Le coronavirus peut-il disparaître grâce à la chaleur ?
L’épidémie du nouveau coronavirus n’en finit pas de se répandre. Pour Donald Trump, la chaleur d’avril devrait permettre de l’endiguer. Les scientifiques ne sont pas tout à fait d’accord.
Depuis la fin du mois de décembre, chaque jour apporte son lot de nouvelles contaminations au coronavirus Covid-19. Les derniers chiffres portent à plus de 1 000 le nombre de morts. Plus de 42 000 personnes seraient contaminées, essentiellement en Chine, berceau de l’épidémie.
“La chaleur tue ce genre de virus”
Dans une allocution ce lundi 10 février, Donald Trump a tenu à donner des nouvelles des Américains contaminés. Il s’est aussi prêté à une prédiction des plus surprenantes : “Beaucoup de gens pensent que [le nouveau coronavirus] s’en ira en avril avec la chaleur. [...] Normalement, ça disparaîtra en avril”.
“J’ai eu une discussion avec le président Xi [Jinping], [...] il est très confiant et il pense, comme je l’ai déjà mentionné, que d’ici avril ou au cours du mois d’avril, la chaleur tuera ce genre de virus”, a poursuivi le président américain devant des journalistes à la Maison Blanche.
#Trump a de nouveau salué la réaction des dirigeants chinoishttps://t.co/N14btTXJ0h
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Un virus peut-il vraiment disparaître ?
Cette prévision ne s’appuie pas tout à fait sur des fondements scientifiques. Déjà, cela pose la question de l’extinction des virus. “On ne peut jamais être sûr qu’un virus a disparu de la nature”, nous explique Astrid Vabret, professeure de virologie et chef du service virologie du CHU de Caen, “mais on peut dire qu’on n’arrive plus à le détecter”. Il peut donc se maintenir “dans une niche et passer en dessous des seuils de détection”, poursuit-elle. Le virus peut aussi “se transformer” et dans ce cas, ce sont “ses descendants qui circulent”.
Ce qui peut retomber, en revanche, c’est l’épidémie. “Beaucoup de virus respiratoires fonctionnent ainsi, c’est par exemple le cas de la grippe, qui n’arrête jamais de circuler dans le monde”, pointe Astrid Vabret. Mais, à certaines périodes - qui diffèrent selon les régions du globe - les cas sont plus nombreux et “ça fait une épidémie. Puis, ça retombe”.
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Les températures en cause ?
Comme le sous-entend Donald Trump, il est vrai que les virus ne supportent pas les températures élevées. “Au dessus de 56 degrés pendant plus de 30 minutes, le virus est inactivé et peut mourir”, nous décrit la spécialiste. “Mais si vous mettez l’individu à 56 degrés… il meurt aussi”, poursuit-elle.
Cependant, “la température n’est pas suffisante pour expliquer la circulation ou non d’un virus”, assure Astrid Vabret. La preuve par l’exemple. En 2009, une pandémie grippale a émergé entre mars et avril et sa première vague a circulé en juin et juillet (surtout en Angleterre et en Espagne), nous rappelle la virologue, “alors que, normalement, on n’a pas de virus grippale à cette période”. Un exemple qui vient contredire la théorie de Donald Trump.
Si ce n’est pas grâce à la chaleur, comment un virus peut-il cesser d’être actif ? “Quand on est affecté par un coronavirus, on n’a pas une protection très efficace, c’est-à-dire qu’on peut être réinffecté régulièrement par les variantes qui circulent tous les ans”, souligne Astrid Vabret. Le nouveau arrivant venu de Chine risque donc de contaminer beaucoup de personnes - d’autant que de nos jours, la communication et les contacts sont nombreux à travers le monde. “La difficulté qu’on a actuellement, c’est qu’un virus a plus de risques de se diffuser rapidement”, confirme la spécialiste. C’est pour cette raison que les mesures de quarantaine et de confinement sont un bon moyen de freiner la diffusion. Cette technique fonctionne surtout lorsque le nombre de cas est faible, comme c’est actuellement le cas en France avec le virus Covid-19. Mais plus il y a de personnes contaminées, moins ces techniques sont efficaces.
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Les vaccins trop dépendants de la géopolitique
Heureusement, “les humains peuvent fabriquer des antiviraux et des vaccins”, avance Astrid Vabret. C’est grâce à eux que l’on a pu éradiquer la variole. Le problème, c’est qu’une campagne de vaccination à échelle mondiale est très difficile à mettre en place. “Sur la planète, il y a toujours des pays en guerre, des endroits où le système ne permet pas de vaccination de masse, des réticences religieuses, des mouvements anti-vaccin…”, regrette la virologue. Résultat : “Quand un virus apparaît dans une population, si on n’arrive pas à l’arrêter tout de suite, c’est difficile de le faire ‘disparaître’”, poursuit la spécialiste, citant tout de même un contre-exemple : celui du Sras.
Ce virus a émergé fin 2002 et s’est transformé en épidémie en 2003. La Chine a pris “des mesures drastiques et il y a probablement eu un facteur chance”, décrit Astrid Vabret. Résultat : “On ne détecte désormais plus le virus”. Une victoire qui n’a toujours pas été “entièrement expliquée”, conclut la virologue.
Si l’épidémie du nouveau coronavirus ralentissait en avril, la chaleur printanière ne sera donc pas du tout la seule responsable. N’en déplaise à Donald Trump.
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