Coronavirus: Macron réunit deux conseils de défense, des scénarios de durcissement à l'étude

CORONAVIRUS: MACRON RÉUNIT DEUX CONSEILS DE DÉFENSE, DES SCÉNARIOS DE DURCISSEMENT À L'ÉTUDE

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - Les autorités françaises étudient des scénarios visant à durcir les restrictions destinées à freiner la flambée épidémique liée au nouveau coronavirus, a-t-on appris lundi auprès de sources proches des réflexions en cours, alors qu'Emmanuel Macron va réunir deux conseils de défense sur le sujet.

Signe de l'urgence sur ce dossier qui inquiète toute l'Europe, l'entourage d'Emmanuel Macron a fait savoir qu'une visite présidentielle mardi au Creusot (Saône-et-Loire) était annulée. L'Elysée a annoncé dans la foulée l'organisation, mardi et mercredi, de deux conseils restreints de défense et de sécurité nationale, instance décisionnaire de l'exécutif, consacrés au COVID-19.

A l'issue du premier, le Premier ministre Jean Castex consultera les forces politiques (présidents des deux chambres du Parlement, chefs de partis, présidents des groupes parlementaires, associations d’élus), puis les partenaires sociaux.

En fin de semaine dernière, Emmanuel Macron avait invité les Français à "tous jouer un rôle" dans la lutte contre l'épidémie tout en évoquant de nouvelles mesures contraignantes face à un virus avec lequel il faudra vivre "au moins jusqu'à l'été". [nL8N2HE6GJ]

Dans un pays où les gestes barrières sont devenues la règle, les autorités imposent depuis une dizaine de jours un couvre-feu local, étendu à de nouveaux départements depuis ce week-end, qui interdit de sortir entre 21h00 (19h00 GMT) et 06h00, ce qui en fait l'un des plus stricts d'Europe.

Deux sources industrielles en contact avec le gouvernement ont fait savoir à Reuters que parmi les scénarios envisagés figurent une avancée de l'heure du couvre-feu et un confinement durant le week-end sauf pour les déplacements essentiels.

Selon ces mêmes sources, les mesures pourraient s'appliquer en région parisienne, à Marseille et à Lyon, trois zones particulièrement affectées par le virus.

RECORD DE CONTAMINATIONS

Selon une troisième source, proche du gouvernement, ces mesures ne font que figurer au nombre des scénarios envisagés, appelés à être présentés à Emmanuel Macron.

"Cela fait partie des propositions et scénarios qui seront certainement présentés au président de la République au conseil de défense mais il ne faut présager de rien de ce qui va être décidé. D'autres choses pourront être proposées, des versions maximalistes et minimalistes, cela se fera en fonction de la circulation du virus localement", a dit cette source à Reuters.

L'épidémie a fait plus de 34.000 morts en France où le nombre de contaminations journalières a franchi dimanche la barre des 52.000, un record.

Le président du conseil scientifique dont l'avis influence les décisions de l'exécutif, Jean-François Delfraissy, a évoqué lundi sur RTL "une situation très difficile, voire critique".

Le médecin a avancé deux hypothèses : soit "un couvre-feu plus massif à la fois dans ses horaires et dans son étendue, également mis en place par exemple le week-end", soit "un reconfinement" rapide, "moins dur que celui du mois de mars (...) qui permet à la fois le travail, qui doit s'accentuer en télétravail, et permettrait de conserver une activité scolaire et une activité économique".

Jean Rottner, médecin et président du conseil régional du Grand Est, a déclaré pour sa part sur BFMTV avoir "la certitude" d'un reconfinement, tout en émettant le souhait qu'il soit moins strict qu'au printemps, lorsqu'il avait mis le pays à l'arrêt pendant deux mois.

Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a jugé sur RMC qu'un reconfinement total - une option qu'Emmanuel Macron et Jean Castex ont toujours écartée jusqu'ici - provoquerait "un écroulement de l'économie française".

(Edité par Bertrand Boucey)