Coronavirus : pourquoi fait-on davantage de cauchemars pendant le confinement ?

Coronavirus : pourquoi fait-on davantage de cauchemars pendant le confinement ?

Depuis le début de l’épidémie de coronavirus et le confinement, votre sommeil est agité, vous faites davantage de cauchemars ? Vous n’êtes pas le seul. Et il y a une explication à cette situation.

Vous l’avez sans doute remarqué ou ressenti, depuis le début du confinement, nous nous rappelons davantage de nos rêves et de nos cauchemars. Pis, ces derniers sont intimement liés à la situation que nous vivons actuellement. Rien d’étonnant à cela selon Gilles d’Ambra, auteur du Décodeur des rêves aux éditions First. “Avec le stress, notre sommeil est de mauvaise qualité. On se réveille encore plus que d’habitude dans la nuit. Il n’est pas illogique que nos rêves et nos cauchemars nous interpellent davantage”.

“Cette nuit, je me suis réveillée après un cauchemar. J’étais dans un bus qui se faisait arrêter par la police et nous devions tous montrer nos attestations. Je ne l’avais pas sur moi, j’étais en panique à l’idée de me prendre une amende alors que jusqu’à maintenant, j’ai respecté scrupuleusement le confinement”, avoue Ingrid. “Je crois connaitre la signification de ce cauchemar. Hier, pour la première fois depuis trois semaines, je suis sortie dans la rue pour soulager mes jambes. Mon mari avait imprimé plusieurs attestations à son nom. Je l’ai rayé pour mettre le mien à la place. Dans mon cauchemar, c’est comme si j’étais prise la main dans le sac alors que je n’ai rien fait de mal !”

“L’essentiel de nos rêves et de nos cauchemars tournent autour de notre quotidien. Avec le confinement, les angoisses sont amplifiées”, assure Gilles d’Ambra. Pas étonnant, donc, que certaines personnes qui travaillent dans le milieu médical anticipent leur journée. “Je cogite beaucoup par rapport à mon boulot d’infirmière”, confie Manon. “Je réfléchis à la prise en charge des patients du Covid-19 et l’organisation du service. Il faut dire que chaque jour est différent et que les recommandations changent régulièrement.” Pas surprenant, non plus, que, comme Karell, de nombreuses personnes fassent des cauchemars sur la santé de leurs proches.

Les cauchemars permettent de soulager l’esprit

Une période difficile à vivre également pour les personnes qui font du télétravail avec les enfants à la maison. “Dans mes rêves, tout se mélange, mon boulot, celui de mon mari, les devoirs de mes filles, les activités qu’on fait en famille, les lectures, les films que l’on regarde à la télévision”, affirme de son côté Laureline. “Le confinement crée un déséquilibre interne. Toute notre organisation est chamboulée. Nos repères environnementaux changent”, relève Agnès Bonnet Suard, docteur en psychologie. Une situation stressante que l’on tente, tant bien que mal, d’affronter.

Et puis, il y a aussi ceux qui ont peur de manquer de quelque chose. “De mon côté, j’ai rêvé que je perdais du bois que je venais de ramasser”, ironise le spécialiste des rêves. “Beaucoup de cauchemars tournent autour de la perte ou du manque. Cela symbolise une situation d’insécurité.” À cela se mélangent les monstres que l’on peut voir dans les séries. “Il y a plein de séries médicales et apocalyptique qui tournent en ce moment. On en retrouve des bribes dans nos cauchemars.”

Conséquences : les nuits agitées et pour le moins épuisantes. Mais cela n’est pas inquiétant pour autant. “C’est un mauvais moment mais pas une mauvaise vie”, analyse Gilles d’Ambra. “Les cauchemars laissent certes un goût amer, mais c’est aussi une manière de sortir toutes les saloperies que l’on a dans notre tête. Cela permet de nous libérer, d’extérioriser nos angoisses.”