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Covid-19 : pourquoi le "monsieur vaccin" du gouvernement a été mis de côté ?

Louis-Charles Viossat, ici a gauche, en 2004. Il est alors directeur-général de l'Acoss (Agence centrale des organismes de sécurité sociale).

Louis-Charles Viossat, un temps présenté comme le “monsieur vaccin” du gouvernement, a été finalement mis de côté en raison de son CV.

Qui sera le “monsieur vaccin” du gouvernement ? Jean Castex doit dévoiler le nom de celui ou de celle qui sera chargé de piloter la stratégie vaccinale contre le Covid-19, lors d’une conférence de presse prévue le 3 décembre.

Mais un nom était déjà rattaché à la fonction officieuse de monsieur vaccin : celui de Louis-Charles Viossat, un énarque de 56 ans, choisi mi-octobre par l’Elysée pour organiser le chanter de la vaccination. Cet homme s’est mis au travail dès début novembre, raconte Le Monde, en recevant les représentants des laboratoires, les syndicats de médecins, recensant sur tout le territoire les réfrigérateurs susceptibles de conserver à très basse température les nouveaux vaccins, réfléchissant aux populations prioritaires à protéger...

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Présenté comme un “élève modèle”

Sauf que la fonction de “monsieur vaccin” semble avoir été gommée de ses attributions. Le Monde explique que l’Elysée ne le présente plus que comme “un rouage parmi d’autres, tandis que le ministère de la Santé précise qu’il n’est que “pilote coordinateur” chargé d’une mission d’appui à la “task force” interministérielle.

De “monsieur vaccin”, il passe à pilote d’une équipe interministérielle censée épauler le ministère de la Santé dans la préparation de la campagne de vaccination contre le Covid-19. Pourquoi celui qui est présenté par l’Obs comme un “élève modèle” ayant suivi “le parcours parfait du brillant élève de bonne famille” semble-t-il avoir été rétrogradé d’une telle manière ?

Un CV encombrant

Alors que le profil de “monsieur vaccin” devrait être scruté dans les moindres détails, notamment par les plus sceptiques vis-à-vis du traitement, son CV semble avoir posé problème. Dans le portrait qui lui est consacré, L’Obs rappelle que Louis-Charles Viossat a alterné toute sa carrière entre “la haute fonction publique, les cabinets ministériels et le secteur privé”.

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Sorti de l’ENA en 1992, il intègre l’Inspection générale des Affaires sociales (IGAS) et travaille dans plusieurs cabinets ministériels. En 2001, il débute ses incursions dans le domaine privé. C’est l’identité de ces entreprises qui semble avoir mis un terme à ses fonctions officieuses de monsieur vaccin.

Deux passages par l’industrie pharmaceutique

En septembre 2001, il devient directeur des affaires publiques de la filiale française du laboratoire pharmaceutique américain Lilly, un rôle de lobbyste. Le laboratoire est directement impliqué dans la lutte contre le Covid-19 puisqu’il teste deux anticorps monoclonaux dans le traitement du coronavirus.

Moins d’un an plus tard, il retourne en politique en rejoignant le ministère de la Santé de Jean-François Mattéi, comme directeur de cabinet du ministre. Débarqué suite à la gestion de la canicule en 2003, il rebondit auprès du Premier ministre, Dominique de Villepin, pour qui il imagine le CPE, qui ne verra jamais le jour face à la grogne sociale. S’en suivent différentes mission jusqu’en août 2009, où il inscrit une nouvelle ligne à son CV, qui dérange aujourd’hui.

Le “petit soldat de Big Pharma”, dénonce Ruffin

Il devient alors directeur des affaires institutionnelles d’AbbVie-Abbott, entreprise biopharmaceutique américaine, où il est “chargé de superviser les lobbyistes de l’entreprise auprès des institutions européennes, des pays d’Europe de l’Ouest et du Canada” résume Le Monde. En janvier 2013, il est nommé vice-président chargé des relations gouvernementales internationales.

Autant d’expériences dans le domaine de l’industrie pharmaceutique qui font tâche, et qui n’ont pas échappé à François Ruffin. Le 26 novembre dernier, le député LFI de la Somme pointait du doigt à l’Assemblée la nomination d’un “petit soldat de big pharma”.

Un profil qui aurait fait tâche pour le “monsieur vaccin” alors que le sentiment anti-vaccin est particulièrement présent en France.

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