Coronavirus à New York : "Ici, pas besoin d'attestation, rien n'est interdit"

Dans l'Etat de New York, le Covid-19 frappe durement la population : plus de 4000 personnes ont été emportées par le virus

Alors que les Français sont confinés depuis 21 jours, comment les Américains vivent-ils l'épidémie de Covid-19 ? Le confinement est-il aussi strict là-bas qu'en France ? Des habitants de New York et Los Angeles nous racontent.

Depuis le 19 mars et le début du confinement en Californie, la météo est comme souvent fabuleuse à Los Angeles. Pourtant, personne ne peut profiter des belles et grandes plages de la cité des Anges. Comme de nombreux sentiers de randonnées de la ville, elles sont désormais fermées au public, en raison des dérives constatées les premiers jours. "Au départ, les plages étaient bondées malgré le confinement, se souvient Lauren, 35 ans, productrice de séries TV qui vit dans le quartier de Sherman Oaks, à quelques "miles" d'Hollywood et de ses studios de cinéma. Il y avait des gens partout. Cela a incité les autorités à durcir les mesures".

Les recommandations fédérales étant quasi-inexistantes, c'est le gouverneur de Californie, le démocrate Gavin Newsom, qui a décidé de fermer les écoles, les lieux publics, et de réduire les restaurants à la formule livraison + vente à emporter.

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Si le message - #stayhome - est le même qu'en France, ce confinement "made in USA" a quelques différences. "Aux États-Unis, on compte sur l'honnêteté de la population pour respecter les consignes, explique Lauren. Du coup il n'y a pas de police dans les rues pour surveiller et sanctionner". Ce fonctionnement a quelques limites puisque, sans la crainte d'être contrôlées, de nombreuses sociétés "non indispensables" à la vie du pays continuent à travailler malgré tout. Business is business. "Elles ont peur de perdre de l'argent, fait remarquer Lauren. Du coup, les autorités menacent désormais de leur couper l'eau et l'électricité."

À Los Angeles, les gens sont de plus en plus effrayés par le virus

Bientôt au chômage partiel - "car le milieu du cinéma et des séries TV est complètement à l'arrêt" -, Lauren vit dans un petit appartement avec son mari et son fils de 8 mois, sort de chez elle seulement une fois par jour, juste ce qu'il lui faut "pour ne pas devenir dingue". "Avec mon bébé, je vais me balader dans un grand parc juste à côté de la maison, confie la trentenaire. On y croise de moins en moins de monde, parce que même si les chiffres ne sont pas vraiment inquiétants en Californie, les gens sont de plus en plus effrayés par le virus. Ils sont terrifiés de voir ce qu’il se passe à New York, où les cas graves se multiplient".

Si tu veux te balader et rester dans la rue toute la journée, tu peux

À New York justement, Tom y vit depuis 5 ans. Et au quotidien, il ne sent pas de grande différence avec le confinement californien, malgré le nombre de décès grandissant (plus de 2400 intra-muros). "Ici aussi, pas besoin d'attestation, rien n'est interdit, si tu veux te balader et rester dans la rue toute la journée, tu peux”, explique ce graphiste vidéo français de 30 ans, installé dans le quartier de Boerum Hill à Brooklyn. “Avec ma compagne, je sors 20 minutes par jour pour m'aérer. Et je croise au moins 100 personnes sur mon chemin".

Comme en France, les gens doivent faire la queue pour faire leurs courses et certains supermarchés réservent des créneaux horaires aux seniors, et comme en France, la population fait face à une pénurie de masques et de gel hydroalcoolique pour se protéger. "Je viens à peine d'obtenir des masques, se réjouit Tom. Grâce...à un colis que m'a envoyé ma mère depuis la France !"

"J'ai 6 potes qui sont partis de New York il y a 3 semaines

Comme à Paris, de nombreux New Yorkais ont également quitté la mégalopole pour se réfugier au vert. "J'ai 6 potes qui sont partis de New York il y a 3 semaines pour s'installer tous ensemble dans une maison à la campagne, raconte le trentenaire. Ils avaient plus peur d'être confinés dans des appartements minuscules que d'attraper le virus. Ils m'ont proposé de venir mais j'ai préféré rester chez moi à Brooklyn. Je suis asthmatique donc je fais super attention, je n'ai pas voulu prendre le risque de me retrouver infecté loin de la ville et loin d'un hôpital".

L'hospitalisation, c'est LE grand problème actuel des USA, où 27 millions de personnes n'ont pas d'assurance maladie. "À Los Angeles, le test de dépistage du Covid-19 est gratuit pour tout le monde, mais si tu n'as pas d'assurance, tu vas devoir payer une fortune à l'hôpital pour te faire soigner, déplore Lauren.

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Du coup, beaucoup de gens ont des symptômes mais ils restent à la maison faute de moyens financiers". Selon Time Magazine ou encore Business Insider, la facture d'une hospitalisation d'environ 6 jours se situe en effet entre 34 000 et 73 000 dollars. À ce prix-là, pour beaucoup, il sera impossible de lutter contre le virus, qui a déjà tué plus de 9000 personnes sur le sol américain.