Coronavirus : "Certaines personnes âgées vont se laisser mourir", prévient un médecin

Pour les personnes âgées dépendantes, le confinement pourrait avoir des conséquences dramatiques.

Pour les personnes âgées dépendantes, les mesures de confinement actuellement en vigueur posent problème : coupées de leurs liens et de leurs habitudes, certaines d’entre elles pourraient se retrouver en danger de mort.

Médecin généraliste dans un petit village d’Eure-et-Loir, le docteur Lydie Moronvalle tire la sonnette d’alarme. Selon elle, les mesures de confinement en vigueur depuis une semaine dans le pays, qui seront très probablement prolongées, risquent de créer d’importants dommages collatéraux chez les personnes âgées dépendantes.

En effet, les consignes qui imposent de limiter les contacts et les visites vont avoir pour effet, presque mécaniquement, de créer des conditions d’isolement particulièrement dangereuses. “Certaines personnes âgées ne vont pas mourir du coronavirus mais vont mourir d’autres choses ou se laisser mourir”, résume le docteur Moronvalle, qui a déjà pu observer ce phénomène, appelé “syndrome du glissement”, chez certains de ses patients.

“Elle attendait le passage de ses enfants pour s’alimenter”

“Ce mardi, je suis allée voir une patiente dont la fille n’avait plus de nouvelles depuis la veille, raconte la généraliste, citée par Sud Ouest. Elle pensait qu’elle ne s’alimentait plus et qu’elle était peut-être tombée. Quand je suis arrivée chez elle, la dame était perdue car elle n’écoute pas les informations et ne comprenait pas pourquoi ses enfants, qui font ses courses et remplissent son frigo, ne venaient plus la voir tous les jours. Elle attendait leur passage pour s’alimenter.”

“Les gestes pratiqués chaque jour par les aidants pour les personnes dépendantes, comme l’aide au lever au coucher, à l’alimentation, sont des actes de survie, confirme Véronique Cayado, docteure en psychologie et spécialiste du vieillissement, également citée par le quotidien régional. Le manque de lien social, la sédentarité sont des facteurs de risque pour la santé qui génèrent une accélération dans la perte des capacités physiques, comme l’équilibre, et cognitives, dès lors qu’il n’y a pas de stimulation.”

Un problème épineux.. qui risque de s’aggraver avec la prolongation du confinement

Or, dans la période actuelle, ces actes de survie vont être de plus en plus rares : tandis que les proches sont priés d’éviter au maximum les contacts, “des aidants envisagent d’exercer leur droit de retrait, en particulier parce qu’ils n’ont pas de masques de protection, et parmi le personnel soignant, certaines personnes tombent aussi malades”, comme l’explique Lydie Moronvalle.

Membre du Centre communal d’action sociale (CCAS) du Mans, Franck Forget partage ces inquiétudes : “Les associations et clubs de retraités ont fermé et il y a plus de gens en détresse. Il y a un plus fort risque de dépression et d’angoisse pour les personnes âgées isolées au fur et à mesure qu’elles perdent leurs contacts sociaux”. Particulièrement épineux, ce problème risque en plus de s’aggraver au fil de la prolongation du confinement...