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Covid-19 chez les enfants : ce que l'on sait, ce qu'on ignore encore

De nombreuses zones d'ombre persistent sur le coronavirus concernant les enfants.
De nombreuses zones d'ombre persistent sur le coronavirus concernant les enfants.

Même si la recherche a énormément avancé sur le nouveau coronavirus, certaines zones d’ombre persistent. Parmi elles, la façon dont les enfants peuvent transmettre le Covid-19 ou encore la puissance de leur charge virale.

Le Covid-19 est encore loin d’avoir révélé tous ses secrets. Même si les études menées sur le sujet sont très nombreuses à travers le monde, faisant avancer les connaissances à une vitesse très impressionnante, certains aspects restent encore bien mystérieux.

Les effets du nouveau coronavirus sur les enfants et les adolescents font partie des zones d’ombre persistantes. Une chose est désormais communément admise : les plus jeunes ont moins de risque de développer des formes graves de la maladie ou de mourir que les adultes.

De nombreuses études montrent que les enfants sont peu hospitalisés et décèdent peu des suites du Covid-19, même si cela peut tout de même arriver dans de rares cas. L’European Center for Disease Prevention and Control a notamment affirmé, dans une étude publiée pendant l’été, que les enfants et adolescents de moins de 18 ans avaient plus de chances de développer des formes asymptomatiques ou légères.

Une particularité qui s’accompagne d’un constat tout à fait logique - mais qui a des répercussions sur de nombreuses études : le virus risque de “ne pas être détecté ou diagnostiqué” chez les personnes asymptomatiques ou présentant une forme légère, précise l’European Center for Disease Prevention and Control. Ce qui est le cas de l’immense majorité des enfants. Or, moins de cas détectés signifie moins de données à disposition des chercheurs.

Les plus jeunes sont-ils aussi susceptibles d’avoir le coronavirus que les adultes ?

Difficile de tirer une conclusion sur la question au vu des résultats des études menées sur le sujet. Selon le center européen pour la prévention et le contrôle des maladies, les cas de Covid-19 des personnes de 18 ans et moins représentent moins de 5% de l’ensemble des contaminations.

Cependant, plusieurs travaux montrent que les enfants sont aussi susceptibles que les adultes d’attraper la maladie. Une étude a été menée sur le sujet par les scientifiques du Centre pour le contrôle et la prévention des maladies de Shenzen et publiée par The Lancet le 27 avril. Les scientifiques ont observé pendant un mois un groupe de 391 personnes contaminées ainsi que 1 286 de leurs contacts proches. Ils ont découvert que le taux d’attaque - la vitesse d’accumulation de nouveaux cas du virus - chez les enfants de moins de 10 ans était de 7,4%. Par comparaison, il était de 6,6% en moyenne pour l’ensemble des sujets étudiés. Dans le détail, ce taux atteignait 7,1% chez les 10-19 ans ; 6,1% chez les 20-29 ans ; 6% chez les 30-39 ans ; 4,9% chez les 40-49 ans ; 9,1% chez les 50-59 ans ; 15,4% chez les 60-69 et 9,7% chez les plus de 70 ans. De quoi faire conclure aux chercheurs de cette étude que “les enfants ont autant de risques que les adultes d’être contaminés” dans le cadre de transmission entre contacts proches.

Un constat partagé par des scientifiques de l’institut de virologie Charité (affilié à l’université de Berlin) et du centre d’évolution d’agents pathogènes de Cambridge, dans une étude de fin avril.

D’autres travaux mènent à des conclusions différentes. Selon une étude des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies américains, publiée 2 octobre, le taux d’incidence hebdomadaire était deux fois plus élevé chez les 12-17 ans que chez les 5-11 ans entre mai et septembre. Des chiffres qui apportent donc une nuance parmi les plus jeunes : les enfants auraient moins de risques d’avoir le coronavirus que les adolescents.

Cependant, les auteurs de cette recherche ont précisé qu’un nombre plus important tests avaient été effectués chez les 12-17 ans que chez les 5-11 ans. Ce qui peut “sous-estimer l’incidence réelle chez les enfants en âge d’aller à l’école”, concluent les scientifiques.

