Comment s'explique la hausse de popularité d'Édouard Philippe ?

La cote de popularité d'Édouard Philippe est en hausse, alors que la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement est très critiquée.
La cote de popularité d'Édouard Philippe est en hausse, alors que la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement est très critiquée.

Si la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement est très sévèrement jugée par les Français, la popularité d’Édouard Philippe est en hausse, selon un sondage Ifop-Fiducial. Comment expliquer ce paradoxe ?

Alors que la gestion de la crise par le gouvernement est largement critiquée - seuls 37% des Français se déclarent confiants, selon le baromètre BVA - la cote de popularité d’Édouard Philippe est à la hausse. D’après un sondage sur les personnalités politiques, réalisé par Ifop-Fiducial pour Paris Match, le Premier ministre récolte 57% d’opinions favorables parmi les interrogés. Soit une hausse de 14 points depuis le mois de mars.

Un rôle apprécié et renforcé par la crise

Un paradoxe qui s’explique de plusieurs façons selon Jérôme Sainte-Marie, sondeur, analyste politique et président de Pollingvox. D’abord, par le rôle même de Premier ministre. “Sous la Ve République, c’est lui qui incarne le véritable responsable de l’État, plus que le président”, nous explique-t-il.

Un rôle qui a été particulièrement mis en avant au cours de la crise sanitaire. Le chef du gouvernement “est dans l’opérationnel”, rappelle Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et au Cevipof. Et “dans cette crise, qui a posé tellement de questions pratiques, celui qui incarne la gestion de la logistique est forcément d’avantage crédité que celui qui a pris la parole sur ‘le monde d’après’”, résume le chercheur.

Dans la situation que nous avons connue ces dernières semaines, “celui qui fixe les règles, qui donne les réponses et l’horizon temporelle arrive instantanément à trouver son rôle”, poursuit-il. Ce qui a été plus compliqué pour le président de la République, et explique donc, en partie, que l’opinion soit plus favorable à Édouard Philippe qu’à Emmanuel Macron.

Une personnalité stable

S’ajoute à cela la personnalité d’Édouard Philippe. Un homme qui paraît “stable dans son jugement”, en charge “du bon fonctionnement de l’administration étatique”, de quoi “rassurer les Français”, estime Jérôme Sainte-Marie. Sans oublier que, contrairement à Emmanuel Macron, l’ancien maire du Havre apparaît comme “modeste dans ses déclarations”. Il a par exemple reconnu avoir commis des erreurs, lors de la présentation du plan de déconfinement face à l’Assemblée nationale, le 27 avril dernier, nous rappelle le sondeur.

Pour Jérôme Sainte-Marie, une autre explication résiderait dans les rumeurs de ces dernières semaines rapportant des tensions entre le chef de l’État et son Premier ministre. Or, l’impopularité d’Emmanuel Macron aurait eu pour effet de faire augmenter celle d’Édouard Philippe, dès lors que le bruit d’un changement à la tête du gouvernement s’est fait entendre.

“La même situation a eu lieu à l’époque de Nicolas Sarkozy et François Fillon”, se souvient le président de Pollingvox. “Dans ces conditions, se débarrasser de son Premier ministre sans bonne raison risquerait de faire plonger la cote de popularité d’Emmanuel Macron dans les abysses”, analyse-t-il.

Attention aux questions d’opinion

“Il peut également y avoir un filtre partisan”, ajoute Bruno Cautrès. Dans un pays où “un peu plus de personnes se classent à droite qu’à gauche, les sympathisants LR et de droite ont mécaniquement une vision plus positive d’Édouard Philippe par rapport à Emmanuel Macron”, précise-t-il.

Le chercheur met toutefois en garde sur les résultats du sondage d’opinion, qui révèlent la belle cote de popularité du Premier ministre. “La ‘bonne opinion’ est un indicateur très mou”, avance-t-il, “la vraie popularité se mesure avec la question de la satisfaction face à l’action menée”. “Avoir une bonne opinion, de la sympathie ou de l’empathie ne veut pas dire être d’accord avec les choix politiques”, poursuit le spécialiste. De quoi expliquer le paradoxe entre la cote de popularité et la mauvaise image de la gestion de crise par le gouvernement. Pour Jérôme Sainte-Marie, d’ailleurs, la popularité affichée d’Édouard Philippe ne devrait pas durer.

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