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Coronavirus : indignation après les propos de Didier Lallement sur les patients en réanimation

Didier Lallement, préfet de police de Paris

Pour le préfet de Paris, les patients en réanimation sont ceux qui n’ont “pas respecté” le confinement.

Pour inciter les Parisiens à ne pas partir en vacances et à respecter le confinement, Didier Lallement a (encore) choisi de marquer les esprits. Voire de choquer.

Lors d’une opération de communication autour des contrôles mis en place à l’occasion des vacances de Pâques, le préfet de Paris a estimé, vendredi 3 avril, que “ceux qui sont aujourd’hui hospitalisés, ceux qu’on trouve dans les réanimations, désormais aujourd’hui, ce sont ceux qui au début du confinement, ne l’ont pas respecté, c’est très simple. Il y a une corrélation très simple”.

La séquence, diffusée en direct sur les chaînes infos, a notamment été isolée par un journaliste de BFM.

La séquence, devenue virale sur les réseaux sociaux, indigne de nombreux internautes. “Ma nièce est malade. Elle a fait son travail à domicile avec le confinement mais son employeur lui a imposé de maintenir les rdv à l’extérieur”, témoigne une internaute, indignée des propos du préfet.

Des propos qui indignent notamment chez les figures des gilets jaunes, dont François Boulo.

Plusieurs hommes politiques se sont également indignés. “Les mots manquent pour qualifier cet ignoble personnage”, a lancé Sergio Coronado, ancien député EELV, tandis que le député LFI Bastien Lachaud dénonce de “nouveaux propos ignobles”. Jean-Luc Mélenchon, leader du groupe LFI, dénonce des propos “Ecoeurants” sur Twitter.

Le préfet “regrette” ses propos

D’autant que, selon plusieurs spécialistes, la “corrélation très simple” est fausse. “C'est inadmissible de dire des choses pareilles ne reposant sur aucun élément scientifique ou épidémiologique et stigmatisant pour des gens qui souffrent et sont victimes d'une maladie grave”, s’indigne auprès du Parisien Jean-Daniel Lelièvre, épidémiologiste à l'Institut Mondor de recherche biomédicale.

Des mots qui embarrasseraient jusqu’au sommet de l’État. “Ce propos du préfet de police est inexact", confie au Parisien l’entourage du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. Dans un communiqué, le préfet “regrette les propos qu’il a tenu ce matin (...), expliquant que son intention n’était pas d’établir un lien direct entre le non-respect des consignes et la présence de malades en réanimation. Il s’agissait de rappeler la nécessité d’une stricte application du confinement dans cette période, pour la protection de la santé de chacun”.

Malgré ce rétropédalage du préfet, les mots ont choqué. Sur BFMTV, le professeur Frédéric Adnet, du Samu de Seine-Saint-Denis, appelle à la démission du préfet, jugeant ses propos “scandaleux”.

Sous le hashtag #lallementdemission, plusieurs internautes réclament le départ du préfet controversé depuis plusieurs mois, comme le président de l’Agora des Citoyens, de la Police et de la Justice, qui évoque “sa honte” des propos du préfet.

Un appel à la démission notamment relayé par le député européen Younous Omarjee (LFI) : “Un préfet de la République qui s’autorise à cracher sur les morts et les malades du coronavirus. Honte absolue pour lui et ceux qui le soutiennent encore. Un seul mot : Démission”, écrit-il sur Twitter.

Didier Lallement est régulièrement critiqué pour sa doctrine du maintien de l’ordre, notamment depuis son arrivée à Paris, en mars 2019, en pleine crise des gilets jaunes. Récemment, les violences policières lors d’une manifestation féministe, en marge de la journée internationale des droits des femmes, a fait polémique. Le tout quelques heures après une enquête de Mediapart sur les pratiques “illégales” du préfet Lallement