Coronavirus: Agnès Buzyn défend son action devant la commission d'enquête du Sénat

L'ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn au Sénat le 23 septembre 2020.  - Stéphane de Sakutin
L'ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn au Sénat le 23 septembre 2020. - Stéphane de Sakutin

L'ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn s'est défendue mercredi de toute "incompétence" devant la commission d'enquête du Sénat sur le Covid-19, assurant que "peu de ministres ont été autant en action et en alerte" en Europe face à la menace du nouveau coronavirus.

"Aujourd'hui tout le monde sait ou croit savoir ce qu'il fallait faire", a-t-elle fait valoir, mettant en garde contre une "contraction du temps" qui "rend des déclarations ou des décisions prises incompréhensibles pour le grand public à l'aune de ce que nous savons neuf mois plus tard".

"Une forme de procès en incompétence"

Elle a aussi tenu à compléter sa déclaration du 24 janvier, très relayée sur les réseaux sociaux, selon laquelle le risque d'importation de cas depuis Wuhan était "pratiquement nul", alors que les premiers cas étaient détectés en France le soir même.

La phrase se poursuivait ainsi: "Cela peut évidemment évoluer dans les prochains jours, s'il apparaissait que plus de villes sont concernées en Chine ou plus de pays", a-t-elle rappelé, disant vouloir "ainsi clore cette forme de procès en incompétence (qu'elle) ressent".

L'ancienne ministre s'est ensuite lancée dans un long rappel chronologique de son action depuis début janvier et jusqu'à son départ le 15 février pour s'engager dans la campagne des municipales à Paris: niveaux d'alerte successivement déclenchés, alors même que l'OMS et l'agence européenne ECDC étaient rassurantes, demandes d'information auprès de ses services, messages d'alerte aux établissements de santé et aux soignants libéraux...

Elle a aussi rappelé avoir activé juste avant son départ, le 13 février, le plan Orsan, qui organise la mobilisation du système de santé.

"Ça veut dire que pour moi tout le monde est en ordre de bataille pour faire face à une épidémie qui arriverait", explique-t-elle, renvoyant le sentiment exprimé par un sénateur que "l'intendance n'a pas suivi" à un déni général dans l'opinion, soignants et experts compris, la plupart minimisant les risques d'une épidémie majeure jusqu'à début mars.

De nouvelles commandes de masques dès janvier

Interrogée sur le déploiement des tests de dépistage au-delà des établissements hospitaliers de référence, Agnès Buzyn a souligné que l'éventualité de tester "à grande échelle", au-delà des malades et des cas contacts, n'avait émergé qu'après son départ, quand les données sur la proportion de personnes asymptomatiques infectées par le coronavirus avaient émergé.

Sur la question polémique des masques, elle assure avoir demandé l'état des stocks dès que l'OMS a confirmé l'existence d'une transmission interhumaine du virus, le 22 janvier, et lancé de nouvelles commandes dès le 24 janvier, mais "trop tard" pour échapper à la pénurie mondiale, la quarantaine décrétée à Wuhan le 23 janvier ayant paralysé les nombreuses usines de la région.

Santé Publique France mis en cause par Agnès Buzyn

Comme devant la commission d'enquête qui se tient en parallèle à l'Assemblée nationale, le 30 juin, Agnès Buzyn a aussi mis en cause Santé publique France, chargée notamment des stocks stratégiques d'Etat.

Elle a ainsi souligné que l'agence avait mis "18 mois à auditer le stock" de masques après la saisine de la direction générale de la Santé (DGS) d'avril 2017, puis qu'il s'était passé "9 mois" entre la lettre de la DGS ordonnant la commande de 100 millions de masques en octobre 2018 et la commande effective, en juillet 2019.

L'ancienne ministre a aussi estimé que la fusion de l'Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus) dans Santé publique France avait "dégradé l'intérêt pour les missions d'intérêt vital" dont était chargé cet établissement.

Article original publié sur BFMTV.com