Coronavirus : oui, l'État a réquisitionné des masques commandés par la région Bourgogne-Franche Comté

Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur

Le quotidien L’Est Républicain publie l’arrêté du préfet portant réquisition de ces masques. De quoi contredire Christiphe Castaner, qui avait nié toute réquisition.

Christophe Castaner a-t-il menti délibérément dans l’affaire des réquisitions de masques à destination des régions ? L’affaire avait contribué à tendre les relations entre l’État et les présidents de région, en pleine crise du Covid-19, et alors que des régions se sont empressées de commander des masques à l’étranger. Elle se déroule dimanche 5 avril, sur le tarmac de l’aéroport de Bâle-Mulhouse.

Une livraison de masques doit arriver, en provenance de Chine, à destination de plusieurs clients, dont la région Bourgogne-Franche Comté. Sauf qu’au moment de réceptionner la livraison, l’armée intervient et met la main sur la totalité de la marchandise, sur ordre du préfet et de l’état major, selon L’Est Républicain.

Une réquisition “sans concertation”

La présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay (PS), a dénoncé lundi 6 avril une réquisition “sans concertation” par l’État de masques que sa région a commandé. Deux millions de masques “réquisitionnés intégralement” par l’État.

Une affaire déminée au Sénat puis à l’Assemblée par Christophe Castaner. Le ministre de l’Intérieur, interrogé sur le sujet, a nié toute “réquisition”. "Il n’est pas question de guerre des masques entre les collectivités et l’État. Les instructions ont été rappelées aux préfets pour éviter toute mise en concurrence", a notamment affirmé le ministre de l’Intérieur.

Sauf que L’Est Républicain publie l’arrêté pris de préfet du Haut-Rhin, Laurent Touvet. Il “porte réquisition de 4 millions de masques chirurgicaux présents dans la cargaison transportée par le vol Airbus A40-300 immatriculé 9H-JAI opéré par la compagnie aérienne HiFly en provenance de Chine-Shanghai et dont l’atterrissage est prévu à l’aéroport de Bâle-Mulhouse le 5 avril 2020 ”, et émane directement du “cabinet du préfet du Haut-Rhin, service interministériel des sécurités et de la protection civile, bureau de défense et de sécurité civile, pôle sécurité civile”.

L’arrêté se réfère au stade 3 du plan d’action du gouvernement “pour prévenir et limiter la circulation du virus” et le besoin “de fourniture aux établissements et aux professionnels de santé et aux patients d’équipements de protection individuelle dans le cadre de la lutte contre le Covid-19”.

Une “méthode mauvaise”

Si Christophe Castaner n’est pas mentionné dans les destinataires chargés de son exécution, des services sous son autorité le sont : “préfectorale, gendarmerie, police des frontières, douanes, directeur général de l’agence régionale de santé Grand Est”.

Depuis, face à la polémique, Christophe Castaner a reconnu devant les députés que “la méthode a été mauvaise” et qu’il l’avait “précisé dès lundi soir ou mardi soir à tous les préfets, expressément, en disant que c’était une méthode (qu’il trouvait) inopportune” car “pas conforme à l’esprit dans lequel (l’État devait) travailler avec les collectivités locales. Et que, du coup, il n’était pas question qu’elle se reproduise”.

NOS ARTICLES SUR LE CORONAVIRUS
>>
Immunité collective, chloroquine, aérosol... Le petit lexique du coronavirus
>>
Coronavirus en Espagne : pourquoi fait-il autant de dégâts ?
>>
Netflix, Picard, Steam, Zoom… Ces entreprises et secteurs qui tirent profit du confinement
>>
Quels sont les symptômes du Covid-19 ?
>>
Pourquoi la création d'un vaccin prend autant de temps ?
>>
La carte interactive pour suivre l'évolution du Covid-19 dans le monde