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Coronavirus, confinement : quel impact psychologique pour les Français ?

En France, l'heure est aujourd'hui au confinement pour éviter la propagation du coronavirus.

En pleine pandémie de Covid-19, et alors que la France confine ses habitants pour au moins 15 jours, quel va être l'impact psychologique de cette période particulière sur la population ? Psychiatre à l'Hôpital de la Conception (Marseille) et coordinatrice de la cellule d'urgence médico-psychologique (CUMP), Flavie Derynck nous aide à y voir plus clair.

"La plus grave crise sanitaire depuis un siècle". "Nous sommes en guerre". Prononcés il y a quelques jours, ces propos graves et anxiogènes du président de la République Emmanuel Macron donnent le ton de la période actuelle, alors que l'épidémie de Covid-19 progresse chaque jour en France et que la population est confinée pendant "au moins 15 jours".

"On peut s'attendre à une recrudescence de dépressions et de suicides

"Cette crise aura des conséquences humaines, sociales, et économiques majeures", estime le chef de l'État. Mais quid des conséquences psychologiques ? Le confinement va-t-il faire augmenter les angoisses des Français ? Pour Flavie Derynck, la réponse est sans surprise affirmative. "On peut s'attendre à une recrudescence de dépressions et de suicides, estime la psychiatre de l'Hôpital de la Conception à Marseille. Il est possible qu'au bout d'une semaine de confinement, la situation devienne insupportable pour certains".

Selon un guide récent distribué en France aux psychiatres, psychologues et soignants de santé mentale, adapté et traduit du Centre américain pour l'étude du stress traumatique, l'incertitude liée à la nature du virus, à sa propagation, à sa portée et son impact est source "d'une détresse émotionnelle, même chez ceux qui n'ont pas été directement exposés à la maladie". L'angoisse d'être infecté et/ou de transmettre le virus ajoutée à l'appréhension de l'isolement forcé et/ou de la perte de son travail liée au confinement peut entraîner des réactions psychologiques de détresse comme "l'insomnie, l'anxiété, la sensation d’insécurité, la colère, la recherche de boucs émissaires ou encore le recours accru aux dispositifs de santé par crainte de la maladie".

"Les enfants et adolescents peuvent également avoir des troubles du comportement"

Certains vont développer des comportements à risque pour la santé comme la "consommation accrue d'alcool et de tabac". Les conflits familiaux risquent d'augmenter, tout comme les comportements violents.

Quid des enfants dans tout ça ? "Les enfants et les adolescents peuvent également avoir des troubles du comportement, estime Flavie Derynck. En fait cela va dépendre de l'état psychologique des parents. Si les parents sont positifs et rassurants, les enfants vont bien vivre cette période, mais si les parents sont dans la colère et le ras-le-bol, ça va être plus compliqué pour eux. L'enfant est très dépendant de ce qui se passe à la maison. Avec l'humour et la légèreté, on peut arriver à faire bien vivre les pires choses aux enfants, un peu comme dans le film La Vie est Belle de Benigni".

"Il faut essayer le plus possible de structurer sa journée"

Plus généralement, comment éviter de "péter les plombs" en cette période sombre ? "Il faut positiver, méditer, écouter de la musique douce, et - puisque c'est permis -, sortir une fois par jour pour faire ses courses en respectant la distance sociale de sécurité”, conseille Flavie Derynck. “Il faut essayer le plus possible de structurer sa journée, et surtout continuer à travailler ! Très important aussi, il faut absolument diminuer les liens avec les médias, dont le flot d'informations est beaucoup trop anxiogène. S'en tenir à un seul rendez-vous par jour avec les médias ‘fiables’. Il faut absolument éviter de surfer sur le web toute la journée ou de regarder en boucle les chaînes d'infos".

"La tendresse et l'amour, ça augmente l'immunité"

Alors que la Chine enregistre une explosion des divorces, comment gérer la vie de couple en confinement ? Flavie Derynck rappelle simplement que "la tendresse et l'amour, ça augmente l'immunité" et regrette une gestion trop tardive de la crise. "Il aurait fallu équiper et armer les gens en amont, avec les bons outils psychologiques", estime la spécialiste, avant d'ajouter : "Il aurait fallu expliquer les choses avec bienveillance, gentillesse, humour et éducation. Il faut apaiser les Français en temps de crise, pas les exciter en brandissant des menaces ou des sanctions. Les Français ne méritent pas d'être considérés comme des gens indisciplinés. Ils n'ont juste pas été assez éduqués en amont. On voit désormais un peu partout des graphiques clairs expliquant la méthode de lissage des malades pour éviter une saturation des lits de réanimation avec respirateurs. Il aurait fallu les montrer à tous, et plus tôt".

"Un numéro vert d'aide psychologique doit être mis en place"

Dans ce contexte, un numéro vert d'aide psychologique doit-il être mis en place pour aider les plus fragiles ? "Tout à fait car ça peut aider, estime la psychiatre. D'ailleurs, on vient de mettre en place une hotline pour aider les soignants des hôpitaux de Marseille qui sont au front, c'est à dire aux urgences et en réanimation. Ils sont épuisés et il y a beaucoup de burn out. On va essayer de leur remonter le moral. On va mettre également en place une cellule d'aide pour les familles endeuillées pour qui il peut y avoir de la colère ou des deuils pathologiques".

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