Coronavirus: L'Italie mobilise son armée face aux cadavres qui s'accumulent

CORONAVIRUS: L'ITALIE MOBILISE SON ARMÉE FACE AUX CADAVRES QUI S'ACCUMULENT

par Elvira Pollina et Agnieszka Flak

MILAN (Reuters) - L'Italie a mobilisé son armée pour évacuer les cadavres des victimes du nouveau coronavirus à Bergame, ville située en plein coeur du principal foyer épidémique dans le pays et dont les services funéraires sont débordés.

Des images filmées par des habitants de la cité lombarde au nord-est de Milan et diffusées sur le site du journal local Eco di Bergamo montrent une longue colonne de véhicules militaires circuler de nuit dans les rues de la ville et récupérer des cercueils dans le cimetière.

Un porte-parole de l'armée a confirmé jeudi que 15 camions et 50 soldats avaient été déployés pour transférer ces corps vers des provinces voisines. Les autorités locales de Bergame avaient auparavant lancé un appel à l'aide pour procéder aux crémations des corps des victimes, le crématorium de la ville étant débordé.

L'Italie a fait état mercredi de la plus forte augmentation quotidienne du nombre de morts dus au coronavirus avec 475 décès supplémentaires en un jour, pour un total de près de 3.000 depuis que l'épidémie a débuté dans le pays fin février après son déclenchement en décembre en Chine.

Il y a eu plus de 300 morts supplémentaires dans la seule Lombardie, où se situe la province de Bergame, la plus touchée avec plus de 4.000 cas de contamination.

L'Italie a imposé le confinement à sa population et, face à un bilan qui ne cesse de s'alourdir, le président du Conseil, Giuseppe Conte, a déclaré que ces restrictions seraient prolongées.

Les images des camions de l'armée évacuant des cadavres illustrent la rupture à laquelle semble parvenir le système de santé italien, en particulier dans les régions du nord du pays les plus durement touchées.

Giacomo Angeloni, responsable des cimetières de Bergame, a déclaré cette semaine que le crématorium de la ville fonctionnait en permanence, incinérant 24 corps par jour, soit quasiment deux fois plus que le maximum habituellement prévu, et qu'il ne pourrait pas tenir ce rythme.

Alors que les morgues débordent, les bancs de la chapelle du crématorium ont été enlevés pour faire de la place mais les cercueils arrivent chaque jour en plus grand nombre.

Le gouverneur de la Lombardie, Attilio Fontana, a déclaré que les médecins et les infirmières dans les hôpitaux de la région étaient à bout de forces.

"Je suis inquiet de la possibilité qu'ils puissent succomber physiquement et psychologiquement parce que s'ils succombaient, ce serait vraiment une catastrophe", a dit Attilio Fontana à Radio Capital.

(Avec James Mackenzie à Milan et Angelo Amante à Rome; version française Bertrand Boucey, édité par Jean-Michel Bélot)