Coronavirus : les effets écologiques à long terme inquiètent

Si, à première vue, le coronavirus semble être une bonne nouvelle pour la planète, les conséquences risquent d'être néfastes à long terme.
Si, à première vue, le coronavirus semble être une bonne nouvelle pour la planète, les conséquences risquent d'être néfastes à long terme.

À première vue, la pandémie de coronavirus semble avoir des effets positifs sur l’environnement. Mais cela ne devrait pas durer.

Air plus pur, rejets de gaz à effet de serre en baisse, trafic aérien au ralenti, regain de biodiversité par endroits... Si elle est un désastre humain, la crise sanitaire - et économique - enclenchée par la pandémie de Covid-19 semble être une bonne nouvelle pour la planète. Mais cela risque d’être de courte durée.

Car, après le calme forcé vécu actuellement, la production devrait repartir de plus belle tout comme les émissions de gaz à effet de serre. Et les préoccupations écologiques pourraient bien être mises de côté.

Le retour massif du pétrole ?

Le Canada s’apprête, par exemple, à lancer un plan de sauvetage de plusieurs milliards de dollars pour les énergies fossiles que sont le gaz et le pétrole. Plusieurs chefs d’entreprises canadiennes ont demandé au Premier ministre, Justin Trudeau, des mesures d’urgence, notamment la suspension de la taxe carbone, comme le rapporte The Globe and Mail.

Dans le blog d’Alternatives Économiques, le journaliste Eric Vidalenc explique que les très faibles prix actuels du pétrole risquent d’encourager “les acteurs économiques, mais aussi citoyens à reprendre de plus belle leurs habitudes et pratiques carbo-intensive” à la sortie de la crise sanitaire. Rien ne bien encourageant pour la planète, donc.

Au secours de l’aviation et des croisières

Les secteurs polluants de l’aviation et des croisières demandent eux aussi de l’aide.“Nous travaillons étroitement avec le secteur des croisières, très très étroitement. Nous allons les aider dans cette période difficile”, a déjà assuré Donald Trump.

Au-delà de la problématique des emplois, se pose la question du retour à la normale d’industries très polluantes. Les croisières mêlent “pollution de l’air, rejet d’eaux usées, carburants relâchés en mer, déchets alimentaires et plastiques", expliquait Marcie Keever, en charge du programme océans et bateaux de l’organisation américaine Friends of the Earth, à l’AFP.

Un retour à l’économie d’avant ?

Dans un premier temps, il faut évidemment “faire des plans de sauvetage, afin d’éviter l’effondrement économique total, qui se traduirait par une hécatombe sociale”, concède Clément Sénéchal, porte-parole climat de Greenpeace.

Mais c’est à plus long terme que le moment peut être décisif, “lorsqu’il y aura des plans de relance, avec des mesures plus structurelles pour restaurer les marges, les bénéfices, les points de PIB... Il y a danger si les investissements se font à ce moment-là dans des secteurs qui détruisent la planète”, craint-il.

“Est-ce qu’on va relâcher tout le jeu de normes environnementales et fiscales qu’on commençait à mettre en oeuvre sur les secteurs les plus polluants ?”, s’interroge Clément Sénéchal. C’est dans ce second temps après la crise que les États pourront aller “vers une économie plus écologique”.

Les négociations climatiques reportées

L’autre risque lié à la crise sanitaire actuelle, c’est “l’ajournement considérable des négociations climatiques internationales, alors que l’année 2020 est charnière pour les accords de Paris”, rapporte le porte-parole.

Le Premier ministre Tchèque, dont le pays dépend de l’énergie nucléaire et du charbon, s’est déjà positionné sur la question. “L’Europe devrait oublier le pacte vert pour l’instant”, a affirmé Andrej Babiš, comme le rapporte le site Euractiv.

Plusieurs réunions sur la question climatique ont déjà été reportées. C’est le cas de la COP15 Biodiversité, qui devait avoir lieu en Chine du 15 au 29 octobre, dont la date de report n’a pas encore été fixée. Le Congrès mondial de la nature, censé se tenir en juin à Marseille pour lancer la mobilisation avant la COP15 est lui aussi ajourné. Quant à la session finale de la Convention citoyenne pour le climat, des 3 et 4 avril, lors de laquelle les 150 citoyens tirés au sort devaient remettre leurs propositions, elle a tout simplement a été annulée.

Il ne faudrait pas régler la “crise conjoncturelle sanitaire en aggravant le crise structurelle écologique”, conclut Clément Sénéchal. Sinon, le drame écologique viendrait s’ajouter au drame humain actuel.

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