Coronavirus: L'Indonésie paie le plus lourd tribut en Asie derrière la Chine

CORONAVIRUS: L'INDONÉSIE PAIE LE PLUS LOURD TRIBUT EN ASIE DERRIÈRE LA CHINE

par Maikel Jefriando, Bernadette Christina Munthe et *

DJAKARTA (Reuters) - L'Indonésie est devenue jeudi, avec 170 victimes, le deuxième pays d'Asie ayant enregistré le plus de décès liés au coronavirus, derrière la Chine où l'épidémie a fait plus de 3.300 morts et devant la Corée du Sud, où 169 décès ont été recensés.

Selon le bilan diffusé jeudi par les autorités indonésiennes, 1.790 cas de contamination ont été enregistrés dans l'archipel, le quatrième pays le plus peuplé du monde avec près de 270 millions d'habitants.

Mais selon des épidémiologistes, le nombre de cas pourrait être largement sous-évalué, en raison du faible nombre de tests réalisés.

Diverses projections réalisées par des chercheurs britanniques estiment que le nombre réel de personnes contaminées en Indonésie serait plutôt compris entre 22.000 et 37.000, voire voisin de 80.000 pour la simulation la plus sombre.

Un mois après l'annonce du premier cas de contamination en Indonésie, plusieurs experts et responsables politiques se sont inquiétés de la lenteur du gouvernement du président Joko Widodo à mettre en place des mesures visant à enrayer la propagation du virus.

Craignant que la progression de l'épidémie ne soit accélérée par le déplacement de millions d'Indonésiens à travers l'archipel lors du ramadan, le gouvernement du premier pays musulman du monde a annoncé jeudi que de l'argent serait distribué aux familles pauvres afin de les inciter à ne pas quitter la capitale Djakarta.

Des dizaines de millions d'Indonésiens retournent chaque année célébrer la fin du ramadan dans leur ville ou village d'origine, un véritable exode appelé "mudik" qui devrait avoir lieu cette année à la fin du mois de mai.

Avec ce programme, le gouvernement entend "limiter la dispersion des voyageurs de mudik", a expliqué le ministre des Affaires sociales Juliari Batubara après un conseil des ministres.

Si le gouvernement n'a pas été jusqu'à interdire le mudik comme souhaité par certains experts, des responsables ont précisé que les Indonésiens souhaitant voyager à cette occasion devraient passer un examen médical.

Lors de ce conseil des ministres, le président Joko Widodo a déclaré qu'il envisageait la création d'un jour férié supplémentaire pour inciter les Indonésiens à prendre des congés plus tard dans l'année.

Le gouvernement indonésien n'a pas mis en place de confinement généralisé, comme l'ont fait les Philippines ou la Malaisie par exemple, mais il a autorisé mercredi les autorités locales à imposer des fermetures d'écoles ou des limitations des rassemblements religieux.

Le gouverneur de Djakarta Anies Baswedan a quant à lui estimé que des mesures plus drastiques étaient nécessaires pour tenter de contenir le virus, y compris des contrôles renforcés des déplacements dans la capitale et ses environs.

(Avec Fransiska Nangoy, Agustinus Beo Da Costa et Nilufar Rizki ; version française Myriam Rivet, édité par Nicolas Delame)