Inde, Russie : les nouveaux épicentres du coronavirus ?

En Inde, le coronavirus touche toujours plus de monde. Le pays a pourtant commencé à assouplir son confinement dans certaines zones.
En Inde, le coronavirus touche toujours plus de monde. Le pays a pourtant commencé à assouplir son confinement dans certaines zones.

L’Inde et la Russie sont très sévèrement touchées par le nouveau coronavirus, battant des records de contamination. Pourtant, les deux pays ont choisi d’assouplir le confinement.

Le nouveau coronavirus n’a cessé de se déplacer depuis qu’il a été repéré pour la première fois à Wuhan, en Chine. Chaque zone géographique avance, depuis, à son propre rythme. Après avoir frappé violemment une partie de l’Asie, le Covid-19 a touché durement l’Europe, puis les États-Unis. C’est désormais au tour de l’Inde et de la Russie d’enregistrer un nombre de cas impressionnant.

Si leur gestion de la crise a été bien différentes, les deux pays ont tout de même un point commun : ils se sont lancés dans un relâchement du confinement, alors même que le pic de contaminations ne semble toujours pas atteint.

Des déplacements dans tout le pays

L’Inde vient d’ailleurs d’enregistrer le plus grand nombre de contaminations en 24 heures avec 5 242 nouveaux cas. La veille, ce chiffre s’élevait déjà à 4 500. Selon les dernières informations, le pays compte donc en tout 96 492 malades et 3 041 morts des suites du Covid-19.

L’Inde avait été relativement épargnée jusqu’à la fin du mois de mars, enregistrant un peu moins de 2 000 contaminations le 1er avril. Puis l’épidémie a gagné du terrain, faisant grimper à 35 000 le nombre de cas le 30 avril. Depuis, ce chiffre a presque été multiplié par trois, en moins de trois semaines.

Mais la situation risque encore d’empirer. Car le confinement, instauré le 24 mars et prolongé ce 17 mars pour la quatrième fois, s’est relâché depuis le 4 mai dernier. Le gouvernement a notamment autorisé les travailleurs migrants à rentrer chez eux, aux quatre coins du pays. Ce qui a causé de nombreux déplacements ces dernières semaines - même si seule une partie à pu se déplacer - et pourrait notamment expliquer la hausse des contaminations, selon The Indian express.

Un système “en train d’exploser”

Les activités liées à l’agriculture ont également pu reprendre, tout comme les auto-entrepreneurs, mais uniquement dans les zones où le virus est le moins présent. L’Inde s’appuie, comme la France, sur un système de couleurs. Depuis le 17 mai, les restaurants peuvent à nouveau servir à emporter et les stades et autres complexes sportifs sont à nouveau autorisés à accueillir des événements, sans public.

Autre explication concernant la hausse des cas de Covid-19, un système de tests en drive a été mis en place durant le week-end du 16 et 17 mai, dans l’État de Gujarat. Plus de 700 cas y ont été découverts, parmi lesquels de nombreux travailleurs revenus chez eux ces dernières semaines.

Bombay reste la ville la plus durement touchée, avec 17 000 cas détectés et un système sanitaire “en train d’exploser”, comme l’a décrit auprès de l’AFP Deepak Baid, médecin spécialiste des soins intensifs. Depuis la fin du mois d’avril, les hôpitaux de la ville sont débordés au point de devoir refuser des patients. Ce qui laisse présager du pire pour les semaines à venir.

Des chiffres sous-estimés ?

La situation de la Russie n’est pas forcément plus rassurante. Mi-mai, elle est devenue le deuxième pays le plus touché, après les États-Unis. Jusque-là, son schéma était très similaire à celui de l’Inde. Très peu de cas ont été recensés jusqu’à la fin du mois de mars, qui s’est clos avec moins de 2 000 contaminations. Un chiffre qui a atteint 106 000 le 30 mars. Depuis, il a presque triplé. Les derniers chiffres font état de 290 678 contaminations, et 2 722 morts des suites du Covid-19.

Et ils pourraient bien être très loin de la réalité. Selon le maire de Moscou lui-même, le nombre de cas dans la capitale serait trois fois plus élevé qu’officiellement. Comme le rapport The Times, Anastasia Vasilieva, la présidente de l’Alliance des médecins, explique que certains hôpitaux ne font pas de tests de coronavirus aux patients qui viennent avec une pneumonie, tandis que d’autres effectuent bien les tests mais ne déclarent pas les résultats.

Outre le nombre de contaminés, les morts seraient également largement sous-estimés selon plusieurs experts occidentaux, notamment en raison d’une méthode de comptage douteuse. Selon le Financial Times, le nombre de morts pourrait même être 70% plus élevé qu’annoncé.

Des tests défaillants ?

Le gouvernement russe réfute ses accusations. Selon lui, le faible taux de létalité du pays s’explique par le fait que l’épidémie y est arrivée plus tard, lui laissant le temps de se préparer.

Ces bons chiffres seraient aussi dus à un nombre de tests massif - 7,1 millions, selon l’agence de presse russe Tass - ce qui permettrait à la fois une prise en charge précoce et un isolement rapide pour casser les chaînes de contamination. Mais cette politique est remise en cause par l’efficacité des tests, qui laisserait à désirer : le département de la Santé de Moscou a dévoilé qu’ils se révélaient négatifs lorsqu’une personne était à la fin de la maladie.

Malgré des chiffres encore inquiétants, Vladimir Poutine a décidé de mettre fin à la période chômée le 12 mai, ainsi qu’au confinement strict, appelant à une réouverture des entreprises “partout où c’est possible”. Avec toutefois certaines restrictions locales, notamment à Moscou. De quoi, là encore, s’interroger sur la suite, même si la Russie semble voir le bout du tunnel : ce 18 mai, elle a enregistré 8 926 nouveaux cas, soit le chiffre le plus bas depuis le début du mois de mai.

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