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Covid-19 : vers un "stop and go" dans les grandes villes jusqu'à l'été ?

Des restrictions temporaires prises à Marseille.

Une méthode prônée par le président du Conseil scientifique pour maîtriser l’envolée des cas de coronavirus, mais dont Anne Hidalgo ne veut pas entendre parler.

L’épidémie de Covid-19 va durer en France encore plusieurs mois. Sans surprise, le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, prépare les esprits à des restrictions durant les prochains mois. Interrogé vendredi matin sur BFMTV, il demande à ce “que l’ensemble de notre population comprenne qu’on est entré dans quelque chose de moyen et long terme. Il faut qu’on apprenne à vivre avec ce virus au moins jusqu’à l’été prochain”, estime Jean-François Delfraissy.

Et pour contrôler l’épidémie sans confiner le pays comme au printemps dernier, le président du Conseil scientifique prône, sans la nommer, la stratégie du “Stop and go”. L’idée est d’alterner entre des phases de reconfinement, même partiel, et de déconfinement.

La stratégie de la “cocotte-minute”

Une stratégie déjà à l’oeuvre dans les grandes métropoles comme Paris et Marseille où les bars sont fermés pour une durée de deux semaines. “Les restrictions sont nécessaires sur les grandes villes pendant 15 jours, voire trois semaines, puis on surveille. Il s’agit de mettre en place des accompagnements localisés, un peu comme une cocotte-minute : on laisse échapper la vapeur, puis on surveille. C’est cette stratégie-là qu’on va devoir avoir”, prône le président du Conseil scientifique, qui conseille Emmanuel Macron sur les mesures à prendre.

Une stratégie de la “cocotte-minute”, comme la nomme Jean-François Delfraissy, ou du “stop and go” que le président du conseil scientifique veut ancrer dans le temps. Une idée loin de faire l’unanimité dans les villes où elle s’applique déjà. Invitée du Grand Jury RTL-LCI- Le Figaro le 4 octobre dernier, Anne Hidalgo s’opposait fermement à une telle idée ancrée dans le temps.

Hidalgo refuse un “‘stop and go’ permanent’

“La situation est très grave. Si on veut être efficace, il faut se projeter avec 12 à 18 mois. Il va falloir avoir une méthode : on ne peut pas être dans un 'stop and go' permanent”, plaidait la maire socialiste de Paris. Le lendemain lors d’une conférence de presse, Didier Lallement se défendait d’appliquer une telle stratégie. “Il ne s’agit pas de stop and go mais une maîtrise des choses", expliquait le préfet de police de Paris.

Pourtant, il semble bien que le “stop and go”, certes de façon partielle, soit la stratégie choisie à l’heure actuelle par le gouvernement. Une méthode déjà évoquée au printemps dernier, à l’approche du déconfinement. "Cela fait partie des hypothèses, notamment si des clusters se développent dans certains territoires" expliquait en avril dernier la porte-parole du gouvernement de l’époque, Sibeth Ndiaye, au Monde.

Une stratégie évoquée depuis avril

Mais l’évocation d’une telle mesure suscitait déjà plusieurs craintes, tant économiques que sanitaires. "D'un point de vue administratif, culturel et économique, il est à mon sens impossible de mettre cela en pratique en France", expliquait sur LCI le Pr Jean-Michel Constantin, chef du service anesthésie-réanimation à la Pitié-Salpétrière, en avril dernier.

Autre interrogation, celle d’Astrid Vabret, cheffe du service de virologie au CHU de Caen, sur France 3 Normandie. "Reste à savoir si c'est applicable, car la population doit être très disciplinée,” s’interrogeait-elle en avril dernier.

Aux Etats-Unis, un ‘stop and go’ nécessaire jusqu’en 2022 ?

Premier à avoir évoqué cette idée, le professeur de biomathématique Neil Ferguson, dans un article publié sur le site de l'Imperial College London en mars dernier. Il explique qu’il faudrait alterner à sept reprises le confinement et la vie "normale" avant de faire disparaître le virus, soit jusqu’en 2022.

Même perspective pour des chercheurs de l'université de Harvard, aux Etats-Unis. Ils estiment que cette alternance entre confinement et déconfinement sera nécessaire jusqu'en 2022 aux Etats-Unis, si aucun traitement ou vaccin n'est trouvé d'ici là pour aplanir totalement la courbe des entrées en réanimation.

A l’étranger, Singapour et la Chine ont mis en place la méthode du “Stop and go” face au rebond des cas, avec toutefois une période d’arrêt plus restrictive que celle actuellement en vigueur à Paris ou Marseille. D’autres pays semblent prendre la même trajectoire que la France, comme l’Espagne. Ainsi, Madrid est de nouveau soumis à des restrictions durant 15 jours.