Publicité

Coronavirus: Le gouvernement espagnol impose l'interdiction des déplacements à Madrid

MADRID (Reuters) - Le gouvernement espagnol a invoqué vendredi l'état d'urgence pour imposer l'interdiction des déplacements non essentiels à Madrid dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, malgré l'opposition des autorités régionales.

Le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez se heurte depuis des jours à l'exécutif régional, dirigé par la conservatrice Isabel Diaz Ayuso, pour qui un nouveau confinement strict dans la capitale espagnole est illégal, excessif et désastreux pour l'économie.

Après avoir mis en oeuvre la mesure gouvernementale sous la contrainte vendredi dernier, le gouvernement régional a obtenu jeudi en justice l'invalidation de cette décision du ministère de la Santé, mais le gouvernement central a décidé de passer outre en invoquant l'état d'urgence sanitaire.

"La patience a ses limites", a déclaré le ministre de la Santé, Salvador Illa, lors d'une conférence de presse. "Il est important que le niveau d'infection à Madrid ne s'étende pas au reste de l'Espagne."

La région madrilène comptait 723 cas de coronavirus pour 100.000 habitants sur les deux semaines au 8 octobre, selon l'Organisation mondiale de la santé, soit le regroupement de cas le plus important d'Europe après la principauté d'Andorre.

L'Espagne a été l'un des pays d'Europe les plus touchés par la première vague épidémique liée au Covid-19 au printemps dernier. Le pays compte aujourd'hui officiellement 848.324 cas de contamination, le nombre le plus élevé d'Europe occidentale, dont 32.688 mortels.

Pour faire appliquer ses nouvelles restrictions, le gouvernement espagnol a prévu d'envoyer 7.000 policiers supplémentaires à Madrid et dans les huit communes attenantes concernées.

Vendredi après-midi, à l'approche d'un week-end prolongé en raison de la journée célébrant lundi l'arrivée de Christophe Colomb en Amérique, le 12 octobre 1492, beaucoup de Madrilènes semblaient déconcertés par la succession de décisions contradictoires des autorités et les files de véhicules s'alignaient sur les principaux axes routiers de la région.

"Tout le monde me dit : 'je pars en week-end, je ne pars pas. Que fait-on maintenant ?'" témoignait Esther, une habitante de 45 ans.

(Nathan Allen et Belen Carreno; version française Jean Terzian et Jean-Stéphane Brosse)