En Corée du Sud, le président Yoon Suk Yeol arrêté par les enquêteurs un mois et demi après son coup de force

Le chef de l’État a été suspendu pour avoir tenté d’imposer la loi martiale. Son arrestation est une première dans l’histoire du pays.

Le président de la Corée du Sud, lors de son discours imposant la loi martiale dans le pays pour répondre, selon lui, aux actions de l’opposition majoritaire au parlement.

Nouvelle tentative, cette fois fructueuse. Ce mercredi 15 janvier, les enquêteurs sud-coréens se sont rendus au domicile de Yoon Suk Yeol, le président suspendu pour sa tentative ratée d’imposer la loi martiale, afin de l’interpeller. Après avoir utilisé « des échelles » pour parvenir à leurs fins, le chef de l’État a finalement été arrêté.

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L’équipe menant les investigations « a exécuté un mandat d’arrêt contre le président Yoon Suk Yeol aujourd’hui (mercredi) à 10 h 33 (01 h 33 GMT) », ont annoncé les autorités à l’issue de l’assaut. Le président a, de son côté, dit obéir aux enquêteurs pour éviter une « effusion de sang » bien qu’il ne reconnaisse pas la légalité de l’enquête. Il est désormais dans le bureau des enquêteurs.

Les effectifs du CIO, l’entité qui centralise les investigations sur Yoon Suk Yeol, accompagné de la police, ont lancé bien avant l’aube leur deuxième tentative d’arrestation. Celle-ci s’est déroulée de manière chaotique, les enquêteurs ayant été bloqués à l’entrée par des personnes non-identifiées.

L’agence de presse Yonhap a fait état d’une « impasse » avec le Service de sécurité présidentiel (PSS), chargé de protéger les chefs de l’État. Finalement, les enquêteurs ont utilisé « des échelles » pour pénétrer chez le président. Ils ont ensuite passé une « deuxième barricade », a indiqué Yonhap, les chaînes de télévision montrant les autorités pénétrant dans l’enceinte du site, puis enfin franchi le mur de son domicile officiel, selon des images télévisées.

Suspendu pour « rébellion »

Le PSS a déjà fait échouer une première descente le 3 janvier. Le président, suspendu de ses fonctions, risque son poste et est poursuivi pour « rébellion » pour avoir instauré brièvement la loi martiale le 3 décembre, une mesure choc qu’il avait justifiée par sa volonté de protéger le pays des « forces communistes nord-coréennes » et d’« éliminer les éléments hostiles à l’État ».

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Pour cette deuxième descente qui s’annonçait extrêmement tendue, la police a décidé de ne pas porter d’armes à feu, se limitant à des gilets pare-balles, ont expliqué les médias locaux.

Les enquêteurs, qui ont prévenu qu’ils appréhenderaient quiconque ferait obstruction, ont été pris dans un « affrontement physique alors qu’ils essa(yaient) d’entrer par la force dans la résidence présidentielle », a affirmé Yonhap, sans dire qui était impliqué dans le camp adverse.

Des coups de poing ont volé des deux côtés, selon une journaliste de l’AFP. Au moins une personne a été blessée après être tombée durant cette altercation et a été exfiltrée par les pompiers, selon des images télévisées.

Des photos de l’AFP montrent des dizaines d’officiers portant des inscriptions « police » et « CIO » dans le dos à l’intérieur du complexe résidentiel du président Yoon. On les voit remonter les routes qui mènent à sa résidence, à flanc de colline, en tenant des échelles, après avoir pénétré dans le complexe par au moins deux entrées différentes, a constaté un journaliste de l’AFP.

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Des milliers de partisans de Yoon Suk Yeol sont aussi massés devant chez lui, certains chantant « Mandat illégal ! », en référence au mandat d’arrêt visant le dirigeant.

Quelque 30 députés du Parti du pouvoir au peuple (PPP) du chef de l’État sont également sur place pour protéger leur leader, a indiqué Yonhap. Le CIO et la police ont commencé à disperser la foule pro-Yoon barrant le passage, selon des images de l’agence, qui a ajouté que la police allait arrêter le chef - par intérim - du PSS en raison de l’obstruction à laquelle se livre cette unité.

Cette arrestation est une première pour un chef de l’État sud-coréen en exercice. Yoon Suk Yeol peut être maintenu en garde à vue pendant 48 heures en vertu du mandat en cours. Les enquêteurs devront en demander un nouveau pour éventuellement prolonger la détention du dirigeant, qui n’a répondu à aucune des convocations de la justice.

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