Vaccin contre le Covid-19 : le rôle central des médecins généralistes

Les médecins généralistes ont besoin d'informations au sujet du vaccin contre le coronavirus, afin d'offrir à leurs patients un consentement éclairer.
Les médecins généralistes ont besoin d'informations au sujet du vaccin contre le coronavirus, afin d'offrir à leurs patients un consentement éclairer.

Selon la stratégie de vaccination dévoilée par Jean Castex, les médecins généralistes occuperont une place centrale. Mais avant de lancer le processus, ils ont besoin de plus d’informations, pour pouvoir rassurer les patients.

Le gouvernement a dévoilé, dans les grandes ligne, la stratégie de vaccination contre le coronavirus au cours d’une conférence de presse, ce jeudi 3 décembre. Parmi les annonces faites, celle concernant la place qu’occuperont les médecins généralistes dans le processus était attendue.

Car dans un contexte où la méfiance est élevée - selon un sondage Ifop pour le JDD paru le 28 novembre, 59% des Français n’auraient pas “l’intention de se faire vacciner” - le rôle d’information des médecins traitants pourrait être primordial. L’exemple du fiasco de la vaccination contre la grippe H1N1, pour laquelle “les professionnels de santé n’avaient pas été associés” est encore dans les mémoires, nous rappelle Jacques Battistoni, médecin généraliste et président du syndicat MG France.

VIDÉO - Vaccins contre le coronavirus : principales caractéristiques et différences

Une possible difficulté technique

“Il est souhaitable que le médecin généraliste soit au coeur du dispositif et en particulier le médecin traitant”, a assuré le Premier ministre, Jean Castex. “Nous allons nous appuyer fortement sur les médecins”, a de son côté confirmé le ministre de la Santé, Olivier Véran, qui les rencontre ce 4 décembre pour évoquer plus en détail le sujet avec eux.

Mais pour l’heure, le rôle des médecins généralistes n’est pas encore complètement défini. D’autant que de nombreuses interrogations demeurent encore sur le ou les vaccins choisis. Pourront-ils vacciner directement dans leur cabinet ? Participeront-ils à l’organisation de centres de vaccination ? Joueront-ils un rôle d’intermédiaire ? “Sur un plan pratique, c’est difficile de savoir exactement la place qui sera la nôtre, puisqu’on n’a pas tous les détails concernant la distribution, le mode de conservation et l’administration des différents vaccins”, rappelle Jean-Louis Bensoussan, médecin généraliste et secrétaire générale du syndicat MG France.

“Nous souhaitons que les médecins généralistes soient les organisateurs de l’offre de vaccination sur les territoires, sous les modalités qui leur apparaîtront les meilleures”, réclame Jacques Battistoni. Une position que son syndicat a pu défendre auprès du gouvernement, puisque des concertations ont été organisées sur le sujet ces derniers jours avec les représentants des médecins, mais aussi des pharmaciens, infirmiers, et des membres de l'académie de médecine… “Ça a l’air d’aller plutôt dans notre sens”, poursuit-il.

Mais d’un point de vue technique, si le vaccin BioNTech-Pfizer est choisi, les médecins généralistes pourraient être mis sur la touche - au moins dans un premier temps - en raison de la conservation nécessaire à - 70 degrés. “Aucun médecin généraliste, en France, ne dispose de tels systèmes de réfrigération”, constate Pierre Martin, médecin généraliste à Toulouse, “dans ce cadre, j’ai du mal à voir comment on peut intervenir”.

Connaissance et confiance des patients

L’appui des médecins généraliste offre pourtant plusieurs avantages. D’abord, la connaissance qu’ils ont de leurs patients. “Nous avons la liste des patients dont nous sommes le médecin traitant”, nous décrit Jean-Louis Bensoussan. “À partir de cette liste, on peut savoir combien de personnes entrent dans chacune des phases de vaccination définies par la Haute Autorité de Santé”, complète-t-il. Une connaissance précieuse, à laquelle s’ajoute également la relation de confiance.

Pour contourner la difficulté technique, la solution pourrait bien résider dans une consultation de pré-vaccination. Elle aurait pour but de “bien expliquer les choses, de répondre aux questions des patients et d’établir la prescription du vaccin qui conviendra le mieux à la personne”, décrit le docteur Jean-Louis Bensoussan. “Une fois cette consultation effectuée, on pourra planifier la vaccination elle-même dans les jours suivants”, poursuit-il. Que celle-ci doive se faire dans un centre ou directement au cabinet médical, le patient aura au moins eu l’avis de son médecin.

Les médecins en demande d’information

“C’est primordial qu’on soit au centre du processus, mais dans un premier temps, ce qu’on aimerait, c’est avoir tous les détails sur ces vaccins”, nous explique Jérôme Marty, médecin généraliste et président de l’Union Française pour une médecine libre. “Notre premier rôle, c’est celui d’expliquer et de répondre aux questions des patients, afin de leur fournir un consentement éclairé”, rappelle-t-il. “Et ça ne se fera pas en recevant les gens cinq minutes avant de faire l’injection, à l’entrée d’une immense salle de vaccination”, complète de son côté Jacques Battistoni, médecin généraliste et président du syndicat MG France. D’autant que face à une maladie nouvelle et un vaccin développé en moins d’un an, la nécessité d’informer est encore plus grande que d’habitude.

Encore faut-il, pour cela, disposer de tous les éléments de réponse. Ce qui n’est pour l’instant pas le cas. “Il faut qu’on ait des informations claires et nettes avant que la campagne de vaccination commence”, prévient le docteur Pierre Martin. Des recommandations sont notamment attendues sur l’efficacité, mais aussi sur la marche à suivre pour les personnes qui ont déjà été malades.

“Il nous les faut dans les 15 jours qui viennent de manière impérative”, prévient le docteur Jean-Louis Bensoussan. D’autant que les questions des patients sont déjà nombreuses. “Tous ceux ou presque qu’on a en consultation nous interrogent”, constate le docteur Jacques Battistoni. Or, pour pouvoir répondre de manière complète, et remplir leur rôle au mieux, les médecins généralistes ont besoin d’éléments scientifiques, comme ils en disposent pour tous les autres médicaments. Le compte à rebours est donc lancé.

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