“On se sent oubliés par le gouvernement” : l'inquiétude des guides-conférenciers après le coronavirus

Mobilisation des guides-conférenciers devant le ministère de l'Economie et des Finances.

Plusieurs dizaines de guide-conférenciers se sont réunis jeudi devant le ministère de l’Économie et des Finances pour tenter de se faire entendre du gouvernement, alors qu’ils font face à la baisse du tourisme.

Ils ont symboliquement fait sonner leur réveil devant le ministère de l’Économie pour se faire entendre du gouvernement. Depuis le mois de mars, les guides-conférenciers ne travaillent plus pour la plupart, la faute au confinement puis à l’absence de touristes étrangers en France. Contrairement à de nombreuses autres professions, les guide-conférenciers n’ont pas vécu le déconfinement comme une délivrance.

L’activité professionnelle reste au point mort. “En septembre, je n’ai que quatre missions prévues, soit huit heures de travail”, nous confie Sylvie. Si le manque d’activité les inquiète, ce n’est pourtant pas ce qui les a poussés à se mobiliser depuis la fin du confinement.

“On se sent oubliés par le gouvernement”

Depuis plusieurs mois, ils alertent le gouvernement sur leur situation. “On se sent oubliés par le gouvernement dans le plan tourisme. On travaille dans l’ombre, on est les petites mains de la culture, donc on est mis de côté”, ajoute Sylvie.

Auto-entrepreneurs pour beaucoup, salariés pour certains, ils s’inquiètent de ne pas bénéficier d’une année blanche, comme les intermittents, et donc de voir leurs allocations chômages arriver à leur terme, en décembre.

“Macron a dit qu’il n’y aurait pas de laissé pour compte”

Camille, salariée, envisage le pire, alors que les projections montrent que le tourisme international ne devrait pas reprendre avant de nombreux mois. “J’ai des allocations chômage, jusqu’en décembre, mais que je ne peux pas recharger mes droits vu que l’activité est au point mort. Après décembre, c’est le grand saut dans l’inconnu. Emmanuel Macron a dit qu’il n’y aurait pas de laissés-pour-compte, que personne ne resterait au bord de la route. Moi je vais être au bord de la route, beaucoup de gens vont l’être”, s’inquiète Camille, qui envisage une reconversion.

Problème, s’inquiète-t-elle, son âge, 47 ans. “Les aides du gouvernement envers les entreprises sont dirigées vers les jeunes. Quelle entreprise va recruter quelqu’un de 47 ans en reconversion ?”, s’interroge Camille.

“Je vais devoir prendre un deuxième emploi”

Une inquiétude partagée par Sylvie, qui touche 1 500 euros d’aides par mois, jusqu’en décembre. Avec mes 8 heures de travail par mois, comme en septembre, ça me fait une centaine d’euros par mois. Si l’activité ne reprend pas, je vais devoir prendre un deuxième emploi en janvier pour pouvoir survivre. J’ai été vendeuse pendant mes études, je pense le redevenir, c’est une vrai crève-coeur”, nous confie Sylvie.

Une situation que connaît déjà Martin. “Je n’ai pas de travail depuis mars, mis à part quelques visites très rares. Heureusement que j’ai des boulots alimentaires à coté pour survivre. Je ne m’attends pas à une reprise normale avant 2022”, nous confie le jeune guide conférencier.

Ils réclament une année blanche

Si les aides s’arrêtent comme prévu en décembre, leur situation serait d’autant plus compliquée que les tous premiers mois de l’année ne sont pas une période très prolifique pour les guide-conférenciers. “Janvier, février et mars sont traditionnellement des périodes d’activité creuses pour nous”, nous explique Camille, guide-conférencière auprès de touristes japonais. “Même si l’activité reprend, il n’y aura pas de travail pour tout le monde. Les guides qui travaillent avec la clientèle asiatique, dont les pays imposent des quatorzaines au retour de l’étranger, risquent d’avoir du mal à travailler”, s’inquiète-t-elle.

Alors que la France est une destination interdite par plusieurs pays, les touristes étrangers pourraient bien ne pas revenir avant de longs mois dans l’Hexagone. Face à cette situation, les guide-conférenciers réclament une année blanche, de quoi prolonger les allocations chômage jusqu’au retour des touristes. Selon une enquête de la Fédération nationale des guides, 45% d'entre eux prévoient aujourd'hui de changer d’activité.