Covid-19 : comment certains pays échappent-ils encore à la pandémie ?
Une dizaine de pays parvient encore à échapper au coronavirus. Un exploit réalisé au prix de mesures très strictes. Mais par endroits, la crise sanitaire pourrait bien être remplacée par une crise économique ou alimentaire.
Quelques rares lieux du globe parviennent encore et toujours à résister à la pandémie du Covid-19. Alors que le coronavirus s’est répandu partout au cours de la dernière année, une petite dizaine de nations insulaires du Pacifique y échappent encore, au prix d’un protocole très strict. Grâce à leur situation géographique, elles sont parvenues sans difficulté à fermer leurs frontières. De quoi éviter l’arrivée du virus... mais les priver, par la même occasion, de l’afflux touristique dont certaines vivent.
Les Tonga - composés de 176 îles - n’ont pas enregistré le moindre cas de coronavirus. Et pour cause : elles se sont complètement fermées aux visiteurs. Seuls les citoyens et les résidents sont autorisés à pénétrer sur le territoire, en respectant certaines mesures de sécurité, comme le précise le site de l’ambassade américaine.
Les bateaux de croisière et les yachts ont interdiction de se rendre dans le pays “jusqu’à nouvel ordre”. Ils ont d’ailleurs été détournés des îles dès le mois de février. Malgré l’absence de cas, les îles Tonga ont imposé un confinement et un couvre-feu à la fin du mois de mars. D’autres mesures de restrictions - notamment au sujet des rassemblements ou de la distanciation sociale - ont ensuite été prises, même si aucun cas de Covid-19 n’avait été enregistré. L’état d’urgence devrait être maintenu jusqu’en mars 2021.
VIDÉO - La Nouvelle-Calédonie, une “bulle” sans Covid
Des graines à planter pour les habitants des Tuvalu
Les Tuvalu échappent également à la pandémie. Les règles y sont légèrement moins strictes qu’au Tonga. Les voyageurs qui souhaitent se rendre sur les îles doivent attendre cinq jours après leur passage dans un des pays considérés comme à risque. Par ailleurs, ils doivent obtenir un certificat de bonne santé. L’entrée aux Tuvalu est interdite pour quiconque est allé en Chine les 30 derniers jours, précise le site de l’ambassade américaine.
Les premières restrictions pour éviter que le coronavirus n’investisse cet archipel ont été décidées dès début mars, et l’état d’urgence a été déclaré le 20 mars, en raison d’un premier cas confirmé dans les Fidji, point de départ des avions et bateaux à destination de Tuvalu. Pour éviter les risques, le gouvernement a, par ailleurs, fermé les écoles et imposé des mesures strictes concernant les rassemblements. Mais il a fallu s’organiser, notamment au sujet de la nourriture. Les habitants se sont vu remettre des semis à planter dans leur jardin, selon le site du think tank du Centre de politique de développement, en lien avec l’université nationale australienne, et les exploitants agricoles sont priés de faire des réserves.
Palau privé de touristes
Palau est l’un des archipels qui souffre fortement de l’absence des touristes. Les frontières ont été fermées au mois de mars et les restrictions sont encore sévères. À l’heure actuelle, tous les voyageurs qui proviennent - ou sont passés par - un pays qui recense des cas de coronavirus depuis le début de l’année doivent s’isoler pendant 14 jours à leur arrivée, selon l’ambassade américaine. De quoi freiner les touristes.
Si le pays a ainsi pu passer à côté du coronavirus, la crise sanitaire a fait des dégâts secondaires, en le privant d’une de ses principales sources de revenu. Comme le précise la BBC, le tourisme représentait 40% du PBI de Palau en 2017. L’an dernier, l’archipel accueillait l’équivalent de cinq fois sa population en visiteurs.
Les Kiribati ont également très tôt fermé leurs frontières, et elles imposent encore l’une des restrictions les plus strictes. Les voyageurs qui souhaitent se rendre dans l’un des atolls ou l’une des îles de cette république doivent d’abord passer 14 jours dans l’un des rares pays où il n’y a pas de cas actifs de coronavirus ! En cas de non respect de cette règle, les arrivants peuvent tout simplement être expulsés. Si un couvre-feu a été instauré en mars, les rassemblements ont tout de même pu être maintenus, détaille France Inter.
The last covid-free places on earth have something in common: Travel shutdowns https://t.co/hi5je0GM40
— The Washington Post (@washingtonpost) November 30, 2020
À Nauru, la difficile dépendance extérieure
Nauru, le plus petit État insulaire du monde, a également fait le choix de se protéger de la crise sanitaire en imposant des restrictions strictes à ses frontières, sans les fermer pour autant. Comme le précise le plan de lutte contre le Covid-19, le pays a tout intérêt à ce que l’épidémie n’entre pas sur son territoire. La population, minée par l’obésité - 95% des habitants sont en surpoids, selon l’OMS - est fortement à risque. S’ajoute à cela le fait qu’un grand nombre de personnes vivent sous le même toit, ce qui rend les risques de propagation bien plus élevés.
Mais pour éviter qu’une crise encore plus grande ne viennent frapper l’île, le gouvernement de Nauru travaille étroitement avec l’Australie. Car le pays dépend des importations et des ravitaillements extérieurs, tant pour la nourriture que pour les biens de première nécessité.
Une crise alimentaire à venir
L’État fédéré de Micronésie échappe également au coronavirus, grâce à une fermeture quasi-totale de ses frontières. L’interdiction de l’arrivée des voyageurs a même été renouvelée au mois d’août, précise le Washington Post. Les écoles ont été fermées au printemps dernier dans plusieurs États, précise l’ONU.
Outre les retombées économiques, l’isolement de ces îles du Pacifique risque d’entraîner “prochainement une crise alimentaire”, a averti le Centre pour la recherche en agriculture étrangère australien, comme le rapporte ABC. “Le système alimentaire était déjà sous pression. Le Covid-19 a révélé et augmenté encore cette pression”, a précisé le professeur Andrew Campbell, membre du Centre. Le gouvernement australien a augmenté les aides financières à destination des îles du pacifiques, pour les aider à surmonter la crise, rappelle ABC. Mais les mesures de restrictions risquent tout de même de laisser des traces pour longtemps.
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