Publicité

Covid-19 : l'appel à la désobéissance civile qui inquiète Emmanuel Macron

Fermés depuis le 29 octobre, des restaurateurs veulent rouvrir le 1er février, malgré l'interdiction.

Plusieurs appels à désobéir aux mesures sanitaires le 1er février circulent sur les réseaux sociaux. Ce qui pourrait expliquer les hésitations du gouvernement à instaurer un troisième confinement.

Emmanuel Macron craint-il la réaction des Français à un troisième confinement ? Alors que la communication du gouvernement ne cesse de changer sur le sujet, des appels à la désobéissance civile fleurissent et pourraient expliquer ces revirements de situation de la part de l’exécutif. “Le risque en refermant le pays, c'est la désobéissance civile de certains”, lance au Parisien Christophe Castaner, président du groupe LREM à l'Assemblée.

Sur les réseaux sociaux, la date du lundi 1er février circule activement comme étant un jour de désobéissance civile. Plusieurs groupes Facebook sont organisés autour de cette date. Le principal, baptisé “Mon restaurant ouvre le 1er février”, regroupe plus de 18 000 membres au 27 janvier, quelques semaines après sa création.

Un appel à ouvrir son restaurant le 1er février

Au sein du groupe, se multiplient les messages de soutien aux restaurateurs, des participants qui recherchent un restaurant ouvert dans leur ville le 1er février, mais aussi des messages de “rassuristes” qui dénoncent la “dictature sanitaire”.

Un autre groupe, “les ultras essentiels”, est à l’origine d’un évènement Facebook “REST' OUVERT FRANCE(restaurateurs)”, qui appelle les restaurateurs à ouvrir le 1er février pour le service du midi, dans le respect du protocole sanitaire. L’événement regroupe 2 300 participants et plus de 5 000 personnes se disent intéressées.

“J’ouvrirai le 1er février”

Parmi les restaurateurs qui annoncent ouvrir leur établissement le 1er février, Julien, restaurateur dans le Vaucluse. Contacté par téléphone, il nous assure : “J’ouvrirai le 1er février. Les réservations sont complètes depuis un mois, je ferai un service de 12h à 15h”, nous explique le restaurateur, qui affirme que ses clients “sont prêts à payer 135 euros d’amende et 15/20 euros pour un plat.”

Pourquoi rouvrir ? Julien explique que les restaurateurs veulent “montrer qu’on peut rouvrir avec un protocole sanitaire strict. Quand on voit que les cantines, les restaurants d’entreprise, les relais routiers sont ouverts, on se dit “pourquoi pas nous ?”, ajoute-t-il, expliquant que “les aides actuelles ne suffisent pas pour de nombreux restaurateurs”.

“Je rouvrirai en avril, coûte que coûte”

“Apres le probable confinement qui arrive, en avril, au début de la saison, je rouvrirai coûte que coûte”, prévient d’emblée le restaurateur, conscient du risque d’être verbalisé.

À LIRE AUSSI >> Covid-19 : la réouverture d'un restaurant à Nice suscite l'indignation

Un mouvement de désobéissance civile qui a déjà débuté à Nice. Un restaurant a ainsi ouvert, le 27 janvier pour le service du midi, comme le montre une journaliste sur place, qui précise que le propriétaire est convoqué au commissariat. En revanche, aucun client n’a reçu de contravention, le service du midi a pu se dérouler normalement.

Malgré l'interdiction, un restaurant de Nice a ouvert, le 27 janvier.
Malgré l'interdiction, un restaurant de Nice a ouvert, le 27 janvier.

Un appel à la désobéissance partagé par Yannick Alleno

Sur Instagram, le célèbre chef cuisinier en chef Yannick Alleno a partagé la photo d’un tag “1er février tous aux restos”. Une publication qui, en 3 jours, a suscité plus de 6 000 j’aime et des centaines de commentaires.

Le célèbre chef Yannick Alléno partage un visuel appelant à ouvrir les restaurants le 1er février.
Le célèbre chef Yannick Alléno partage un visuel appelant à ouvrir les restaurants le 1er février.

Le mouvement des restaurateurs a été lancé le 4 janvier, par le chef cuisinier Stéphane Turillon dans un message Facebook depuis partagé plus de 14 000 fois. “Nous sommes en guerre. Cette fois-ci je pars à la guerre je vais ouvrir mon restaurant au 1er février de l'année 2021 à midi si l'état ne m'autorise pas ouvrir j'ouvrirai de force....à partager en masse svp pour notre liberté”, expliquait le chef, qui a depuis multiplié les apparitions médiatiques.

Un appel à la “journée de désobéissance citoyenne”

Un mouvement de désobéissance civile qui pourrait s’étendre à d’autres secteurs. Dans certains groupes Facebook appelant à ouvrir le 1er février, des visuels appellent à une “journée de la désobéissance citoyenne”, et invitent notamment à la “fin du port du masque obligatoire” ou encore à la “réouverture des bars, restaurants cinémas et salles de spectacle”.

Des visuels appellent à la désobéissance civile le 1er février.
Des visuels appellent à la désobéissance civile le 1er février.
Des visuels appellent à la désobéissance civile le 1er février.
Des visuels appellent à la désobéissance civile le 1er février.

“Si des coiffeurs décident de rester ouverts on fait quoi?”

Dans Le Parisien, une ministre s’inquiète : “Si on dit à des gens de ne pas sortir mais qu'ils sortent quand même, on sera désarmés”. “Si des coiffeurs décident de rester ouverts par exemple, on fait quoi?”, renchérit dans le quotidien un “conseiller de poids”. L’ouverture du restaurant à Nice montre que dans ce cas, la décision de ne pas intervenir a été prise.

Une crainte renforcée par la défiance de l’opinion publique. Selon un sondage réalisé par l'institut Elabe pour BFMTV, 52% des Français sont défavorables à un nouveau confinement national strict sur le modèle de celui de mars dernier. En mars, 93% des Français étaient favorables au premier confinement, et 67% à l'application du deuxième. Une défiance croissante qui fait craindre une adhésion à la désobéissance civile, plus de 10 mois après le début des restrictions.

La crainte d’un scénario comme aux Pays-Bas

Une crainte renforcée par la situation chez certains de nos voisins européens. La mise en place d’un couvre-feu aux Pays-Bas, une première dans le pays depuis 1945, a entraîné deux nuits de violences dans plusieurs villes du pays.

Des manifestations ont également eu lieu au Danemark et en Espagne. "Liberté pour le Danemark, nous en avons eu assez !", ont scandé des manifestants à Copenhague, tandis qu’à Madrid des milliers de manifestants, pour la plupart non masqués, ont dénoncé la “tromperie" d'un virus qui, selon certains manifestants, "n'existe pas". En Belgique, des appels à manifester circulent sur les réseaux sociaux pour le week-end prochain.