Quand le corps est attaqué par ses propres défenses

Diabète de type 1, sclérose en plaques, polyarthrite rhumatoïde. Résultant de phénomènes extrêmement complexes, les maladies auto-immunes défient encore la compréhension des chercheurs.

Cet article est issu du magazine Sciences et Avenir - Les Indispensables n°207, daté octobre/ décembre 2021.

"Horror autotoxicus", c’est ainsi que le microbiologiste allemand Paul Ehrlich avait baptisé dès 1901 le processus, encore flou et hypothétique à l’époque, d’une immunité se retournant contre son organisme hôte. Cent vingt ans plus tard, pas moins de quatre-vingts maladies peuvent être mises sur le compte de réactions dites auto-immunes : les défenses immunitaires du patient ciblent son propre organisme, le soi. Rien qu’en France, selon l’Inserm, plus de 6 millions de personnes sont concernées par l’une de ces affections. Comment le système immunitaire, censé être le meilleur gardien de l’organisme, se change-t-il en ennemi intime ? En principe, les cellules immunitaires possèdent l’équipement nécessaire pour identifier des agents étrangers (toxiques, virus, bactéries) à partir des protéines, ou motifs moléculaires, que présentent ces derniers : les antigènes. Lorsqu’il les repère, le système déclenche la production d’anticorps spécifiques, modelés sur chaque antigène, de façon à s’y associer parfaitement et le neutraliser. Mais des dysfonctionnements dans le système peuvent le conduire à prendre un antigène du soi pour un étranger : il fabrique alors des "auto-anticorps" contre ces "auto-antigènes". Par ailleurs, toutes les cellules de l’organisme doivent présenter une "carte d’identité" pour passer les contrôles du système immunitaire : des protéines de surface codées par les gènes HLA, qui font en quelque sorte office de "passe sanitaire" moléculaire. Toute cellule présentant une modification de cette protéine ou ne l’exprimant pas sera ciblée par le système immunitaire. Des défauts sur les gènes HLA sont ainsi bien identifiés comme facteurs de susceptibilité génétique importante pour plusieurs maladies auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde, diabète de type 1, maladie cœliaque, rectocolite hémorragique).

Problème : des dizaines, voire des centaines d'autre[...]

Lire la suite sur sciencesetavenir.fr

A lire aussi