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Coronavirus : les États-Unis pourront-ils se relever après la crise ?

Alors que le coronavirus frappe fort aux États-Unis, une crise économique grave se profile d'ores et déjà, avec un nombre de chômeurs impressionnant en seulement deux semaines.
Alors que le coronavirus frappe fort aux États-Unis, une crise économique grave se profile d'ores et déjà, avec un nombre de chômeurs impressionnant en seulement deux semaines.

Alors que la crise sanitaire liée au coronavirus frappe la plupart des pays, une crise économique d’ampleur se prépare. Les États-Unis risquent d’être particulièrement touchés.

Les États-Unis sont actuellement très durement touchés par le nouveau coronavirus. Selon les derniers chiffres, dévoilés ce 3 avril, 245 573 personnes sont contaminées et 5 926 sont décédées des suites du Covid-19. Le pays a battu un macabre record en enregistrant 1 169 morts en une seule journée.

Des mesures ont d’ores et déjà été prises pour tenter d’enrayer l’épidémie. L’industrie s’est mise en ordre de marche pour tenter de contrer le manque de matériel médical et la recherche avance. Mais, comme dans bien d’autres pays, des mesures de confinement ont dû être prises.

Si Donald Trump refuse pour l’instant de l’imposer à l’échelle nationale, plusieurs États s’en sont chargés, à commencer par la Californie et l’État de New York, très durement touchés par la maladie. Bien d’autres ont suivi, plus ou moins tardivement, même si certains n’en sont encore qu’au stade de la fermeture des écoles et l’interdiction des réunions.

Vers un chômage durable

Si le confinement n’est pas total dans le pays, le taux de chômage affiche déjà un chiffre inquiétant. Selon le New York Times, 6,6 millions de personnes se sont inscrites au chômage la dernière semaine de mars. En deux semaines, 10 millions d’Américains ont perdu leur emploi, soit près de 6% de la population active, et presque tous les secteurs sont concernés. Du jamais-vu dans un tel délai. Le Congrès s’attend à ce que cette situation difficile soit durable. Il estime que le chômage atteindra les 10% de la population pour le deuxième trimestre de 2020 et qu’il devrait encore se maintenir à 9% à la fin de l’année 2021. Par comparaison, en février, le taux de chômage était de 3,5%, rappelle le New York Times.

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Aux États-Unis, les économistes redoutent une récession pire qu’en 2008. Selon leurs prévisions, rapportées par le Los Angles Times, après plus de 10 ans d’affilée de croissance, l’économie pourrait reculer de 9% en 2020.

Pour Olivier Sibony, professeur affilié à HEC spécialiste dans la prise de décision stratégique, les conséquences de la pandémie actuelle sur l’économie pourraient conduire à une nouvelle crise sanitaire. “Une crise économique comme celle qui se profile c’est aussi, malheureusement, des tas de vies détruites, de suicides et de morts”, explique-t-il au HuffingtonPost.

Le système de santé pointé du doigt

Une hypothèse d’autant plus crédible de l’autre côté de l’Atlantique qu’en perdant leur emploi, les Américains perdent aussi les avantages sociaux qui l’accompagnent. “Très souvent, on a négocié son assurance maladie avec son employeur”, nous détaille Jean-Éric Branaa, maître de conférence à l’université Paris 2 et auteur de Rien ne sera plus comme avant - L’Amérique au temps du coronavirus, qui sortira le 10 avril aux éditions VA. “Ça peut très vite amener des gens dans une détresse totale”, poursuit-il, affirmant que la crise du nouveau coronavirus a montré “toutes les limites du système de santé américain”. Pour lui, “le besoin de réformer va être fort”.

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Il ne faut pas s’attendre à un changement spectaculaire dans les mois à venir”, estime quant à elle Elisa Chelle, professeure de sciences politiques à l’université Paris Nanterre et auteure Comprendre la politique de santé aux États-Unis. Car transformer le système de santé est loin d’être un jeu d’enfant. “Ce secteur compte énormément de professions et de statuts différents, c’est difficile de mettre tout le monde d’accord”, décrit-elle.

Sans oublier que, malgré la crise, ce n’est pas la volonté première des deux principaux candidats à la présidentielle, qui aura lieu à la fin de l’année. “Si Donald Trump est réélu, ce serait vraiment très étonnant qu’il réforme le système de santé, puisque ça ne répond pas à la ligne historique de son parti qui refuse l’ingérence de l’État fédéral dans ce domaine”, commente la spécialiste.

Quant à Joe Biden, pour l’instant favori chez les démocrates, “il ne s’est pas engagé pour une réforme massive de la santé”, rappelle Elisa Chelle, qui complète : “mais il sera sans doute poussé par son camp pour prendre des mesures plus fortes”. Cependant, les démocrates sont échaudés sur le sujet, en raison de l’expérience ratée de Bill Clinton en 1993, “dont le projet ambitieux avait échoué, faute d’accord préalable”.

Un investissement salvateur ?

Outre le problème sanitaire, le pays va donc devoir faire face - comme le reste du monde - à une crise économique d’ampleur. Mais les États-Unis partent tout de même avec un petit avantage : “les 2 200 milliards de dollars du plan d’aide approuvé par Donald Trump ont pour principal objet de tenir à flot l’économie”, analyse Élisa Chelle.

Sans oublier qu’il “pense à sa réélection, qu’il comptait jouer, avant la crise, sur son bilan économique”, poursuit-elle. Évidemment les conséquences de cette crise majeure sont malgré tout inévitables, mais les États-Unis ne seront peut-être pas les plus mal lotis.

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