Covid longs : une étude montre les effets à long terme sur les organes, même chez les personnes jeunes

Une étude a montré que des anomalies étaient visibles sur un ou plusieurs organes chez les patients souffrant d'une forme longue de Covid-19.
Une étude a montré que des anomalies étaient visibles sur un ou plusieurs organes chez les patients souffrant d'une forme longue de Covid-19.

Une étude britannique montre que, chez les patients souffrant d’une forme longue du coronavirus, des dommages sont constatés sur les organes, des mois après leur contamination.

C’est un phénomène qui n’a pas encore révélé tous ses secrets : les formes longues du coronavirus. Quelques mois après le pic de la première vague qui a eu lieu au printemps dernier en France, des patients ayant contracté le Covid-19 faisaient état de symptômes persistants, notamment la fatigue, les maux de tête ou les essoufflements.

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Un constat que l’OMS faisait d’ailleurs dès le 22 de juin. “Certaines personnes ont des symptômes persistants, comme une toux sèche au long cours, de la fatigue ou le souffle court en montant des marches”, expliquait l’épidémiologiste américaine Maria Van Kerkhove, lors d’une conférence.

Interrogé début septembre sur le sujet, le docteur Nicolas Barizien, chef du service de réadaptation fonctionnelle de l’hôpital Foch de Suresnes, nous expliquait que 5 à 10% des personnes ayant attrapé le coronavirus souffriraient de symptômes persistants.

Des effets chez les sujets peu à risque

Plusieurs études ont depuis été conduites sur le sujet, notamment en Grande-Bretagne. L’une d’elles vient de révéler ses premiers résultats, qui ont été publiés dans The Guardian le 15 novembre. Elle a été menée sur environ 500 malades ayant contracté le Covid-19 et présentant des symptômes persistants, mais qui n’étaient pas des profils à risque - plutôt jeunes (la moyenne d’âge est de 44 ans) et en bonne santé. Ils ont été soumis à des IRM, des tests sanguins et physiques et à un questionnaire.

Les premiers résultats montrent que sur 200 patients, 70% présentent des déficiences sur au moins un de leurs organes (dont le coeur, les poumons, le foie et le pancréas) quatre mois après la maladie. “La bonne nouvelle, c’est que le trouble est léger, [...] mais il est existant. Et chez 25% des sujets, le problème touche deux organes voire plus”, a commenté Amitava Banerjee, cardiologue et professeur associé à l’Université de Londres, auprès du Guardian.

Agression contre certains organes

Ces premières conclusion débouchent sur d’autres questions, et notamment celle de la durée des symptômes dans le temps, comme l’a résumé le cardiologue : “Nous devons savoir si le problème perdure, se résout, ou si la situation empire chez certains individus”.

Par ailleurs, outre la présence effective de déficience sur certains organes, cette étude a montré qu’il pouvait y avoir un lien entre les symptômes et les anomalies repérées. Chez les personnes présentant des essoufflements, des dommages ont été observés sur le coeur ou les poumons, chez ceux souffrant de symptômes digestifs, c’est le pancréas ou le foie qui portent des stigmates. “Ça confirme bien l’idée selon laquelle il y a une agression contre certains organes, qu’on peut détecter et qui peut nous permettre d’expliquer au moins certains des symptômes et la trajectoire de la maladie”, a analysé Amitava Banerjee.

En revanche, comme l’a bien rappelé le professeur associé à l’Université de Londres dans le quotidien britannique, l’étude ne montre pas, pour le moment, que les problèmes constatés sur les organes sont la cause directe des symptômes persistants chez les patients. D’autant que les sujets n’avaient pas forcément passés d’examen sur ces organes avant d’avoir le Covid-19, ce qui veut dire qu’il se pourrait que certains aient eu des problèmes sur les organes concernés avant d’avoir le virus, même si c’est peu probable selon Amitava Banerjee, puisqu’ils étaient en bonne santé.

Lien entre inflammation et dommage sur les organes

Quelques semaines plus tôt, le 18 octobre dernier, les résultats partiels d’une autre étude portant sur les formes longues du coronavirus ont aussi été dévoilés. Celle-ci a été menée sur 58 patients qui ont développé une forme modérée à sévère du coronavirus. Deux ou trois mois après l’infection, 60% des personnes montraient une anomalie des poumons, 29% des reins, 26% du coeur et 10% du foie. Des modifications de certains tissus du cerveau étaient également observées. Par ailleurs, concernant les symptômes, 64% des patients observés souffraient encore d’essoufflements persistants et 55% se plaignaient d’une importante fatigue.

“Il est intéressant de voir que les anomalies constatées sur les IRM et lors des tests physiques sont en corrélation forte avec des marqueurs sériques de l’inflammation. Ça suggère un potentiel lien entre une inflammation chronique et des dommages présents sur les organes chez les survivants au Covid”, a commenté le docteur Betty Raman, qui co-dirige cette étude. Il a cependant ajouté que, comme pour l’autre étude, il était difficile de savoir si certaines anomalies n’étaient pas déjà présentes sur les organes des patients avant le virus.

Des recherches qui aident à y voir plus clair sur les formes longues, mais qui ne répondent donc pas encore à toutes les questions sur le sujet.

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