Coronavirus en France: un tiers des clusters en cours d'investigation proviennent d'établissements scolaires et universitaires

Un cours à l'université (Photo d'illustration). - JEFF PACHOUD
Un cours à l'université (Photo d'illustration). - JEFF PACHOUD

Les établissements scolaires et universitaires sont-ils responsables de la propagation du virus sur le territoire national, et donc de l'apparition de nouveaux foyers épidémiologiques? La question se pose, alors que le nombre de cas explose un peu partout en France depuis la rentrée scolaire. Selon les données de Santé Publique France, les écoles et les universités font désormais partie des principaux lieux d'identification de nouveaux clusters.

Le dernier bilan épidémiologique de Santé Publique France, rapportait jeudi dernier que 285 des 899 foyers épidémiologiques en cours d'investigation en France entre le 9 mai et le 21 septembre avaient été identifiés en milieu scolaire et universitaire, ce qui représente 32% de l'ensemble des clusters en cours d'investigation sur le territoire.

"C'était inévitable"

L'Éducation nationale et l'Enseignement supérieur sont ainsi devenus les principaux lieux où sont détectés de nouveaux foyers en France, devant les entreprises (qui recensent 195 foyers épidémiologiques en cours d'investigation). Sur l'ensemble des clusters identifiés en revanche, les entreprises restent le premier type de collectivité touchée (avec 26%), contre 16% pour le milieu éducatif.

Au sein de l'Éducation nationale, les chiffres tendent à rassurer, depuis l'assouplissement des règles censé limiter le nombre de fermetures de classes. Selon les derniers chiffres officiels, 19 établissements scolaires et 1152 classes étaient fermées vendredi dernier, contre 90 écoles, collèges ou lycées et quelque 2000 classes la semaine précédente. Des chiffres dont s'est plutôt réjoui le ministre Jean-Michel Blanquer, vendredi sur Franceinfo.

Le constat est plus alarmant du côté du monde universitaire. Après la découverte de deux foyers épidémiologiques à l'université de Bourgogne vendredi dernier, 900 étudiants ont été appelés à rester chez eux. Par mesure de précaution, deux promotions vont donc être contraintes de suivre les cours en distanciel, comme le rapporte ce mardi France Bleu Bourgogne-Franche-Comté.

"En cette période de crise sanitaire, la quinzaine (d'isolement, ndlr), on savait qu'elle arriverait. Là, nous avons 600 premières années de psychologie et plusieurs centaines d'étudiants en troisième année de médecine, c'était inévitable", déplore auprès de nos confrères Clara Privé, responsable des questions sociales et universitaires de l'Unef régionale.

Une quinzaine d'établissements déjà concernés

Le 19 septembre dernier, Sciences Po Paris a également été contraint de fermer son campus jusqu'au 4 octobre en raison de deux cas de contamination parmi les élèves. Même scénario à l'École Centrale de Lyon, où plus de 250 élèves ont été testés positifs mardi dernier, ou encore à l'EM Strasbourg, où une quarantaine d'élèves ont contracté le virus, selon les informations des Dernières Nouvelles d'Alsace.

Le syndicat Unef confiait à l'AFP, le 14 septembre dernier, qu'une quinzaine d'établissements avaient été contraints de suspendre leurs cours en présentiel depuis le début de la rentrée scolaire: "Sciences Po Reims, l'Ecole des mines de Nancy, l'Ecole centrale à Lyon, l'ICAM à Toulouse, l'université de Nantes en 2e et 3e année de médecine, Sciences Po Lille, l'université catholique de Lille, l'IAE de Marseille, l'université d'Amiens, l'université Rennes I, l'université de Nice, de Poitiers et de Bordeaux".

"Nous avons une dizaine de cas par semaine sur 25.000 étudiants depuis début septembre, et ce sont à chaque fois des cas isolés", témoigne sur BFM Paris François Germinet, président de CY Cergy Paris Université, qui explique qu'une politique de distanciation sociale a pourtant été mise en place par l'établissement, avec une place libre sur deux dans les salles de cours.

Les rassemblements extra-scolaires en cause?

"Rien ne dit que les contaminations se fassent au sein des universités", assurait pourtant la ministre de l'enseignement supérieur ce mardi. Selon Frédérique Vidal, la forte circulation du virus dans ces établissements se fait hors du cadre pédagogique: "ce ne sont pas des clusters par promotion, ce sont des clusters par groupes d’amis".

À la mi-septembre, après avoir reçu les associations étudiantes, la ministre Frédérique Vidal assurait déjà: "les dernières données confirment que la multiplication de nouvelles contaminations est majoritairement liée à des rassemblements privés (soirée étudiante, privatisation de bars...) associés à un relâchement des consignes sanitaires notamment des gestes barrières".

À l'antenne de BFM Paris également, le président de l'université de Cergy dit espèrer pouvoir maintenir les cours en présentiel le plus longtemps possible, car selon lui, les contaminations sont liées à "tout ce qu'il y a autour de l'université", c'est-à-dire "les transports en commun, les bars, les restaurants, les lieux de socialisation qui sont des vecteurs de transmission du virus".

Plusieurs syndicats étudiants reprochent à l'éxécutif de ne pas donner aux universités les moyens nécessaires pour que les étudiants puissent respecter les gestes barrières. Pour la Fage, premier syndicat étudiant, "il y a certes une responsabilisation individuelle mais il faut aussi une responsabilisation collective. Il faut qu'on dote les établissements de manière à ce qu'ils aient les moyens d'assurer les cours".

"Certains étudiants n'ont pas de masques, dans les amphis on compte parfois des centaine de jeunes... On a proposé de développer les centres de dépistage (au sein des universités ou des Crous)", a expliqué à l'AFP Paul Mayaux, vice-président de l'organisation étudiante.

Article original publié sur BFMTV.com