Covid-19 : retour au bureau, à l’école... Pourquoi l’automne inquiète autant ?

Le port du masque à l'école.

Avec la rentrée, plusieurs facteurs propices au développement du Covid-19 vont se cumuler, faisant craindre une situation sanitaire compliquée.

Septembre rime avec fin des vacances, temps maussade, retour à l'école ou au bureau pour beaucoup. Et comme l'année dernière, septembre pourrait bien rimer avec flambée du Covid-19. Plusieurs spécialistes s'inquiètent d'une conjonction de facteurs qui, cumulés, pourraient entrainer une flambée épidémique à l'automne.

Avant même d'évoquer ces facteurs propres à la rentrée, le chercheur en épidémiologie Michaël Rochoy tient à rappeler la situation sanitaire. "L'an dernier à la même époque, il y avait beaucoup moins de cas de Covid. On est donc à un niveau circulation plus élevé, avant la reprise d'activités propices à sa propagation, d'autant que l'on fait face au variant Delta cette année, beaucoup plus transmissible", souligne le médecin.

Le virus circule plus que l'an dernier

Une différence flagrante illustrée par Germain Forestier, membre du collectif du Côté de la Science. Le taux d'incidence en population était de 35 cas pour 100 000 habitants du 13 au 19 août 2020, et de 225 cas sur cette même période cette année.

Une situation qui devrait être "moins mauvaise"

À l'inverse, 70% des plus de 12 ans sont totalement vaccinés, alors que le vaccin n'existait pas l'an dernier à la fin de l'été. "La situation devrait être moins mauvaise qu'à l'automne dernier grâce au vaccin. Mais seule, la vaccination actuelle ne suffira pas, il faut des mesures fortes pour les situations à risque", prolonge Michaël Rochoy, qui s'interroge.

"Il n'y aura sans doute pas de plateau à 300 morts par jour comme l'automne dernier, mais peut-on accepter et banaliser 100 morts par jour, sans prendre de mesure supplémentaire ?". 15,8% des plus de 80 ans n'ont pas reçu la moindre dose de vaccin en France, soit un peu plus de 600 000 personnes, qui se retrouvent donc directement exposées au virus.

Les craintes autour de la rentrée scolaire

Premier des facteurs susceptibles d'entraîner une hausse des cas, la rentrée scolaire. En 2020 le taux d'incidence des 10-19 ans était de 30 cas pour 100 000 habitants contre 310 cas cette année. Si une large partie de cette tranche d'âge peut être vaccinée, le problème se pose pour les 0-9 ans. D'une incidence de 9 cas pour 100 000 habitants l'an dernier, l'incidence est passée à 128, avant la rentrée scolaire. Si le taux de dépistage était toutefois différent, la crainte que la rentrée scolaire fasse flamber le Covid est vive, d'autan que le protocole sanitaire présenté par les autorités est loin de faire l'unanimité.

Selon une modélisation de l'Institut Pasteur, la moitié des nouvelles infections auront lieu chez les enfants à la rentrée scolaire. "L'école est la situation la plus complexe qui nous attend cet automne car les enfants sont non vaccinés", explique l'épidémiologiste membre du Conseil scientifique Arnaud Fontanet sur France Inter. Face à une flambée du nombre de cas, la Polynésie a décidé de refermer les écoles pour 15 jours, deux semaines après la rentrée.

Des mesures insuffisantes à l'école ?

"L'école est un des moteurs de l'épidémie, mais la rentrée se fait au niveau 2 (sur une échelle de 4, ndlr) d'un protocole qui n'a pas évolué malgré l'apparition d'un variant plus transmissible. Les mesures envisagées sont largement insuffisantes", se désole Michaël Rochoy, qui souhaite qu'un taux d'incidence déclenche automatiquement le passage au niveau supérieur du protocole. Si le port du masque sera obligatoire à l'école, le manque de moyens alloués à la sécurisation des écoles fait bondir les scientifiques.

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Co-auteur d'une tribune dans Le Monde, il réclame, comme de nombreux autres scientifiques et enseignants, des mesures pour sécuriser les cantines scolaires et l'équipement en détecteurs de CO2 et purificateurs d'air, qui ne sont fournis pour l'instant que sur initiative de certaines collectivités locales. En Angleterre, 300 000 capteurs de CO2 doivent être installés dans les écoles pour un budget d'environ 25 millions de livres sterling, près de 30 millions d'euros.

L'inconnue des effets à long terme du SARS-COV-2

"On ne sait pas quelles sont les conséquences à long terme du SARS-COV-2, notamment sur les enfants. Et les moins de 12 ans ne peuvent pas être vaccinés. Les autorités sanitaires britanniques estiment qu'entre 2 et 8 % des enfants infectés présentent des symptômes persistants. Il faut absolument limiter la circulation du virus à l'école", poursuit le chercheur en épidémiologie.

Si la rentrée scolaire cristallise les inquiétudes, ce n'est pas le seul événement du mois de septembre à inquiéter. "Dans l'ensemble, ce sont les situations qui entraînent un brassage de population, en lieu clos particulièrement, qui inquiètent, comme le retour au bureau", prolonge Michaël Rochoy.

Le retour au bureau inquiète

Si le protocole précis du retour au bureau n'est pas précisément établi, il reste sensiblement le même qu'avant l'été, avec une différence de taille pour les salariés soumis au pass sanitaire, soignants et personnels dans les bars et restaurants notamment.

Si le port du masque reste obligatoire dans les bureaux, les cantines d'entreprises ne sont pas soumises au pass sanitaire, et le protocole recommande toujours deux jours par semaine de télétravail si possible. "C'est le même raisonnement qu'avec les écoles : on part d'un niveau de circulation plus élevé, il faut donc sécuriser les moments sans masque comme les cantines d'entreprise. Inciter à manger à son bureau par exemple, et favoriser l'aération et surtout le télétravail.

Les risques liés à la météo

Un protocole qui pourrait toutefois évoluer, selon Le Parisien, qui précise que les partenaires sociaux doivent être reçus par le ministère du Travail pour discuter d’une évolution des règles du protocole sanitaire, notamment pour ce qui touche au télétravail.

Autre élément défavorable, l'évolution de la météo. Si l'été n'a pas été radieux, l'arrivée de l'automne et la baisse des températures va inciter de nombreux Français à passer davantage de temps en intérieur. "On va moins ouvrir les fenêtres, voir davantage de monde chez soi plutôt qu'en extérieur. Autant de comportements qui évoluent en raison de la météo mais qui sont favorables à la propagation du virus", rappelle le docteur Rochoy, qui appelle à porter le masque dans les lieux clos.

Dernier élément qui pourrait aggraver la situation à l'automne, la durée de la protection vaccinale. "On ignore encore si les plus âgés, vaccinés en premier ne vont pas faire face à une diminution de l'efficacité vaccinale. la question d'une troisième dose pour eux est sur la table", conclut l'épidémiologiste, alors que plusieurs pays dont Israël et les Etats-Unis ont déjà commencé l'injection d'une troisième dose.

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