Puis il a mis nos sacs de plage dans le coffre.

Michael m’a tenu la (...)

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