Par ailleurs, un article publié dans la revue médicale JAMA Network le 25 septembre, a compilé plusieurs études menées sur le sujet. Les auteurs en ont conclu que les enfants et adolescents de moins de 20 ans avaient 44% de chances en moins d’être contaminés par le coronavirus que les adultes. Un constat surtout vrai pour les moins de 11 à 14 ans, tandis que chez les adolescents, la probabilité est sensiblement la même que chez les adultes. Si cet article apporte un éclairage différent des autres, les auteurs ont précisé que, lorsqu’ils s’appuyaient uniquement sur les études dites de “haute qualité”, “cette conclusion n’était plus significative”. De quoi ajouter encore un peu plus de flou.

La charge virale est-elle la même chez les enfants et les adultes ?

Des scientifiques de l’institut de virologie Charité (affilié à l’université de Berlin) et du centre d’évolution d’agents pathogènes de Cambridge se sont penchés sur la question. Ils ont étudié, pendant plusieurs mois, la charge virale de plus de 3 700 patients, qu’ils ont classés par tranche d’âge. Les résultats, dévoilés à la fin du mois d’avril, montrent que, parmi les cas sur lesquels ils ont travaillé, “la charge virale des très jeunes ne diffère pas de façon significative de celle des adultes”. Cette d’étude a cependant une limite : les enfants étant souvent asymptomatiques, ils sont moins pris en compte dans les recherches, et les données sont donc moins nombreuses que pour les autres catégories d’âge. Par ailleurs, les auteurs de cette étude précisent bien qu’elle n’a pas pour but de tirer des conclusions sur le rôle des enfants dans la transmission du virus.

Une étude plus récente, publiée fin juillet dans la revue JAMA Natwork, en est arrivée à la conclusion que le taux de matériel génétique du coronavirus était 10 à 100 fois plus élevé chez les enfants de moins de 5 ans que chez les adultes, et qu’il était similaire chez les enfants plus âgés. Cette recherche a été menée sur 145 personnes, dépistées à Chicago. Et, même si des conclusions parfois hâtives ont tirées de ces résultats, l’un des auteurs l’a bien précisé : “notre étude n’avait pas vocation à prouver que les jeunes enfants diffusent le Covid-19 autant que les adultes”, rapporte Sciences et Avenir.

Les enfants sont-ils contagieux ?

Cette question est probablement sur le podium des questions les moins tranchées concernant le coronavirus. Dans un premier temps, plusieurs études ont montré que les enfants semblaient bien moins contagieux que les adultes. Ce fut notamment le cas de celle publiée dans la revue américaine Clinical Infectious Deseases, le 11 avril dernier. Elle s’appuyait sur le cas d’un garçon de 9 ans contaminé dans la station de ski française des Contamines-Montjoie. D’après l’enquête, il avait été en contact avec 172 personnes, dont ses frères et sœurs, et n’avait finalement transmis le coronavirus à personne. De quoi laisser “à penser que les enfants pourraient ne pas être une source importante de transmission de ce nouveau virus”, d’après l’étude.

Fin juin, l’Institut Pasteur apportait également un éclairage sur la question, en s’appuyant cette fois sur les cas de coronavirus qui ont circulé à Crépy-en-Valois, dans l’Oise, dès la fin du mois de janvier 2020. Plus de 1 000 personnes ont été incluses dans cette étude, et notamment de nombreux écoliers. Les résultats ont montré que les enfants de 6 à 11 ans n’avaient transmis le Covid-19 ni à d’autres camarades, ni aux instituteurs, ni aux membres du personnel éducatif. Mais l’Institut Pasteur ponctuait tout de même son article de méfiance, assurant que ces résultats devaient être “confirmés par d’autres études en milieu scolaire”.

Et d’autres études, il y en a eu. Mais le flou persiste. Un rapport du Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies du 6 août assure que les enfants qui ont un Covid-19 avec des symptômes peuvent être aussi contagieux que les adultes, mais précise qu’une telle conclusion ne peut pas s’appliquer aux enfants asymptomatiques. Une étude publiée le 25 septembre dans la revue JAMA Network affirme, quant à elle, qu’il n’y a pas assez de données pour conclure que les enfants sont moins contagieux que les adultes.

L’une des études les plus récentes sur le sujet a été publiée le 30 octobre par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies américains. Contrairement à d’autres, elle ne prétend pas tirer de conclusions sur les possibles contaminations dans les écoles, mais se concentre uniquement sur les contaminations au sein d’un même foyer. Et le résultat est clair : “la transmission au sein des foyers est fréquente tant de la part des adultes que des enfants”, selon les auteurs. Ce qui ne prévaut, cependant, pas pour les autres lieux de contamination. Là encore, il faudra attendre d’autres recherches pour obtenir des réponses claires.

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