Le coronavirus se propage, une correction se profile

LES BOURSES EN EUROPE FINISSENT DANS LE ROUGE

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont encore reculé nettement mardi, la propagation hors de Chine de l'épidémie de coronavirus coupant l'appétit des investisseurs pour les actifs risqués pour renforcer l'hypothèse d'une correction.

À Paris, le CAC 40 a cédé 1,94% à 5.679,68 points. Le Footsie britannique 1,94% et le Dax allemand 1,88%.

L'indice EuroStoxx 50 a reculé de 2,07%, le FTSEurofirst 300 de 1,77% et le Stoxx 600 de 1,76%.

Les craintes liées à la propagation du coronavirus, qui ont fait vivre lundi aux Bourses européennes leur pire séance depuis mi-2016 et fait perdre plus de 1.000 points au Dow Jones, restent donc bien présentes même si la baisse des indices a été un peu moins marquée.

La perspective d'une correction, à savoir d'un recul d'au moins 10% des indices par rapport à leurs récents plus hauts, ne s'en rapproche pas moins avec une quatrième séance de baisse qui porte à autour de 7% les replis du CAC 40 et du Stoxx 600 depuis la clôture du 19 février.

Les autorités sanitaires chinoises ont reporté 508 nouveaux cas de contamination au coronavirus, portant à 77.658 le nombre de personnes atteintes en Chine continentale depuis le début de l'épidémie.

Près de 900 cas ont été recensés en Corée du Sud et plus de 280 en Italie, le pays d'Europe le plus touché. L'Iran a enregistré son 16e décès et plusieurs pays, dont l'Autriche, la Croatie et la Suisse, sont touchés à leur tour.

"La mondialisation du coronavirus a entraîné une augmentation des risques", lit-on dans une note de DWS.

"Un retour rapide à la normale semble de plus en plus douteux", ajoute la société de gestion allemande, qui dit maintenir une approche prudente en matière d'investissement.

Le scénario de rebond rapide de l'activité économique au deuxième trimestre n'est plus vraiment d'actualité, font valoir pour leur part les analystes de Saxo Banque.

"Tout porte à croire que l'impact économique de la crise va perdurer bien plus longtemps qu'initialement prévu", écrivent-ils. "La seule certitude que nous avons à ce stade est que la fuite vers la liquidité et vers les valeurs refuges va perdurer."

VALEURS

Tous les indices sectoriels européens ont fini dans le rouge avec un repli particulièrement marqué pour le secteur bancaire (-2,55%), pénalisé par les anticipations de baisse des taux d'intérêt de la part des grandes banques centrales face à la crise sanitaire.

L'indice Stoxx de l'automobile, très exposé à la Chine, a perdu 1,32% après avoir cédé lundi 5,5%.

Les plus fortes baisses du CAC 40 sont pour BNP Paribas, TechnipFMC et Société générale, qui ont perdu tous trois autour de 4%.

Contre la tendance, l'action Carrefour a gagné 0,73%, la seule hausse du CAC avec Danone (+0,059%), portée par le relèvement de recommandation de Morgan Stanley à "surpondérer".

A la hausse également, Arkema a pris 6,44% sur des informations selon lesquelles le groupe chimique français pourrait envisager de revoir son portefeuille d'activités.

A WALL STREET

A l'image des indices européens, ceux de Wall Street ont commencé la séance dans le vert mais n'y sont pas restés longtemps.

A l'heure de la clôture en Europe, le Dow Jones et le S&P-500 perdent plus de 1%.

Ces deux indices avaient abandonné lundi plus de 3% pour passer en territoire négatif depuis le début de l'année au terme de leur plus forte baisse en pourcentage sur une séance depuis février 2018.

TAUX

Les rendements obligataires ont paru un temps se stabiliser avant de repartir à la baisse. Celui des Treasuries à 10 ans perd quatre points de base à 1,335% pour se rapprocher de son plus bas historique à 1,321% touché en juillet 2016.

Le rendement du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, a suivi le mouvement pour terminer la séance en dessous de -0,51%.

CHANGES

Les anticipations de baisse des taux de la Réserve fédérale face à l'épidémie de coronavirus, couplées à la forte baisse des rendements obligataires américains, pèsent sur le dollar qui perd 0,4% face à un panier de référence. L'euro en profite pour revenir à 1,088.

PÉTROLE

Les cours du pétrole restent soumis aux craintes persistantes liées à la propagation du coronavirus en Chine et à ses répercussions sur la demande du premier importateur mondial.

Le baril de Brent cède 1% à 55,74 dollars, après avoir perdu 3,8% la veille, et le brut léger américain (WTI) perd 1,3% à 50,76 dollars.

À SUIVRE MERCREDI

Les investisseurs français attendent pour mercredi une nouvelle salve de résultats trimestriels dont ceux de Hermès, PSA, Suez et Danone.

(Patrick Vignal, édité par Jean-Michel Bélot)