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La grogne des enseignants contre le soutien scolaire pendant les vacances de Pâques

S'il a parlé de "vraies vacances", le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer s'est attiré les foudres des syndicats en proposant un soutien scolaire pendant les vacances de Pâques.

Le ministre de l'Éducation nationale a annoncé que les vacances de Pâques seront de “vraies vacances”, mais certains élèves se verront proposer du soutien scolaire, ce qui n’a pas plu aux enseignants, ni aux parents d’élèves.

Ce vendredi 3 avril sonne le début des vacances de Pâques pour la zone C. Malgré le confinement et la situation particulière dans les établissements scolaires fermés depuis le 16 mars, ces vacances vont bel et bien changer le quotidien des élèves et enseignants. Il s’agira en effet de “vraies vacances”, comme l’a annoncé Jean-Michel Blanquer au micro d’Europe 1, élèves et enseignants ayant besoin d’un “temps de repos essentiel”.

Cependant, le ministre de l’Éducation nationale a ajouté qu'un programme de soutien scolaire sera mis en place durant les vacances de printemps pour les élèves les plus en difficulté, estimant qu’il y a des élèves qui n’ont pas été “atteints” par les cours à distance lors des premières semaines de confinement. “Pour tous les autres, c’est important qu’il y ait de vraies vacances, avec notamment un encouragement à la lecture”, a-t-il ajouté.

Les syndicats montent au créneau

Une annonce qui n’a pas manqué de faire réagir huit organisations syndicales accompagnées d’une association de parents d’élèves qui, à travers un communiqué, ont fait savoir qu’ils souhaitaient que les exigences ministérielles soient réorientées. Elles dénoncent un programme “divisant les élèves en deux catégories, celles et ceux qui auraient besoin de se reposer et celles et ceux qui auraient besoin de remédiation. Les signataires ajoutent que “tous les élèves, parents d’élèves et personnels ont droit aux vacances et en ont besoin”.

Comme les syndicats, Isabelle Massé, directrice d’une école primaire dans le Val-de-Marne, estime que ce programme de soutien scolaire ne va faire que creuser un fossé entre les élèves : “Le soutien scolaire est mis en place pour les élèves en difficulté, mais souvent ces élèves n’ont pas d’accès à internet ou pas un nombre d’ordinateurs suffisant à la maison. Si on organise du soutien scolaire mais qu’il n’y a que les enfants qui ont accès à un ordinateur et à internet qui peuvent travailler, ça ne fera que renforcer les inégalités entre les élèves.”

Des parents d’élèves stressés

Dès inégalités qui se font déjà ressentir depuis le début de l’enseignement à distance en fonction des situations des familles, mais la directrice d’école est consciente qu’il est très difficile de faire autrement, c’est pourquoi elle estime ce soutien scolaire presque impossible à réaliser : “Il y a des parents d’élèves, stressés, qui m’appellent pour me dire qu’ils n’arrivent pas à expliquer les leçons à leurs enfants ou alors qu’il n’ont pas assez d’ordinateur à la maison pour leurs enfants et eux-mêmes qui doivent gérer le télétravail. Beaucoup sont déjà angoissés à l’idée de voir leurs enfants louper leur année scolaire, on ne peut donc pas proposer un soutien auquel ils n’auront même pas accès.”

La directrice d’école a ainsi convenu avec son équipe d’enseignants de proposer des activités non pédagogiques aux élèves pendant les vacances : “Nous avons décidé d’organiser des activité ludo-éducatives non obligatoires aux élèves pour les occuper pendant les vacances, mais pas du travail d’apprentissage. Il s’agit de leur proposer des activités et surtout de garder le lien avec les familles.”

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