Coronavirus: deux collectifs de soignants déposent une nouvelle plainte

Une manifestation de soignants à Paris, le 28 mai 2020. - ALAIN JOCARD / AFP
Une manifestation de soignants à Paris, le 28 mai 2020. - ALAIN JOCARD / AFP

Deux collectifs de soignants ont déposé plainte mardi avec constitution de partie civile afin d'obtenir la désignation d'un juge d'instruction pour enquêter sur la gestion de la crise du coronavirus. Ils avaient déjà déposé plainte en mars mais veulent que la justice accélère ses investigations.

Une plainte "demeurée sans réponse"

Les deux collectifs, appelés C19 et Inter-Urgences, avaient déjà déposé plainte en mars pour "homicide involontaire", "violences involontaires", "abstention volontaire de prendre les mesures visant à combattre un sinistre" et "mise en danger délibérée de la vie d'autrui". Mais celle-ci est "demeurée sans réponse", déplore à Franceinfo Arié Alimi, représentant le collectif Inter-Urgences.

Cette nouvelle plainte, adressée au doyen des juges d'instruction, permet une saisine d'un juge d'instruction et l'ouverture d'une enquête préliminaire. Si le procureur de la République destinataire de la plainte initiale annonce aux plaignants qu'il n'entend pas engager de poursuites ou si trois mois se sont écoulés depuis le dépôt de la plainte initiale, les plaignants ont le droit de former ce type de plaintes. Le parquet peut toutefois demander au juge d'instruction de prolonger ses investigations pendant trois mois, avant de prendre sa décision.

"On veut connaître la vérité, déterminer quelles sont les responsabilités pénales individuelles qui peuvent être établies concernant les fautes et les carences dans la gestion de la crise sanitaire", indique l'avocat à BFMTV ce jeudi.

Pas de "chasse aux sorcières"

Depuis l'annonce de l'ouverture d'une vaste enquête par le parquet de Paris, le 9 juin dernier, Maître Fabrice Di Vizio, qui représente le collectif C19 juge qu'il n'y a pas eu d'avancée: "On n'[en] entend plus parler", dénonce-t-il dans un communiqué.

"Nous ne sommes pas là pour faire une chasse aux sorcières. Nous voulons une reconnaissance de ce qui s'est passé et des défaillances", explique à Franceinfo Yasmina Kettal, infirmière et membre du collectif Inter-Urgences.

75 plaintes au parquet de Paris

Les plaignants militent pour faire reconnaître des manquements dans la protection des soignants face au coronavirus, notamment concernant la gestion des masques.

"Pendant très longtemps le gouvernement a indiqué que les masques n'étaient pas nécessaires, il n'a pas fourni aux soignants et aux médecins les masques de se protéger eux-mêmes, y compris dans les services d'urgence. Il y a eu beaucoup de soignants contaminés, beaucoup sont morts ou sévèrement blessés", rappelle Me Alimi sur notre antenne.

Ce dépôt s'ajoute à une longue liste de plaintes déjà reçues par le pôle santé du parquet de Paris, qui se chiffrait au 25 juin à 75, selon le parquet de Paris auprès de BFMTV.com.

Article original publié sur BFMTV.com