Coronavirus : et si les "Covid parties" devenaient la norme ?

Un professeur en immunologie anglais estime que les "Covid parties" ou plus généralement la contamination volontaire entre jeunes pourrait devenir la norme.
Un professeur en immunologie anglais estime que les "Covid parties" ou plus généralement la contamination volontaire entre jeunes pourrait devenir la norme.

Un professeur en immunologie de Cambridge estime que les “Covid parties” ou les contaminations volontaires entre jeunes pourraient devenir la norme face à un virus qui semble installé pour longtemps. Mais c’est un pari risqué.

Le terme a fait l’actualité cet été. Aux États-Unis, des “Covid parties” seraient organisées dans les populations les plus jeunes. Le but : participer à une fête où au moins une personne est atteinte du coronavirus, afin de se contaminer volontairement.

Cette information est née de la déclaration d’une médecin de l'hôpital de San Antonio, au Texas, début juillet, comme le rappelle France Info : “Dans notre hôpital, un patient de 30 ans a dit à son infirmière qu'il était allé à une Covid party”. Le jeune trentenaire, positif au coronavirus, en est mort.

Si les différentes sources n’ont pas permis de déterminer la part de vérité dans cette histoire, d’autres rumeurs allant dans le même sens ont vu le jour dans différents États américains. Ce qui est en tout cas certain, c’est que des rassemblements et des fêtes ont eu lieu, malgré les restrictions. Parfois même alors que l’hôte présentait des symptômes du coronavirus, comme le révèle le New York Times. Quant à savoir si l’objet de ces rencontres était bel et bien de répandre le virus pour permettre à ceux qui l’attrapent d’acquérir ensuite une immunité, aucune preuve ne l’atteste.

Le vaccin ou la contamination volontaire

Pour autant, Paul Lehner, professeur de médecine et d’immunologie à l’université de Cambridge, estime que les “Covid parties” pourraient devenir la norme si le virus devait s’inscrire dans le temps - ce qui ne semble plus faire de doute désormais.

Pour lui, à l’avenir, deux solutions seront possibles face au coronavirus : “soit on se fera vacciner, soit on l’attrapera quand on est jeune et qu’on ne tombe pas malade”, a-t-il décrit devant le Science Media Centre comme le rapporte The Guardian.

Le médecin a ainsi utilisé l’exemple de la varicelle, que les parents veulent parfois faire attraper à leurs enfants quand ils sont petits “pour ne pas l’avoir quand on est plus âgé” et que la maladie est moins anodine.

Certains cas graves chez les jeunes

Cette théorie repose tout de même sur deux fondamentaux sur lesquels les découvertes scientifiques sont encore en cours : le Covid-19 ne serait pas grave chez les jeunes et une fois le virus attrapé, on acquerrait une immunité.

Si la mortalité liée au Covid-19 croît effectivement avec l’âge, certains jeunes patients développent tout de même des formes graves du coronavirus, et des décès de personnes parfois très jeunes ont été enregistrés au fil de l’épidémie - même si l’immense majorité des cas mortels concerne les plus de 65 ans (88% en France, selon le dernier point épidémiologique du 22 octobre). Une contamination volontaire n’est donc pas sans risque.

Sans compter que, comme le précise Paul Lehner, on ne connaît pas encore “les effets à long terme de l’infection, même parmi ceux qui sont jeunes et asymptomatiques”.

Pas assez de connaissances sur l’immunité

Concernant l’immunité, il prend le parti d’être optimiste. “Plus de 40 millions de personnes ont été infectées dans le monde, et la dernière fois que j’ai vérifié... il y avait quatre cas de possible réinfection”, a-t-il commenté, comme le rapporte le quotidien britannique.

Le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies fait état de six cas avérés et d’une cinquantaine de suspicions pour lesquelles les preuves manquent, précise Le Figaro. Au vu des différentes études dans le monde, une vingtaine de cas de réinfection ont pu être prouvés. “Cela ne veut pas dire qu'il n'y en a pas davantage”, affirmait le professeur Mark Pandori dans The Lancet, le 12 octobre, notamment parce que les infections (ou réinfections) ne sont pas toujours détectées chez les personnes asymptomatiques.

Le professeur d’immunologie Paul Lehner précise lui-même que les connaissances sur la durée de l’immunité après la contamination sont pour le moment incomplètes. “Les exemples d'autres coronavirus, responsables de banals rhumes mais aussi du Sras et du Mers, montrent qu'il n'y a pas d'immunité à vie”, assurait de son côté une experte de l'OMS, comme le rapportait France Info le 15 octobre dernier. Les “Covid parties” ou, plus généralement, la contamination volontaire chez les jeunes, sont donc un pari très risqué.

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