Coronavirus : enquête au coeur du cluster allemand

Le plus grand abattoir d’Europe menace d’infecter la Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Sur les 7 000 employés de l’usine Tönnies, 1 493 ont contracté le Covid-19. Les cas positifs – des travailleurs pauvres, venus d’Europe de l’Est pour la plupart – ont été isolés, et la population de deux cantons soumise à un reconfinement.

Une clôture grillagée, infranchissable, entoure les trois barres d’immeubles, en plein cagnard de midi. En face, pourtant, un immense champ de blé. Mais son propriétaire, rude fermier, en a refusé l’accès aux deux cent cinquante habitants. Il a juste consenti un bout de terrain, lui-même clôturé, transformé en aire de jeu : deux tables de ping-pong et, pour les enfants, un toboggan en plastique, un mini-trampoline et un monticule de sable où ils font des pâtés. Nous sommes à la sortie de Verl, 26.000 âmes, dans le canton de Güterloh, reconfiné le 23 juin avec celui de Warendorf, lequel sera déconfiné une semaine plus tard. Au total, 645.000 personnes ont subi ce retour en arrière redouté par tant de pays d’Europe et du monde. À l’origine: les conditions de travail d’une « sous-main d’œuvre » qu’emploie l’abattoir Tönnies, à vingt- cinq kilomètres de Verl, le plus grand d’Europe, cible des critiques de toute l’Allemagne. 1493 cas testés positifs au Covid 19, sur 7000 employés.

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Un ouvrier roumain devant les immeubles de Verl, isolés par des clôtures. Y résident la plupart des employés de Tönnies.
Un ouvrier roumain devant les immeubles de Verl, isolés par des clôtures. Y résident la plupart des employés de Tönnies.

Un ouvrier roumain devant les immeubles de Verl, isolés par des clôtures. Y résident la plupart des employés de Tönnies. Kasia Wandycz

Les habitants de ces trois immeubles en brique des années soixante-dix ont juste assez d’espace pour se dégourdir. Des policiers et des vigiles les ont à l’œil. La très grande majorité, roumains et bulgares, travaillent pour Tönnies. Ici, soixante-dix sont positifs. Les(...)


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